De Theda Bara à Musidora : dans la boîte à bijoux d’une actrice du cinéma muet

Si certains parmi vous ont visionné dernièrement le film de Damien Chazelle Babylon, ils se sont sans doute pris d’une passion fugace pour le temps du cinéma muet et ses figures incontournables. Si d’autres ont parcouru l’exposition du Petit Palais sur Sarah Bernhardt, ils se sont probablement questionnés sur l’importance des bijoux dans la vie d’une actrice. Faisons donc un petit pas de côté pour nous intéresser à un aspect anecdotique mais passionnant de la vie des actrices des Années folles : leur rapport aux bijoux, de Theda Bara à Musidora.

“I’d like to wear snake bracelets, brush my hair right back and wear long earrings.” 1

 

Le bijou, c’est d’abord la pièce de tournage, celle qui permet de briller dans le rôle-titre, et de transformer une fille de tailleurs de Cincinnati en princesse orientale née d’un cheikh au beau milieu du Sahara. C’est l’itinéraire qu’emprunte dès 1915 Theda Bara, nouvellement promue par les Fox Studios comme une de leurs actrices phares. En douze ans de carrière, un jeu expressionniste, un épais trait de khôl, et des parures savamment choisies font d’elle la première vamp du cinéma américain. La presse la présente au public comme l’incarnation du mal et de la tentation mêlés, son pseudonyme même étant l’anagramme d’”Arab Death”. Tous ses rôles sont à l’image de ce profil sulfureux : elle endosse tour à tour les costumes de Mme du Barry (bien avant Maïwenn !), Dalila, Esmeralda, Carmen ou encore Cléopâtre.

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Présentation d’un artiste contemporain : Robinson Haas

Le club Marché de l’Art vous propose un compte-rendu de sa récente entrevue avec l’artiste contemporain Robinson Haas. Voici une retranscription des propos de l’artiste.

Parcours :

Robinson Haas est né en 1995 à Lille. Très tôt, il souhaite s’orienter vers une carrière artistique et a une volonté de « créer des choses ». Il suit bac en Arts Appliqués puis un BTS en design graphique. Il est ensuite diplômé des Arts Décoratifs de Paris en Design d’objet. Il travaille un temps comme designer freelance, ce qui lui permet surtout de se consacrer en parallèle à sa pratique du dessin et lui laisse du temps pour développer ses recherches plastiques.

Robinson Haas travaille sur la question de répétition. Il commence ce projet pendant ses études en design graphique, avant même de rentrer aux Arts Décoratifs. Ce qui l’intéresse le plus à cette époque dans le graphisme, c’est le rapport au langage. Ses professeurs l’incitent à avoir une démarche expérimentale, il en retient un notamment, qui aimait déconstruire les typographies dans une logique de simplification à l’extrême pour atteindre des formes d’abstraction. Lui commence à dessiner à partir de la ligne, dans ce lien au langage, à la typographie et aux signes, ligne comme un signe primaire du langage. Cette ligne est mise en action par des protocoles. La notion de protocole l’intéresse particulièrement dans le processus de création, ce qu’il met en lien avec la musique pour laquelle la partition définit le jeu et cause une forme d’intellectualisation du processus. Continuer la lecture

Réflexion sur l’affaire Miriam Cahn : a-t-on encore besoin d’un art qui choque ?

Cela fait maintenant deux semaines que la polémique autour de Fuck Abstraction ! s’est tue.  Le tribunal administratif de Paris a conclu le débat judiciaire en déboutant les associations de protection de l’enfance, et en reconnaissant à Miriam Cahn un contexte de production et d’exposition qui garantit une juste compréhension de son œuvre, éloignée de toute lecture pédopornographique. Sans prendre ici position sur un débat déjà passé, tranché et enterré, il peut être intéressant de déplacer toute cette affaire sur un autre plan.

