Le Petit ApARTé scientifique – Climatologie, pinard gelé et primitifs flamands : l’influence du Petit Âge glaciaire sur les arts et les sociétés

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Pieter BRUEGHEL L’ANCIEN, Le Dénombrement de Bethléem, 1566, huile sur bois, L : 1m64, Bruxelles, Musée des Beaux-Arts de Belgique

Cet hiver j’avais envie de vous parler du Petit Âge glaciaire. Outre que cette période climatologique m’intéresse particulièrement -arrêtez de me regarder comme ça ! On est tous à l’École, on a tous des passions un peu (très) bizarres !-,  je trouvais que cela rentre parfaitement dans le thème Chaos -non Billy, ce n’est pas juste un article que j’ai essayé de placer où je le pouvais, alors cesse de me dénigrer ainsi !

Cependant -et à la demande expresse de Billy- je vais  tout de même vous expliciter cette dernière impression, histoire de ne pas vous laisser sans rien. Premièrement, notez que la météorologie est (vraisemblablement) basée sur la théorie du chaos, que je ne vais pas essayer d’expliquer ici parce que… parce que. Et puis allez sur Wikipédia si ça vous plaisir ! Ensuite, il faut voir le chaos que provoque ce Petit Âge glaciaire : on parle quand-même de la disparition de trente à cinquante pourcents de la population européenne, notamment du fait des famines ! Et non ce n’est pas une explication tirée par les cheveux visant à faire entrer cet article dans le thème !

Tout d’abord, qu’est-ce que le Petit Âge glaciaire ? Il s’agit d’une période de désordre et de refroidissement climatique s’étendant selon les spécialistes environ du début du XIIIe siècle au milieu du XIXe siècle. On admet, d’après les reconstitutions de températures, une perte de moins de 1° C (cela paraît peu, mais c’est assez pour mettre le bazar apparemment) en moyenne sur toute la période. Mais ce refroidissement n’est pas uniforme et on peut en distinguer trois phases remarquablement plus fortes : de 1300 à 1380, dans le dernier tiers du XVIIe siècle puis enfin entre 1815 et 1860. A contrario, on relève des étés particulièrement chauds dans la moitié du XVIIIe siècle.

Cette période aux hivers souvent très froids et aux étés plutôt tièdes est marquée par des récoltes maigres, sources de famines, et des périodes de froids extrêmes (les fleuves comme la Seine gèlent complètement à l’hiver 1709, où ont atteint – 16° C à Paris, le vin du roi aurait même gelé dans son verre ! -note à soi-même : se faire du vin glacé cet été après le vin chaud de cet hiver …-). Les glaciers avancent partout : la calotte glaciaire s’étend en Atlantique dès 1250, provoquant la fin de la colonie norvégienne au Groenland faute de ravitaillement (elle disparaît vers 1400), des villages sont engloutis par les glaces un peu partout dans les Alpes, …

Pour autant, ce Petit Âge glaciaire est marqué par de grandes avancées techniques ! En effet, l’être humain est une espèce particulièrement adaptable. D’immense greniers sont construits pour stocker les récoltes meilleurs des années pour les périodes de famines, les moulins à vent remplacent peu à peu les moulins à eau souvent pris dans les glaces, le brise-glace est inventé à Amsterdam pour permettre l’approvisionnement de la ville, c’est l’invention des skis, raquettes et autres traîneaux en Europe, et surtout, SURTOUT, on note une très conséquente hausse de la production de BIÈRE ! -no fake, la raison est que cet alcool se conserve mieux que le vin à l’époque, et aussi que la vigne a besoin de plus de chaleur.

Mais parlons un peu de science voulez-vous ! Quelles sont les causes de ce Petit Âge glaciaire ?

Une première explication pourrait être l’activité volcanique explosive, très forte entre la fin du fin XVIe siècle et la fin du  XVIIe siècle. Une éruption volcanique explosive envoie, pour peu qu’elle soit conséquente, de nombreux gaz dans les couches hautes de l’atmosphère. Ainsi, du dioxyde de soufre (SO2) parvient dans la troposphère où il réagit avec le dioxygène (O2) et l’eau (HéO) pour former de l’acide sulfurique (H2SO4) :

formule

Ces gouttelettes d’acide sulfurique opacifient l’atmosphère et réfléchissent les rayons du soleil, qui ne parviennent donc plus jusqu’au sol. Cela provoque donc une  baisse de température à la surface terrestre, ce que l’on appelle un hiver volcanique, mais aussi une hausse de température dans la haute atmosphère, modifiant les courants atmosphériques et provoquant ainsi des perturbations météorologiques. Cependant, ces aérosols retombent au sol un à trois ans après les plus grosses éruptions, et cela ne peut expliquer un refroidissement séculaire du climat.

Il faut donc chercher ailleurs, directement au niveau du soleil par exemple. En effet, loin d’être constant, l’éclairement du soleil varient selon un cycle d’environ onze ans ainsi que selon d’autres cycles séculaires et millénaires encore mal connus. Cette variation est le fait de changements au sein de son champ magnétique, sans doute issus de ce que l’on appelle la dynamo solaire. Cette théorie explique la création d’un champ magnétique par un un corps conducteur (le Soleil) parcouru par un courant électrique du fait de mouvements convectifs (des déplacement de matière fluide) au sein dudit corps. Cet effet dynamo et ses changements sont encore très mystérieux mais on en observe tout de même les effets sur le Soleil et sur Terre.

