Les questions récurrentes qu’entendent les tatoués

Yvine - questions aux tatoués - tatouage

  • Est-ce que ça fait mal ?
    Essaye de te faire un millier de trous d’aiguille dans le bras, et après on verra « si ça fait mal ». Plus sérieusement, ça dépend de l’endroit, de la sensibilité de chacun, de stress, du tatoueur, etc. Par exemple, l’une des rédactrices de cet article à insulté la maman du tatoueur.
  • Mais t’as eu peur ?
    Si ça fait peur, mais c’est du stress positif. Un rush d’adrénaline. Sauf que t’as pas peur de mourir, contrairement au Space Moutain.
  • Comment tu vas faire quand tu voudras te trouver un travail ?
    Tant pis pour mon employeur, je mettrai des cols roulés !
  • Et quand tu seras vieux et fripé ?
    Je serais la plus badass des grands-mères, motherfucker.
  • T’as pas peur de les regretter ?
    Et ta mère elle te regrette ? Non, vraiment, pourquoi regretter quelque chose qui fait partie de moi ? On ne regrette pas sa personnalité, je ne regrette pas mes tatouages !
  • Et s’ils vieillissent mal ?
    Tout est une question d’entretien, tu peux aussi les faire retoucher. Mais après, un tatouage fait partie de toi, ils vieillissent avec ton corps, c’est l’évolution naturelle des choses. Se faire retoucher un tatouage pour qu’il reste éternellement jeune, au fond c’est un peu comme la chirurgie esthétique.
  • Qu’est ce que ça signifie pour toi ?
    Cette question est personnelle, mais aussi très intéressante. Un tatouage cache souvent une signification, et ça peut être le choix du porteur de ne pas en parler. Mais il faut aussi concevoir qu’un tatouage puisse être uniquement esthétique, comme un tableau ou une sculpture.

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My Wife’s lovers : quarante-deux amants à moustache

chat

Article de Lou Gellé

Ah, les chats !

Ils suscitent tant d’engouement de nos jours. Combien d’entre nous peuvent passer des heures à s’extasier devant vidéos de chats tentant acrobaties ou galipettes en tous genres et photos de chatons si adorablement mignons qu’on en miaulerait ? Eh bien figurez-vous que cette obsession féline concernait déjà nos ancêtres ! Et par « nos ancêtres », je veux bien sûr parler de Kate Birdsall Johnson, comme l’aviez sans doute deviné. Si nous nous contentons de câliner ces petites boules de poils et de soupirer extatiquement devant leurs photos, cette charmante dame du XIXe siècle, elle, en possédait des dizaines, et parfois même des centaines.

« Boule de poils »

Ce n’est d’ailleurs pas le terme le plus approprié, d’une part parce qu’il est de notoriété publique que les chats sont des créatures supérieures, mais aussi parce que certains de ses chats (exclusivement des angoras ou des persans) lui avaient coûté plusieurs milliers de dollars ; notamment son chat favori, du charmant nom de Sultan, acheté à Paris pour 5000$. Madame Johnson savait trouver les noms appropriés pour ses princes félins, comme nous le prouve un compagnon coûteux de Sultan qui, après avoir allégé le porte-monnaie de sa maîtresse de 3000$, reçut le doux nom de Royal Norton.

« Quel rapport avec l’art ? »

Laissez-moi dans un premier temps m’offusquer face à votre incompréhension de la dimension artistique du nom « Royal Norton » et passons maintenant aux événements tragiques de 1889. C’est cette année que Kate Johnson perd son mari, dont la fortune minière lui avait permis de loger des dizaines de chats persans dans une villa secondaire et d’employer des servants pour les amuser avec divers aquariums et oiseaux exotiques. Moins d’un an plus tard, en 1890, sa fille unique meurt elle aussi, de la tuberculose.

Plongée dans la tragédie, notre « ancêtre » cherche le réconfort dans ses chats puis rencontre en 1891 le peintre autrichien Carl Kahler, et lui demande alors d’immortaliser ses chats en peinture. Mais malgré les nombreux voyages de celui-ci et sa réputation de « génie erratique » d’après les critiques, il lui avoue ne jamais avoir peint de chat. Cela n’arrête cependant pas madame Johnson, qui lui offre une importante somme d’argent et lui laisse le temps de se familiariser avec ses compagnons. Il reste ainsi pendant deux ans avec sa cliente, prenant le temps d’étudier chaque chat individuellement.