 

Si le sens de l’œuvre – et ce faisant, sa légalité – ont fait débat, tous les camps se sont accordés sur son caractère choquant. Tant les adversaires du tableau, qui y voyaient un contenu attentant aux droits de l’enfant, que Miriam Cahn elle-même, qui désirait dénoncer l’utilisation de la sexualité comme arme de domination en temps de guerre. Mais une œuvre d’art a-t-elle encore besoin aujourd’hui de choquer le spectateur ? Continuer la lecture

MODE : Chronique d’une sortie en forêt en 2008 – retour sur nos plus beaux looks de promeneurs

Début mars 2008. Les jours rallongent, les nuages parsèment le ciel bleu et enfin vos parents vous autorisent de nouveau à faire une balade en forêt. De septembre à février, vous avez été un petit lion en cage dans votre jardin par peur qu’on vous prenne pour une biche. Les chasseurs n’ont apparemment pas les yeux en face des trous, c’est ce qu’on vous a dit. Qu’importe, ENFIN, vous voilà de retour dans votre salle de jeu préférée ! Mais pour cette escapade encadrée, on vous a fait revêtir le top du top du vêtement de sport, de la tenue de baroudeur, laissez-moi vous remémorer cela…

Tout d’abord, papa et maman tiennent à ce que vous n’ayez jamais froid. Le maillot de corps associé à deux t-shirts, un gilet, une polaire et un k-way me semblait amplement suffisant mais il fallait toutefois y ajouter une écharpe, un gros bonnet et des gants. J’aurais dû laisser ces accessoires superflus dans les arbres pour faire un cadeau aux écureuils mais mes parents n’auraient pas été de cet avis. Enquiquinantes toutes ces couches lorsqu’on a six ans. 

Mode forêt

Marlon Brando dans Un Tramway nommé Désir. Crédit : Croshay Design via Flickr, licence CC BY 2.0

 

Mais le saviez-vous ? Le t-shirt a longtemps été un sous-vêtement, au même titre que le marcel qui tient son nom de Marcel Eisenberg, propriétaire d’une bonneterie et qui commercialisa et industrialisa la production de cette forme de sous-vêtement près du corps sans manche. Ce n’est qu’à partir des années 50 que le t-shirt et le débardeur deviennent visibles. De nombreux films les démocratisent comme Un tramway nommé Désir (1951) dans lequel Marlon Brando porte uniquement un t-shirt très moulant mettant en valeur ses muscles d’ouvrier. Mais passons, nous n’étions pas encore intéressés par tout cela à l’époque de notre balade forestière.

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Eva Jospin, sculptrice de paysages sylvestres

Eva Jospin Panorama

Eva Jospin, Panorama, Cour Carrée du Louvre, 2016. Crédit : Fred Romero via Flickr, licence CC BY 2.0

Ce mois-ci, la forêt cartonne ! C’est le cas de le dire car l’artiste dont nous parlons aujourd’hui, en ce mois de mars, travaille cette matière cannelée faite à base de papier. Le CARTON.

Ayant une vingtaine d’années de création derrière elle, Eva Jospin est une femme artiste sortie diplômée des Beaux-Arts de Paris. Elle crée très tôt ces paysages sylvestres, creusés et orfévrés. Ces forêts faites de carton, matière brute transformée par un travail délicat et patient, envahissent les cartes blanches et invitations, de la Cour Carrée du Louvre à Giverny. Ces mondes universels offerts au regard sont le résultat d’un long jeu de découpage et d’assemblage en amont. Continuer la lecture

Arbres-chapelles et saints dendrites : quand patrimoine et écologie se rencontrent

Allouville-Bellefosse

Mémoires de la Société linnéenne de Paris.
https://biodiversitylibrary.org/page/4119449

Ecologie et patrimoine sont-ils conciliables ? C’était un des enjeux soulevés par les aspersions de purée et de soupe, qui sont venues troubler fin 2022 le petit monde policé des musées. Mais si je vous dis que certains joyaux écologiques sont également d’intéressants témoignages patrimoniaux, subitement, le questionnement se retourne ! Faisons une petite étude de cas, à la découverte des… arbres-chapelles.

Une première étude de cas à Allouville-Bellefosse

Allouville-Bellefosse

Crédit : Patrick via Flickr, licence CC BY-SA 2.0

Un arbre ne peut pas abriter, a priori, une architecture. C’est sans compter sur leur vieillissement, et sur l’inventivité de ceux qui les côtoient. Pour vivre, un arbre a besoin que la sève circule sous son écorce, mais pas nécessairement en son cœur. Il arrive donc que certains spécimens, cumulant plusieurs centaines d’années au compteur, s’évident spontanément en leur centre. C’est le cas, par exemple, du chêne planté sur la place de l’église d’un petit village normand : Allouville-Bellefosse ! Daté de l’époque de Charlemagne, ou de la signature du traité de Saint-Clair-sur-Epte (911), l’arbre se creuse tant et si bien qu’en 1696, l’abbé Détroit y fait aménager une chapelle dédiée à Notre-Dame de la Paix. Passé l’étroite fente, le visiteur se trouve dans une véritable pièce, aujourd’hui appareillée d’un petit autel et d’une statue de la Vierge, dont l’originale avait été offerte par l’impératrice Eugénie. La chapelle d’Allouville-Bellefosse serait-elle assez grande pour accueillir des crinolines ?

