Les claquettes-chaussettes en marche !

claquettes-chaussettes

Depuis le début du mois de juin une nouvelle tendance a fait son apparition : les claquettes-chaussettes. Après une rapide étude effectuée à la BPI le week-end du 17-18 juin, le taux d’adolescent en portant était environ de 99%. Alors que tout le monde pensait que cette mode était l’apanage des allemands en vacances, les lycéens, probablement dans un moment de faiblesse à cause des révisions du bac, se sont emparés de cette tendance…

Why not …? 😏 #claquetteschaussettes

Une publication partagée par Arthur Bransol (@arthurbsl) le

 

« Même en claquettes on est bien sappé »

En France, c’est le rappeur Alrima qui l’a popularisé en sortant une chanson très sobrement intitulé « claquettes-chaussettes ». Le refrain où il chante « j’suis en claquettes-chaussettes / c claquettes-chaussettes / claquettes-chaussettes / tu connais c’est la tess » a apparement parlé à plus d’un lycéen car le phénomène est vite devenu viral… A tel point qu’il a même lancé un défi aux lycéens de venir habiller en claquettes-chaussettes le 14 juin, ainsi le hashtag #ClaquettesChaussettesChallenge a fait son apparition (taper cela sur google est à vos risques et périls).

 

« Touche à mon pain, gros tu verras » 

Mais ce look ne vient pas de nulle part, comme tout phénomène un peu moche, il est apparu  aux États-Unis. Là-bas, les claquettes-chaussettes sont surtout portées par les Afro-Américains, ce look est souvent assimilé aux « ghettos ». Konbini a enquêté sur cette origine afro-américaine, et c’est sur un forum qu’ils aurait trouvé la réponse. Dans un topic très simplement intitulé « Why Are Black Males Afraid to Wear Sandals » un jeune explique : « Je suis un Afro-Américain et j’adore porter des sandales. Pas les claquettes avec des chaussettes, mais des tongs sans chaussettes avec mes pieds visibles et bien pédicurés. De l’âge de 14 à l’âge de 15 ans, je n’en ai pas porté car on m’a dit que ‘nous’ ne devions pas exposer nos orteils, bien que d’autres filles et garçons d’autres groupes ethniques puissent le faire. Je crois que l’aversion des hommes noirs à porter des sandales vient du temps de l’esclavage, c’était un symbole de statut. Les hommes qui travaillaient dans aux champs et qui avaient le statut social le plus bas étaient pieds nus. » Si la French Manucure a l’air d’être une composante essentielle de ce look, il est intéressant de voir que les claquettes-chaussettes seraient en fait soumises aux traditions sociales d’une époque révolue : l’esclavagisme. Porter des claquettes, ou tongs dans ce cas-là, sans chaussettes devient alors une revendication sociale, une manière de porter ses origines.

 

« Claquettes chaussettes T-Max » 

Comme tout phénomène de mode les claquettes-chaussettes furent reprises par les marques : en 2014 Adidas a lancé une campagne nommé #socksnslides en collaboration avec le photographe Michael Mayren. Il a shooté des gens posant en claquettes-chaussettes Adidas. Difficile de trouver l’origine « ghettos » du phénomène : jeunes hipsters caucasiens posent dans des intérieurs dont la déco semble tout droit sortie de Urban Outffters. Adidas s’est emparé de cette mode pour une raison particulière : l’une des règles d’or du port des claquettes-chaussettes est que les claquettes doivent être griffées. Comme le relève Konbini, une définition d’Urban Dictionary explique que « la seule fois où tu verras un gangster porter des sandales pendant l’été, il en portera avec des chaussettes blanches et des claquettes Adidas, Jordan ou Nike »

 

Cette mode présente un point intéressant : elle est majoritairement masculine. Les phénomènes de mode masculins, aussi viraux, sont assez rares pour être soulignés. L’équivalent féminin du claquettes-chaussettes est probablement le combo escarpins-chaussettes. Cette tendance n’a jamais vraiment émergé, elle est restée au stade des photos de mode, et malgré le fait que Kylie Jenner en ait porté sur le tapis rouge, personne n’a vraiment suivi le mouvement…

 

« Quand j’y mettais ma sueur » 

Mais alors que penser de cette tendance ? Si certains seraient tentés de la définir comme « la quintessence de l’abandon de la démarcation vêtement / sous-vêtement » et d’ajouter que « l’on a pas fait mieux depuis la robe de Madonna par Jean-Paul Gaultier * », force est de constater qu’ils ont tort. Les claquettes-chaussettes restent un FFP. Malgré l’explosion du sportwear, les claquettes restent principalement des chaussures de piscine, un peu crade, qu’on porte pour éviter d’avoir des verrues… Pas très sexy en somme. En plus d’être une attaque visuelle les claquettes-chaussettes sont aussi une attaque olfactive : imaginez un peu l’état dans lequel se trouvent vos pieds après une journée de claquettes-chaussettes en pleine canicule ? Faut-il privilégier le pratique à l’esthétique et l’hygiénique ? La réponse est non, sinon on aurait validé le port du legging il y a longtemps.