Se succèdent ainsi croquis et esquisses, dans lesquelles Kahler tente de saisir le caractère de chacun de ses modèles à longs poils, résultant parfois en de petits tableaux indépendants. Il semblerait qu’il ait réussi, puisqu’au centre du tableau final, posant fièrement au milieu de ses sujets dans l’attitude caractéristique du chat persan souverain, le regard vif établissant clairement sa supériorité, se trouve Sultan. Derrière lui, les plis d’une longue robe satinée cascadent sur l’emmarchement, qu’il proclame explicitement être son territoire par son port altier et autour de lui, les quarante-et-un autres favoris de Kate Johnson. Certains semblent intrigués par un papillon au pied de l’escalier, d’autres s’observent, se surveillent avec méfiance, taquinent leurs voisins d’un coup de patte. Une portée de chatons aussi blancs que des oeufs en neige s’amuse dans le drapé satiné et miaule autour de leur mère. Le tableau est si attendrissant…

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Carl Kahler, My Wife’s Lovers, 1891, Collection Privée

Les amants de ma femme ?

Ce à quoi on ne s’attend pas vraiment avec un titre pareil, My Wife’s Lovers, mais c’est pour le mieux car qui serait assez fou pour préférer deux éphèbes dénudés à quarante-deux adorables chats et chatons ? Un titre que l’on voudrait attribuer à M. Johnson, en toute logique et selon divers articles, le décrivant alors comme un personnage sympathique et plein d’humour. Difficile cependant pour lui de faire preuve de tant de verve alors qu’il était mort depuis plus de quatre ans…

Des dimensions colo-chat-les !

Mais ce qui rend ce tableau encore plus attrayant aux yeux du public, ce sont ses dimensions. Au bout de deux ans passés entouré de chats, Carl Kahler nous a laissé une toile d’1,80m sur 2,60m (et de 103kg !), le plus grand tableau de chats à ce jour connu. Ce titre, digne d’apparaître dans la prochaine édition du livre des records, combiné à l’amour fasciné que même les plus riches d’entre nous semblent porter aux chats, lui a permis d’être récemment vendu aux enchères à un particulier et ce, pour 826 000$. Soit environ 165 Sultan(s) ou 275 Royal Norton(s) !

Je suis, bien sûr, totalement consciente du fait que Royal Norton était un chat unique, et ne fais qu’émettre des hypothèses.

La palourde

la palourde cousteau the lobster

Quand je suis sortie de la séance de The Lobster (2015, Yórgos Lánthimos) hier soir, je me suis sentie dans une drôle d’humeur. D’une part parce que le film ne répondait pas à mes attentes (beaucoup de points restent en suspens), d’autre part à cause de l’ambiance étrange et du sujet même de cette fiction un peu fantastique. Dans un futur proche, les célibataires sont enfermés dans un hôtel avec pour but (obligation ?) de trouver un partenaire sous quarante jours. S’ils échouent, ils sont transformés en l’animal de leur choix. Toutefois, se mettre en couple n’est pas si aisé que ça, il semblerait qu’il faille avoir un signe particulier en commun avec votre future moitié : un boitement, des saignements de nez réguliers ou même la myopie…
Et c’est là que quelque chose me dérange.

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twist it like a diamond

Cette bien étrange histoire du loom

Oubliez ce que vous êtes en train de faire. Exit plage, sable, marrons, replongez un an plus tôt. En un petit twist mental, nous voilà de retour en 2014. Rien n’a changé, ou presque : le monde a eu le temps de vieillir un peu, et l’air de rien, de se débarrasser d’une épidémie caoutchouteuse.

On se le donne en mille, il se fait oublier mais tout le monde l’a reconnu : le Rainbow Loom® était alors le seul maître de la mode, ayatollah des accessoires de cuisine homemade et Anna Wintour de la bijouterie cheap. Venu (comme d’habitude) d’outre-atlantique, ou plutôt d’outre-toutcourt, puisque ces choses là viennent toujours d’ailleurs. Seulement (comme d’habitude), le vieux continent est à la traîne, mais, attendez, voilà l’histoire.

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