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Le bois chez Kazuo Kadonaga : entre (s)cul(p)ture et tradition

 

La forêt, “étendue de terrains couverte d’arbres” (CNRTL), est un lieu nourri de légendes auquel les artistes n’ont cessé de s’enraciner. Source d’éveil spirituel chez les romantiques ; fameux sujet pour les peintres — citons notamment l’école de Barbizon, à la lisière de Fontainebleau — lieu de préservation d’un patrimoine naturel (cf. Herman de Vries, Le sanctuaire de la nature Roche-Rousse), la forêt s’avère résolument propice à l’expérience sensible. Ces dernières années, on  a notamment vu naître le champ de “l’esthétique environnementale”, marqué par la volonté d’étendre l’esthétique hors du domaine de l’art pour l’ouvrir à l’ensemble de la nature. Car la nature comme les arts ont en commun l’appel au “libre jeu de l’imagination” (Kant).

 

“Forêt silencieuse, aimable solitude, 

Que j’aime à parcourir votre ombrage ignoré ! 

Dans vos sombres détours, en rêvant égaré…” (Chateaubriand)

 

Kazuo Kadonaga, Wood No. 5-CI… une œuvre qui envoie du bois !  Continuer la lecture

Micro art : des œuvres minuscules hors-normes

Une micro-sculpture de Willard Wigan. Crédits : toybot studios via Flickr, Licence CC 2.0

Minuscule”, emprunté au latin minusculus, signifie “un peu plus petit”  (par opposition à “majuscule”). Ce terme qualifie alors quelque chose de petite taille, aux dimensions restreintes. Dans l’art, il est aisé de rapprocher ce terme de la tradition médiévale de la miniature, une image peinte avec minutie participant à l’enluminure d’un manuscrit. Au XVIIème siècle, le terme “miniature” renvoie également à l’art de reproduire, sur une petite surface, le portrait d’une personne et pouvait orner des objets personnels. Dans la perspective des arts du “minuscule”, on voit se développer, à la fin du XXème siècle, un art microscopique dit “micro art” : une forme d’art où les peintures et les sculptures sont créées à une échelle beaucoup plus petite que la norme habituelle. Les œuvres du micro art sont réalisées à l’aide de microscopes ou d’outils de chirurgie oculaire. Cette pratique minutieuse exige de déployer un effort démesuré pour parvenir à créer des œuvres tenant dans le chas d’une aiguille. Cette production repose sur une grande discipline du corps, de l’esprit – les artistes aspirant à des défis monumentaux de performance.

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A la découverte d’Arrietty : Le Petit Monde des Chapardeurs

En ce mois de décembre où les journées sont courtes et de plus en plus froides, rien de mieux que de rester sous la couette devant… un film ? Pour ce thème « Minuscule », l’occasion est parfaite pour mettre en avant nos personnages miniatures préférés, car être petit n’empêche pas d’accomplir de grandes choses ou bien de figurer parmi nos héros favoris. Si on se tourne vers l’Antiquité, la victoire de David sur Goliath l’illustre parfaitement ou même encore bon nombre de fables de La Fontaine telle que le Lion et le Rat. C’est notamment la fantasy qui a permis aux êtres de petite taille, qu’on intègre bien souvent sous la mention de « petit peuple », d’imprégner nos références littéraires et cinématographiques. Parmi les très nombreux films avec des héros minuscules, j’ai choisi aujourd’hui de vous parler d’un long métrage d’animation qui m’a particulièrement plu étant enfant et que je souhaite vous faire découvrir dans ce numéro : Arrietty : Le Petit Monde des Chapardeurs. Ce film n’est autre qu’une des nombreuses adaptations de la série de romans de l’autrice britannique Mary Norton, The Borrowers

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