 

* Bastien Hermouette, expert ès FFP

Clip Mania #2 : Just an Illusion

just an illusion

1982, le post-disco bat son plein. Un des tubes interplanétaires de cette année-là est bien Just an Illusion, du groupe Imagination, mené par Leee John (oui avec trois « e »…), Ashley Ingram et Errol Kennedy. Tel Desireless, dont nous avions parlé dans notre dernier Clip mania, ce groupe a eu une carrière un peu éclair. Malgré plusieurs années d’activité (1981-1992) et quelques hit-singles, Imagination est surtout connu grâce à ce titre, qui est le seul – me semble-t-il – a être passé à la postérité.

La signature sonore du groupe, un rythme au synthé simple et efficace (comprendre « entêtant »), se fait entendre dès les premières secondes du morceau. Côté vidéo, l’ambiance est posée : Leee John regardant autour de lui, les yeux inquiets, ainsi que la brume épaisse nous indiquent une atmosphère un peu glauque, entre réalité et illusion. Heureusement, les trois beaux mâles qui ne savent pas faire semblant de courir, les effets spéciaux cheap et les costumes shiny-glossy-toomuch nous ancrent bien dans la réalité des années 80. Après une séquence d’introduction avec quatre fois le mot « illusion » et un plan un peu long sur le château (hanté, vous vous en doutez, et dont l’intérieur va servir de décor à la suite du clip), entrent enfin les basses et les nappes typiques de l’époque : on croirait presque à du Kool and the Gang des meilleures années.

La confusion s’arrête quand le chanteur entame le premier couplet, et la chorégraphie qui va avec, bien sûr. Vous apprécierez au passage le fard à paupières et le gloss subtils. À travers les images et les paroles, le cadre est d’autant plus planté : la maison hantée, les squelettes qui dansent, les toiles d’araignées, « another place, another time », pour résumer. On peut alors enfin faire du playback car le refrain arrive, annoncé par ces célèbres « ooh ooh ooh ooh ah ah » ! Et avec lui, des apparitions en fondu d’une famille semblant sortir d’un autre temps (ah, vous voyez que les paroles et le clip sont raccords !). Leee se balade donc gaiement dans cette maison, l’inquiétude ayant complètement disparu de son visage… Normal, il sait que c’est juste une illusion (et en profite pour nous le réasséner une bonne demi-douzaine de fois d’ailleurs). Profitons du refrain pour nous plonger dans les paroles et dissiper le doute une bonne fois pour toutes : les « coudoubedouda » sont, en réalité « Could it be that » et « Putting me back ». Ne vous en voulez pas, toute personne sensée est déstabilisée par ce passage absolument incompréhensible pour les oreilles mais aussi pour les yeux : le combo chorégraphie / nœud lavallière en satin, le tout rehaussé par un petit filtre flou gaussien, me laisse sans voix.

Et là, c’est le coup de grâce : on ne comprend plus rien, entre les enfants qui sont, au choix, traumatisés ou traumatisants, les jouets qui dansent… Le reste du clip n’est plus qu’un vaste pot-pourri de tous les filtres de Photoshop 1980 et se conclut sur une scène un peu déstabilisante dans la salle à manger. On croirait à une séquence « making-of » qu’ils ont oublié de couper au montage où l’on voit les figurants s’éponger le front, la maquilleuse s’occuper du chanteur et le chef plateau décider du prochain cadrage. Est-ce pour nous rassurer sur le fait que le château n’était pas vraiment hanté, pour nous montrer que tout cela n’était qu’une vaste illusion ?  Peut-être est-ce cela, ce petit côté what the fuck, qui rend les années 80 si savoureuses pour nous, plus de trente ans plus tard. On en viendrait même à espérer de ne jamais se lasser de ces mélodies et costumes si vintage.

 

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Horoscope des spécialités 2017

E.L. Trouvelot, The planet Mars. Observed September 3, 1877, at 11h. 55m. P.M.

Mettez fin à toutes vos illusions en découvrant votre horoscope de spécialité de cette année.


