4 sorties insolites à faire à l’Opéra en 2021/2022 à Paris

Sous les toits de Paris, se cache de véritables pépites musicales, notamment dans les opéras qui se trouvent aux quatre coins de la ville. À toi, qui ne se souvient même pas de la dernière fois où tu as écouté de la musique qui ne sortait pas de tes écouteurs ; à toi, qui pense que les opéras n’ont plus aucun secret pour toi, ou bien à toi, qui pense que l’opéra est réservé aux vieux riches en costume qui n’écoutent que de la bonne vieille musique classique, laisse-moi t’emmener à travers une petite sélection de concerts ou spectacles en tout genre et particulièrement insolites.

1- La Khovantchina

– Drame musical historique en cinq actes
– Du 26 janvier au 18 février 2022 à l’opéra Bastille
– À partir de 15€

Avis aux amateurs d’histoire russe! Le célèbre compositeur russe Modeste Moussorgski nous amène dans cet opéra se déroulant lors de la Révolte de Moscou de 1682, année où Pierre le Grand est sacré tsar. Ajoutée à la mise en scène d’Andrei Serban avec ses costumes flamboyants et ses décors monumentaux qui nous font remonter le temps tout droit dans la Russie féodale du XVIIe siècle et vous serez comblés.

« Alors que celui-ci souhaiter réformer la Russie, il se heurte aux résistances de la noblesse et de l’église, la première conduite par le prince Ivan Khovanski, la deuxième par les Vieux-Croyants et leur chef Dosifei. À cette histoire tragique, Moussorgski a donné la musique la plus fascinante qui soit, sombre et envoûtante, semblant venir du fond des âges. »

2- Alcina

– Opera seria en trois actes
– Du 25 novembre au 30 décembre 2021 au Palais Garnier
– À partir de 25€

Cet opéra du génie prussien Georg Friedrich Haendel (1685-1759) de la musique baroque est inspiré du poème épique de l’Arioste, l’Orlando furioso (1516).

« L’histoire de l’opéra n’a cessé d’être hantée par des femmes ensorcelant les hommes. Alcina ne fait pas exception : elle séduit ses victimes jusqu’à leur faire oublier leur propre patrie. Danger de l’amour déréglé ou délices de l’abandon de soi? Par-delà le merveilleux, le génie de Haendel s’attache à peindre en Alcina une femme blessée, profondément humaine et pathétique: le chant de la magicienne déchue nous inspire une étrange compassion. De cette ambiguïté, du clair-obscur des sentiments et des travestissements du désir, la mise en scène de Robert Carsen, qui fit entrer l’oeuvre au répertoire de l’Opéra de Paris, sait jouer avec finesse. »

3- Ballade du Nord

– Concert et récital
– Le 9 novembre 2021 à l’Opéra Bastille
– 10€ pour les moins de 28 ans

Avis aux amateurs de cultures du Nord ! Une représentation unique vous est proposé pour voyager à travers un émouvant récit romantique et pour non pas moins, très original, à découvrir dans l’Opéra où notre très célèbre Gala national aura lieu !

« Ce récital propose un voyage dans les récits fantastiques et mythologiques du Nord : ballades et romances nostalgiques de Loewe, Schubert, Schumann et des pièces de Duparc, confessions émouvantes si proches du romantisme allemand. »

4- Les Éclairs

Drame joyeux en quatre actes
Du 2 au 8 novembre 2021, à l’Opéra-Comique
A partir de 6€

Pour tout t’avouer très cher lecteur, je n’avais pas la moindre idée de ce que pouvait être l’opéra-comique, jusqu’à il y a peu. Il s’agit en fait d’un genre d’opéra où les scènes chantées alternent avec des dialogues parlés (avec des apartés au public). L’opéra a plus d’un tour dans son sac ! Je vous propose ici, de découvrir un opéra-comique, d’autant plus original puisqu’il est adapté d’un roman (!!!) de Jean Echenoz et adapté par lui-même, ce que peu d’auteurs ont pu faire au cours de leur carrière.

« Les Éclairs retrace le destin de l’ingénieur Nikola Tesla – devenu Gregor – entre conte et chemin de croix. Lorsqu’il arrive à New York en 1884, Gregor est habité par ses visions. Il veut développer de façon révolutionnaire les usages de l’électricité. Mais la science l’intéresse plus que le profit. Des industriels le pillent et dévoient ses inventions. Il se réfugiera dans le spectacle des éclairs et la compagnie des oiseaux. »

Que ma sélection vous ait conquise ou non, n’hésitez vraiment pas à regarder les programmations des opéras parisiens. Les prix sont souvent très abordables et le monde du spectacle a plus que besoin en cette période, de conquérir de nouveaux publics !