Archéologie de l’Europe Préhistorique

Vous arrivez à la troisième année de votre CO, enfin vous voyez le bout du tunnel. À voir si le prochain sera aussi sombre que le précédent, il risque de faire tout noir (ta gueule).


Archéologie de la Gaule

Avec un programme pas très excitant au premier abord, ne souriez pas trop en espérant votre prochain sujet, il ne vous fera pas non plus bander.


Archéologie égyptienne

Grâce à l’alignement de Saturne et Pluton, nous sommes en mesure de prévoir un sujet de dissertation portant sur l’importance du petit géranium dans l’architecture palatiale de la Troisième Période Intermédiaire à l’Epoque Ptolémaïque. Les étoiles ne disent pas néanmoins combien de personnes auront 14. Entre 0,5 et 1 à mon avis.


Archéologie orientale

La fin de l’année fut difficile, mais ne vous en faites pas, le soleil va ressurgir en février avec le retour d’Ebih-Il à la maison.


Histoire de l’art et archéologie du monde grec

Vous auriez pu être au fond du trou avec votre sujet de CO, mais heureusement, la vue de votre prof de CS vous permet de tenir bon cette année. Courage.


Histoire de l’art et archéologie du monde étrusque et italique

Après un CO passionnant sur les peintures de Tarquinia, vous voilà repartis dans un cycle sur les décors funéraires. Nous sommes donc en mesure de nous demander si les Étrusques ont fait un jour autre chose que des tombes, et si ce tombeau sera votre tombeau. Uranus prévoit ça d’ici mai.


Histoire de l’art et archéologie du monde romain

Il semble que votre programme de cette année soit très concentré sur Rome et le Latium. Ce repli identitaire risque d’être compliqué en période d’élection présidentielle, la Lune en Balance vous conseille de changer de stratégie politique.


Histoire de l’art et archéologie des mondes paléochrétien, copte et byzantin

Ce soudain changement de nom fait naître beaucoup d’espoir en vous : serez-vous enfin reconnu à votre juste valeur ? Malheureusement l’absence de Vénus dans votre ciel astral nous fait dire que non, encore une fois, vous serez la spécialité oubliée.


Patrimoine et archéologie militaires

La Lune en Balance active le secteur de la notoriété et le succès de votre spé. Savez-vous qui vous voulez être quand vous serez grand ? Je rigole, vous avez toujours été un soldat et êtes sorti de l’utérus fortifié de votre mère avec vos armes de chasse.


Histoire des arts de l’Extrême-Orient

Vous prenez votre vie en main et décidez d’acheter le manuel, cette année il va falloir se battre comme un homme. Et être plus puissant que le cours du torrent. Plus violent que les ouragans. Plus ardent que le feu des volcans. Secret comme les nuits de lune, plutôt en Balance, d’Extrême-Orient.


Art et archéologie de l’Inde et des pays indianisés de l’Asie

Malgré des prières et offrandes assidues à Ganesha, il semble qu’une fois encore, vous deviez aller aux rattrapages. Avec un peu de chance, les rats de l’école, montures de Ganesha, vous aideront dans vos révisions estivales.


Histoire des arts de l’Islam

Islamologues, soyez gentil avec vous-même cette année : faites-vous une tasse de thé et mettez votre portable en silencieux. Détendez-vous et reposez-vous. Des messages mameloukéens vous parviendront si vous faites le vide dans votre esprit.


Histoire des arts d’Afrique

Cette année, il semble que les planètes se soient penchées sur votre cas ; comme vous aimez l’histoire des collections et la muséologie, pourquoi ne pas en faire le thème de votre CO ?


Histoire des arts d’Océanie

L’alignement de Vénus et Pluton vous rend sociable aujourd’hui ! Mais des inquiétudes concernant les symboles et autres images papoues pourraient vous épuiser cette année. Peut être que vous devriez aller voir Vaiana, au lieu d’aller à vos soirées de spé.


Arts des Amériques

Malheureusement pour vous, il semble que votre professeur se soit quelque peu calmé, et que vous n’étudierez plus le foot-jeu de balle maya et la perforation du pénis.


Histoire de l’architecture occidentale

Après une fin d’année quelque peu primaire et classique, il semble que vos prochains mois soient quelque peu plus rayonnants et flamboyants sous les augures de Mercure.


Histoire de la sculpture du Moyen-Âge, de la Renaissance et des Temps modernes

Si vous vous sentez quelque peu désarçonné par votre sujet, lisez l’intitulé du CO des XXe  et vous sourirez de nouveau à la vie.


Architecture, décor et ameublement des grandes demeures

Il s’avère qu’au premier appel de votre cours de TP vos jeunes camarades ont noté l’absence d’une particule à votre nom de famille. Vous passerez le reste de l’année exclu et personne ne voudra se mettre avec vous en exposé. Dépité, vous choisissez une nouvelle spécialité en septembre.


Histoire des arts décoratifs

Jupiter rentre dans votre ciel astral cette année ! Vous êtes une personne peu modeste, Art Déco, mais aujourd’hui vous rêvez votre vie en joaillerie ! Entourez-vous de symboles de richesse (services de table, de toilette, éclairage, accessoires mobiliers et « nécessaires »), la cupidité c’est mal, mais la sécurité c’est bien.


Histoire de la mode et du costume

Un peu perdus par votre intitulé de CO, vous passerez l’année à méditer cette phrase « donc tu vas souffrir, mais tu seras heureux de souffrir » quant au retour du Roi des Braguettes, Denis Bruna. Mais de toute façon, vous restez les meilleurs. #prosélytisme


Histoire de la peinture (école française)

L’arrivée de Pluton – qui n’est plus une planète – perturbe votre horizon astral, et vous vous enfoncez profondément dans un enlisement primitif. Les retables dorés ne parviennent pas à rallumer l’espoir en vous tandis que vous regardez avec envie les peintures étrangères.


Histoire de la peinture (écoles étrangères)

Le fait que vous comptiez sur votre CO pour vous aider à écrire un CV, prenant exemple sur le plus grand d’entre tous, ne parvient pas à vous faire oublier les auditeurs qui remplissent les trois quarts de l’amphithéâtre, qui toussent, se plaignent de leur arthrose et des infirmières de la maison de retraite en plein cours.


Histoire du dessin

La vitalité que vous offre l’arrivée de Mars dans votre univers astrologique vous donnera de la force et vous tenterez de défendre votre spécialité auprès de vos amis, qui n’est pas seulement un art sous-jacent selon vous. Mais cette force s’éclipsera vite lorsque vous comprendrez qu’ils vous déconsidèrent tous, surtout votre ex.


Histoire de l’estampe

Méfiez-vous des spé dessin, il en y en a qui vont vous prendre vos places à la bibli. En plus vous avez trouvé une faute d’orthographe en page 69, Louvr’Boîte c’est vraiment des nazes.


Histoire de l’art au XIXe et au début du XXsiècle

Las d’avoir subi durant le début de l’année scolaire les remarques de vos amis sur le fait que vos cours se concentraient sur le début du XXplus que le XIXe, vous tentez le tout pour le tout et décidez de partir en peinture française après avoir lu le programme de l’an passé, qui portait sur le XIXe. Dommage pour vous.


Art du XXsiècle

Une veille connaissance va vous rendre visite aux alentours de mai : la gastro-entérite. C’est le sentiment qu’on a eu en lisant votre sujet de CO. Tendresse et Smecta.


Art contemporain

Vous vous sentez quelque peu en décalage avec les membres de votre spécialité, sans parvenir à comprendre pourquoi. Durant les premiers mois, vous vous achetez une paire de Stan Smith en soldes et êtes enfin invité au dîner de spécialité.


Histoire de la photographie

Cette année, prenez soin de vos pellicules. L’amour lunaire brille sur vos daguerréotypes. Faites tout de même attention aux malentendus provoqués par Mars. Soyez clair au sujet de vos limites photogéniques.


Histoire du cinéma

L’alignement de Neptune et Vénus vous laisse tout rêveur, et des doutes germent dans votre esprit : La toupie arrête-t-elle de tourner à un moment ? Allez-vous devoir travailler cette année ? Que contient la mallette de Vincent Vega et Jules Winnfield ? Allez-vous un jour recevoir la bibliographie promise depuis tant d’années ? Allez-vous enfin comprendre l’interro de la prof de TP ?


Anthropologie sociale et culturelle de l’Europe

Dans la mythologie de Levi-Strauss, les Indiens Nambikwara sont des gigantesques arbres sacrés reliant les neuf royaumes primordiaux. Un chargé de TP, perché sur sa plus haute branche, porte un faucon sur sa tête. Au pied de l’arbre, un Charles Perrault garde les racines. Un Pokémon parcourt continuellement le tronc pour transmettre les échanges d’insultes entre le chargé de TP et Charles Perrault, et semer la zizanie. Tes astres te prédestinent à un rôle de messager dans les semaines à venir, mais au lieu de colporter de vilains clabaudages, emploie-toi à répandre les usages contemporains du passé.
(cet horoscope est aussi long que votre prochain sujet de dissert, nous dit la Lune en Balance)


Patrimoine technique et industriel

Ivre, vous trouvez l’architecture de l’industrie esthétique. Sobre, vous découvrez avec passion les territoires de l’industrie.