Flora FIEF

Opéra

Entends ça, l’amour est un oiseau rebelle.
Toi, le fou, qui l’en age et le recèle
Te sens-tu prêt, ce torero, à l’affronter ?
Devant les cornes, point peur il n’a, Don José.
Tous bercent son visage dans leur mémoire,
Elle rit de se voir si belle dans son miroir.
Toi, Papageno, l’oiseleur, vas-tu mentir ?
D’un air de flûte lui fait naître des soupirs ?
La belle, enchantée : est-ce parole d’or ?
Que nenni ! Un cadenas ta bouche va clore.
Croit-tu, Radamès, l’enfermer dans la tombe
Telle qu’Aïda, à ton amour succombe ?
Crois-tu être Gérald, quand je serais Lakmé ?
Et par amour de toi, je meurs empoisonnée.
Hélas ! Le chant des fleurs ne peut point résonner !
Mon amour, lui, ne peut être apprivoisé.
Pensez-vous, officier, dans votre filet,
Par quelques ruse, mon coeur vous capturez ?
Gare ! Point je ne suis, Madame papillon
Et Seville m’abrite, Nagasaki, non !
Laisser-moi libre, ou comme la walkyrie,
Invincible, je charge, et je vous détruis.
Sais-tu, mon amour est enfant de bohème.
de par le monde mon nom résonne : Carmen !
Mezzo-soprano, oui, est la voix qu’il vous faut.
Pour toutes, jouer mon rôle, C’est un cadeau.
Enfin Ménélas ! Te voilà à la traîne :
« Je suis l’époux de Carmen, l’époux de Carmen… »

L. & R. Papion

Histoire brève du métropolitain à Opéra.

Opéra Garnier, Opéra Bastille… Quand on parle d’opéras, on pense aux bâtiments, aux œuvres musicales et parfois même aux gâteaux mais rarement à la station de métro. Et pourtant, celle-ci a aussi ses secrets bien que cachés six pieds sous terre.

Marquant le croisement des lignes 3, 7 et 8 du métro parisien, la station Opéra est ouverte en octobre 1904. A l’époque, elle n’accueillait que le premier tronçon de la ligne 3. Ce n’est qu’en novembre 1910 que la ligne 7 y a fait son entrée avant que la ligne 8 ne la rejoigne en 1913. A cheval entre le 2e et le 9e arrondissement, la station fait partie des plus fréquentées de la capitale avec environ 10,5 millions de voyageurs en 2019.

Sa particularité réside évidemment dans la présence de ces trois lignes de métros. Celles-ci sont superposées les unes sur les autres sur une vingtaine de mètres de profondeur. Réalisé en moins d’un an par l’entrepreneur Léon Chagnaud, l’ouvrage de superposition est imaginé dès l’ouverture de la station, de haut en bas : la 3, la 7 puis la 8. Pourquoi dont tout faire en même temps si les stations ne sont pas toutes ouvertes en 1904 ? Eh bien pour limiter le dérangement auprès des habitants du quartier de l’Opéra Garnier, très largement fréquenté.

Mais les péripéties du chantier de la station ne s’arrêtent pas là ! En effet, le célèbre architecte Hector Guimard propose un projet pour l’entrée de la station mais celui-ci est refusé par la Compagnie du métropolitain de Paris (CMP) qui souligne un manque d’harmonie entre le projet et l’Opéra de Garnier. En même temps, Guimard travaille plus dans un style art nouveau qui tranche avec celui très éclectique de l’Opéra. Ce qui nous vaut une très belle réponse de Guimard dans la presse : « Est-ce qu’on devra dorénavant harmoniser la gare du Père Lachaise avec le cimetière et la construire sous forme de tombeau ? ».

Finalement, il n’avait pas si tort que cela car le projet retenu par la CMP et que l’on emprunte toujours aujourd’hui est un projet de l’architecte Marie-Joseph Cassien-Bernard, projet très simple composé d’une balustrade basse. Celui-ci finalement réalisé initie un mouvement pour d’autres entrées de métro qui sont alors ornées en rapport avec le monument qu’elles jouxtent. Le Figaro s’en réjouit d’ailleurs en 1907 : « On a renoncé à déshonorer la place de l’Opéra avec ces rampes contorsionnées, ces lampadaires bossus qui signalent par d’énormes yeux de Grenouilles les autres stations du Métropolitain. Celle-ci est entourée d’une simple balustrade en pierre polie (…) en parfaite harmonie avec l’Académie de musique. C’est simple, très artistique et du meilleur goût. Maintenant que le premier pas est fait, nous espérons que l’on va faire disparaître les ornements « Art nouveau » qui décorent la station de la place du palais-Royale et des Tuileries (…) ». Vous aurez compris, l’Art nouveau ça ne plaisait plus trop à ce moment-là.

Bref, maintenant quand vous irez à l’Opéra Garnier en mangeant votre opéra et en écoutant notre magnifique playlist opéra, vous penserez peut-être à cette station dont l’histoire ne vous est plus si méconnue que ça.

Tyfenn Le Roux