Iconographie (Sponsorisé par Internet Explorer)

Bon vent. Bisous.

E.L. Trouvelot, Star clusters in Hurcules, From a study made in June, 1877.

Interview de Paul Perrin

Paul Perrin est actuellement conservateur des peintures au musée d’Orsay, et ce depuis juillet 2014. Il a été plusieurs fois stagiaire dans des musées, en France, mais aussi à l’étranger comme à New York ou Chicago. Il a également été guide-conférencier au château de Versailles, ainsi que chargé de TDO à l’École du Louvre dans le domaine du XIXe siècle.

Avant cela, il est passé par les deux premiers cycles de l’École du Louvre et par le concours de l’INP. Il apparaît comme un conservateur assez jeune (de 30 ans) et moderne dans les médias et sur les réseaux sociaux.


Son parcours :

Tristan Fourmy : Pour commencer, qu’avez-vous fait avant l’École du Louvre ? 

Paul Perrin : J’ai déménagé plusieurs fois quand j’étais jeune. J’ai été au lycée Le Corbusier à Poissy, et ai passé un bac Littéraire option art plastique.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de suivre vos études dans l’histoire de l’art ?

Depuis longtemps je voulais travailler dans le domaine des films d’animation, de la bande dessinée ou de l’illustration, je m’étais inscrit dans une classe prépa après le bac pour passer le concours de l’école des Gobelins. J’ai découvert l’histoire de l’art assez tard, grâce à  un excellent professeur d’art plastique, et ai décidé seulement en terminale de poursuivre dans ce domaine, non pas faire mais apprendre et comprendre. J’ai passé le test probatoire de l’école du Louvre et, comme je l’ai eu, j’ai renoncé à la classe préparatoire !

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Expopotame : Tenue Correcte Exigée

tenue correcte exigée

Coucou les loulous ! Bienvenue dans Expopotame, l’article où on décide si oui ou non va voir une expo d’après son vernissage.

Aujourd’hui on parle de Tenue Correcte Exigée, la nouvelle expo des Arts Déco, réalisée par Denis Bruna, dans les bacs du 1er décembre 2016 au 23 avril 2017.

On regarde tout de suite quelques petits extraits de la bande annonce :

 

http://www.instagram.com/p/BNclIqIAFbC/

 

http://www.instagram.com/p/BNd-O2_BCCx/

 

http://www.instagram.com/p/BNd501PhKyr/

 

C’est parti pour les punti :

Déjà, – 5 parce qu’on avait dit qu’il y aurait Cristina et on l’a pas vue

+ 2 pour la police, ils ont fait l’effort de pas mettre du Comic Sans MS

– 7 pour le manque d’indications sur la direction, trop de gens à contre-courant, on se serait cru dans un changement à Châtelet

+ 4 pour la robe Thierry Mugler qu’on a prise pour une Alexander McQueen parce que pour une fois c’était pas si moche

+ 23 pour la vraie Alexander McQueen à côté

+ 3 pour les extraits du Diable s’habille en Prada :

« Je vois, vous vous prenez trop au sérieux pour vous soucier de ce que vous portez et vous mettez, disons, cet espèce de pull difforme, mais ce que vous ne savez pas c’est que ce pull n’est pas juste bleu, il n’est ni turquoise, c’est un pull que l’on appelle céruléen. »

– 3 pour ceux qui auraient dû s’habiller en Prada #onapaslesmêmesvaleurs

+ 7 pour le questionnaire à la fin où il fallait buzzer la réponse #DlaréponseD

– 2 pour les vieux qui répondaient faux et qui nous ont pas laissé jouer #cétaitnotreCO #beentheredonethat

+ 4 pour l’intitulé « de la Bible aux blogs », on a senti la patte de Denis

– 14 parce qu’il n’y avait pas assez de punk (mais +2 pour la photo de Kurt Cobain)

+ 6 pour la robe de Duflot #journaldegauchoboboécolo

– 3 pour la robe de mariage de Brigitte Bardot : c’était pas la vraie

Mais + 7 pour les bébés phoques

+ 8 pour les mamies qui étaient là et qui ont vécu la plupart des transformations du vêtement

– 4 parce qu’il n’y avait pas de vidéo du défilé de Rick Owens et qu’on n’a pas pu voir « le chibre du mannequin se balançant au gré de ses pas »

+ 69 pour Marlon Brando qui enlève sa chemise mais aussi son t-shirt

+ 3 parce que ça parle de Tabous

+ 8 parce que ça parle aussi d’Apparences #prochainesaisonmaybe #teasiiiiing

Donc ça nous fait un total de 784 points donc on ira voir l’expo Tenue Correcte Exigée tous les jours jusqu’à sa fermeture. Mais on choisira plutôt le jeudi ou vendredi matin quand il n’y a personne sauf les mamies. Et on se retrouve la prochaine fois qu’on a une invitation pour un nouvel épisode d’Expopotame.

Bisous les bobos.

Avec la collaboration d’Agnès Lucas et Maud Villiers

Interview de Muséonaute

Si vous ne la connaissez pas encore, courez devant votre ordinateur, connectez-vous sur la Toile, et regardez les vidéos de la chaine Muséonaute. Chloé et Guillaume sont deux étudiants de l’Ecole du Louvre récemment lancés dans la grande aventure Youtube. Ils ont accepté de répondre à nos questions, sans jamais se départir de leur humour et de leur bonne humeur.

Bonjour Muséonaute !
Guillaume : Bonjour !
Chloé : Bonjour !

Avant de commencer avec des questions un peu difficiles qui risquent de vous mettre dans l’embarras, pourriez vous-vous présenter, me dire qui vous êtes ?
C : Vas y Guillaume, commence.
G : Non non non vas y toi.
C : Honneur à toi.
G : Moi je sais pas me présenter [chloé rit].
C : Ça commence déjà très très bien !
G : Moi c’est Guillaume.
C : Bonjour Guillaume, bienvenue aux alcooliques anonymes.
G : J’ai arrêté de boire depuis 3 ans… depuis trois heures plutôt… Donc je suis en troisième année à l’Ecole du Louvre. Je suis en spécialité XIXe et XXe siècle, donc j’ai deux spécialités. Quoi d’autre dans la vie ? Je fais des vidéos sur Youtube. J’ai fait une année d’anglais, fac tranquillou, pour me mettre bien. Voilà à toi Chloé.
C : ALORS bah moi c’est Chloé je suis aussi en spécialité XIXe…
G : Enfin t’as fini.
C : Oui j’ai fini. J’étais en spécialité XIXe mais je suis toujours en troisième année parce que j’ai eu la chance et le bonheur extrêmes de redoubler. Je suis arrivée à l’école directement en sortant du bac parce que la licence d’anglais… c’est pour les nuls !
G : Grave mais totalement, j’assume !
C : Voilà, et je fais des vidéos sur l’internet.
G : L’internet mon-dial-euh.
C : C’est ça.

Maintenant que tout le monde se connait bien, parlons de la manière dont se déroulent vos émissions, Muséonaute. Tout d’abord, comment se passent vos enregistrements et quel matériel utilisez-vous ?
G : Au niveau du tournage on écrit déjà, c’est de longueur variable, ensuite on se fixe une date pour tourner, et ça dure quoi..?
C : Trois, quatre heures.
G : Oui, trois heures de tournage un truc comme ça… pour dix minutes de vidéo.
C : Après, pour le matériel on a un vieil appareil photo Lumix à moi qui est vieux et pas efficace…
G : … Qui fait le taf.
C : … Oui, il fait à peu près le taf.
G : On a aussi investi dans un micro ZOOM H2N et qui fait très bien son taf aussi
C : En fait, quand on a commencé on a regardé les vidéos de notre ami TomSka, un youtuber anglais qui parle de l’importance du son par rapport à l’image. Il fait une vidéo où il donne des conseils à ceux qui veulent se lancer sur Youtube et il explique que, quitte à investir dans quelque chose, il vaut mieux avoir un bon son qu’une bonne image. Du coup on tourne avec un appareil photo nul mais on a investi d’office dans l’enregistreur portable parce qu’on ne voulait pas que ce soit désagréable et horrible.
G : Du coup on tourne et on fait des prises, on fait des plans, on fait des prises, on refait des prises. [rires] Puis on commence le montage et c’est la joie.

De quelle vidéo parliez-vous tout à l’heure ?
C : La vidéo c’est How to Youtube, une sorte de tuto géant où il parle de plein d’aspects différents, visuels, la technique, la comm’, c’est un peu une mine d’infos. On avait aussi regardé la vidéo d’Antoine Daniel  : 20 conseils pour youtubers, qui s’inspire en partie de la vidéo de TomSka, et c’est un peu un complément. On avait pris des notes et essayé de réfléchir à partir de ça.
G : Après chaque youtuber a aussi sa vision de quels bons côtés il faut avoir dans ses vidéos. Donc on a aussi fait le tri. On insiste beaucoup sur certains aspects et d’autres beaucoup moins. C’est dur de tout faire aussi.

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Google Nose ou l’odeur de l’innovation

L’innovante multinationale Google lançait, il y a peu, « Google Nose », the application que tu dois avoir dans ton ail-faune sinon t’es pas swag. Le programme, existant aussi sous forme de site internet, s’annonce comme défiant les limites du technologiquement possible. Accéder à une banque d’odeurs d’environ 15 000 essences via nos appareils électroniques « connectés », toutes natures et origines confondues (végétale, animale, black-blanc-beur, minérale, synthétique) : telle est la promesse. Techniquement, tu demandes (gentiment !) à ton téléphone ou à ton ordinateur de te trouver une odeur, et si t’as de la chance – et que tu as mieux qu’une connexion SFR –, il te la trouve dans la banque de données et tu peux soit la sentir en rapprochant ton nez de l’écran, soit l’envoyer à un ami. BIM BAM BOUM, BIENVENUE AU XXIsiècle !

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Le gaz moutarde sent-il vraiment la moutarde ?

Si la Première Guerre mondiale a vu son lot de barbarie, l’utilisation des gaz de combat en fut sans doute l’une de ses formes la plus poussée et la plus travaillée. En effet, non contentes d’avoir développé tous les types possibles de pièces d’artillerie, armes à feu portatives et autres baïonnettes dentelées, les nations belligérantes se mirent très tôt en tête de se pencher sur les gaz toxiques à usage militaire.

Des scientifiques de tous pays s’attelèrent à la mise au point de gaz incapacitants et parfois mortels. Dès la fin de l’année 1915, le gaz moutarde (ou gaz ypérite) fait son arrivée sur les champs de bataille : au front comme à l’arrière, il se fait vite un nom par son utilisation fréquente et terriblement efficace.

Le gaz moutarde fait partie d’une classe de gaz extrêmement toxiques : les vésicants. Ces gaz traversent toutes les surfaces qu’ils touchent et provoquent des lésions souvent irréversibles, de manière différée. Les victimes d’attaques à l’ypérite présentent en effet de graves brûlures sur les zones les plus exposées au gaz : mains, visage, etc. Des brûlures moindres peuvent couvrir le reste du corps, le vésicant étant en mesure de traverser les vêtements fins. La peau est davantage exposée lorsqu’elle est humide, ce qui était évidemment le cas à cause de l’effort produit et du stress. Les gaz vésicants attaquent également les muqueuses et les yeux, provoquant des sortes de brûlures internes et la cécité de nombreux soldats. A haute dose, le gaz ypérite peut même s’avérer mortel : les épais nuages qui se dégagent après l’explosion pouvant causer l’asphyxie des soldats à proximité.

Pour se protéger des gaz, les armées des deux camps produisirent différentes protections à destination des soldats, dont le fameux masque à gaz (les chevaux et les chiens ont également eu droit aux leurs, si si). Résultat d’incessantes recherches et expérimentations tant laborieuses que coûteuses en vies humaines, ces masques de toile huilée puis de caoutchouc devinrent un des symboles de la guerre moderne. L’aspect uniformisé, presque robotique des troupes équipés de ces masques participe à la déshumanisation des soldats et de la guerre en elle-même.

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Grasse, capitale des parfums

Depuis le Moyen Âge, la ville de Grasse présente une intense activité de transformation de peaux en divers articles de cuirs de grande qualité. Les gants occupent alors une place très importante et placent Grasse dans les réseaux les plus influents du commerce de luxe. À la fin du Moyen Âge, le traitement du cuir nécessite des aménagements particuliers. En effet, le traitement des peaux suppose à cette époque l’utilisation d’excréments et d’urines animaux et humains. La production de cuir entraîne un regroupement des tanneurs dans des quartiers spécifiques le long de cours d’eau. Malodorantes car polluées, ces zones et leurs occupants sont marginalisés par le reste des habitants. Les produits finis quant à eux gardent les odeurs désagréables de leur traitement chimique.

À la Renaissance, les contacts intensifiés entre les royaumes chrétiens et musulmans entraînent des évolutions considérables. Si les connaissances antiques sont retrouvées notamment par l’intermédiaire des scientifiques et des copistes du monde arabe, les techniques mises au point en orient voyagent par les mêmes canaux. C’est ainsi qu’un certain Galimard (à ne pas confondre avec les éditions Gallimard) applique la technique du parfumage par trempage aux cuirs destinés au luxe. A cette époque, les parfums en vogue sont relativement peu nombreux. Ces derniers sont principalement constitués de senteurs de fleurs parmi lesquelles la rose se distingue nettement. La technique de parfumage du cuir connaît alors un succès immense à la Cour de France. Le métier de gantier se double ainsi de celui de parfumeur et les dames de la haute société se pressent chez eux. Le phénomène, qui se développe tout au long du XVIIe siècle, est d’autant plus important que les médecins rattachent à cette époque la propagation des maladies aux mauvaises odeurs. Sentir bon est alors un gage de raffinement, mais aussi considéré comme un moyen d’éviter de tomber malade. Le destin de l’eau de Cologne, encore souvent rattachée à la toilette et à la propreté de nos jours, commence ainsi en 1706 avec son invention par le parfumeur italien Jean Marie Farina dans la ville éponyme. Les bains sont rares, même dans la haute société où la toilette sèche reste courante et le bain une activité de délassement détachée de l’hygiène journalière. Les parfums servent alors à masquer les mauvaises odeurs qui peuvent subsister à l’issue de la toilette.

Au XVIIIe siècle, c’est à Grasse que naît le peintre très reconnu Jean Honoré Fragonard… dans une famille de gantiers-parfumeurs. Son nom restera rattaché à une célèbre maison de parfum fondée plus tard et dont le nom lui est un hommage. L’intrigue du livre Das Parfum, die Geschichte eines Mörders de Patrick Süskind (1985) prend place à cette époque. Son adaptation, Le Parfum, par Tom Tykwer (2006) est un excellent moyen de se plonger dans l’univers très particulier de l’industrie, du commerce du parfum et des parfumeurs du XVIIIe siècle (Ben Whishaw, Dustin Hoffman et le sublime Alan Rickman). La région de Grasse présente alors une industrie florale intense, les paysages de fleurs odorantes que nous connaissons toujours se répandent à perte de vue tandis que la ville acquiert sa réputation de capitale européenne du parfum.

Au XIXe siècle, l’établissement des élites bourgeoises et le triomphe de l’industrie profiteront considérablement à Grasse, lui apportant à la fois progrès technique et afflux de clientèle. La mise à la mode de la Côte d’Azur dans la seconde moitié du siècle participe à ce dynamisme avec la venue de personnalités qui ont marqué l’époque : l’Impératrice Eugénie, l’Impératrice Victoria et l’Impératrice Élisabeth d’Autriche (alias Sissi), si chères à Stéphane Bern, en sont des exemples.

C’est ainsi qu’au début du XXe siècle la renommée de Grasse dépasse amplement le continent européen, notamment grâce à l’arrivée croissante de célébrités américaines. C’est de cette époque que datent les maisons de parfum les plus anciennes encore en activité en France. La maison Fragonard évoquée précédemment est ainsi fondée en 1926. Elle possède toujours en activité à Grasse une usine ainsi qu’un passionnant musée de la parfumerie. C’est également à Grasse que Coco Chanel passe la commande à Ernest Beaux d’un nouveau parfum. Celui-ci lui aurait alors proposé 24 senteurs différentes. Elle retiendra le N°5 de la première série qui deviendra le parfum le plus célèbre au monde, popularisé plus tard par Marilyn Monroe, Catherine Deneuve, Nicole Kidman, Brad Pitt ou Audrey Tautou.

Grasse reste de nos jours la capitale mondiale du parfum. Elle a contribué à forger l’identité régionale grassoise en sculptant ses paysages fleuris tout en participant à la réputation mondiale du luxe à la française. À ce titre elle constitue un haut lieu du patrimoine national.

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Illustration : Lorenzo Oliva

Effluves du temps fini

Varanasi est une ville hors du commun. Vitalisée par le Gange, un des fleuves les plus mythiques au monde, ses berges sont organisées en terrasses, où se déroule un large panel d’activités du quotidien : de la baignade au lavoir, en passant par les jeux de balles, le tout dans une parfaite cohabitation. Les ruelles escarpées qui desservent le reste de la cité offraient à mon imagination d’adolescente de quatorze ans toutes les images nécessaires pour assouvir ma « soif d’authentique », la vache sacrée en liberté étant ma source principale de divertissement. Si l’envie de découvrir était indéniable, je ne m’attendais pas à vivre un choc littéralement sensationnel sur les berges de ce fleuve presque mystique.

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