Ainsi, on peut remarquer sur le soleil des taches noires, les taches solaires. Elles sont issues de ces mouvements convectifs de matière au sein de notre étoile, et marquent des zones de plus faible chaleur. Cependant, si la chaleur, et donc l’éclairement, est moindre au niveau de ces taches, il augmente autour d’elles. Cela fait que, contre-intuitivement, plus il y a de taches solaires, froides, plus l’éclairement solaire est important. Ces taches sont observables (et, peu ou prou, observées) depuis l’invention du télescope en Hollande en 1608 et on remarque ce que l’on appelle de Grands minima (des périodes presque sans taches solaire, donc à éclairement moindre) lors des périodes plus froides d’après les témoignages (comme le Grand minimum de Maunder entre 1645 et 1715). Mais leur observation ne couvre pas tout le Petit Âge glaciaire, ainsi doit-on, pour l’étudier, se baser sur d’autres sources.

Et cela tombe bien, car on trouve sur terre des éléments très vieux dont la production est directement liée au rayonnement solaire : les cosmonucléides. Ça ne vous dit rien ? Pourtant je vous assure que nous, en archéologie, on en connaît très bien un : le carbone 14 ! Et oui, vous ne vous êtes jamais demandés pourquoi se formait cet isotope de l’élément carbone (C) ? Et bien moi si -c’est qu’on s’ennuie à l’hôpital psychiatrique avec Billy quand-même… sans offense Billy-, et en voici l’explication. Tout d’abord, le carbone a, à son état stable, 13 nucléons (protons et neutrons réunis, dans le noyau) et un numéro atomique (nombre d’électrons autour du noyau ou de protons dans le noyau, ce qui revient au même) de 6. Mais il est possible de créer des isotopes (souvent instables) d’un même élément, c’est à dire des atomes avec plus ou moins de neutrons qu’à la normale mais avec le même nombre de protons et d’électrons. C’est ce qui se passe avec le carbone 14, qui à 14 nucléons (donc 8 neutrons au lieu de 6 ou 7 normalement). Ces isotopes se désintègrent est cela permet des datations mais ce sera le sujet d’un autre apARTé scientifique. Pour ce qui est de cosmonucléides, il s’agit d’isotopes créés par l’interaction entre des atomes et les rayons cosmiques (pour leur plus grande part issus du Soleil). En bref, ces rayons constitués de diverses particules qui agissent dans la très haute atmosphère sur des atomes terrestres. On se penchera sur la formation des deux isotopes principalement utilisés dans ces études, le carbone 14 (observé dans les cernes des arbres) et le béryllium 10 (capturé par les glaces), dont voici les équations de formations * :

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Mais pourquoi est-ce que je vous explique tout ça ? Et bien parce que, comme je l’ai dit précédemment, les variations d’éclairement solaire provoquent des variations dans la production de cosmonucléides. En effet, une forte activité solaire provoque une augmentation, en plus de son éclairement, de son éjection de plasma dans l’espace. Ces éjections de plasma sont dues à la violence des fusions ayant lieu à la surface du Soleil (de l’hydrogène fusionnant en deutérium, un isotope de l’hydrogène) qui provoque l’expulsion des résidus de ses fusions (particules, noyaux d’hélium, …), formant ce que l’on appelle le vent solaire (celui que l’on observe aux pôles sous la forme d’aurores boréales). Or, plus ce vent solaire est fort, plus il balaye les particules apportées par le rayonnement du Soleil loin dans le système solaire. De ce fait, on remarque une baisse de la formation de cosmonucléides, piégés alors sur Terre en moins grande quantité et dont on peut enfin noter les variations de concentration et en faire des conclusions sur l’état de l’intensité solaire, et donc du climat, lors des siècles précédents. Les chercheurs remarque donc une perte de température moyenne sur l’ensemble de la période oscillant entre 0,25 et 0,95° C suivant les valeurs retenues. Ils notent d’ailleurs quatre minima d’intensité solaire durant le Petit Âge glaciaire : le minimum de Wolf (1300-1350), le minimum de Spörer (1400-1600), le minimum de Maunder (1645-1715) et le minimum de Dalton (1790-1820) (notés W, S, M et D sur le schéma suivant). Ainsi qu’un pic d’intensité solaire au milieu du XVIIIe siècle, période aux étés particulièrement chauds si vous vous souvenez bien.

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Évolution de l’éclairement solaire, reconstituée à partir de la production de béryllium 10 observée dans les glaces des forages de l’Antarctique par E. Bard (2000) depuis 850 de l’ère chrétienne.

Enfin, je vais vous faire part d’une autre possible explication du phénomène, qui si elle n’en explique bien entendu toute l’ampleur, me semble très intéressante. Une étude menée par quatre géographes de l’University College de Londres et de l’université de Leeds semble indiquer que les pandémie ayant décimé les peuples d’amérindiens (jusqu’à 90 %, soit un passage de 60 à 6 millions de personnes) pourrait avoir un lien avec le Petit Âge glaciaire. En effet, l’abandon de leurs terres par ces peuples provoqua la formation 56 millions d’hectares de savanes et de forêts. Cette hausse exponentielle de capteurs de CO2 (par photosynthèse) aurait provoqué un retrait de ce dernier élément équivalent à plusieurs dizaines de milliards tonnes. L’absorption de ce gaz à effet de serre pourrait donc être, en moindre partie, une cause de la chute des températures (ou plutôt de son intensification). Cet exemple est assez intéressant car il montre l’impact de l’être humain sur le climat, même avant l’ère industrielle, et cela prouve bien qu’un fait semblant complètement à part d’un sujet peu tout à fait, d’une façon ou d’une autre, l’avoir influencé.

Mais parlons d’art maintenant ! Non parce que c’est quand-même le but de cette rubrique au départ…

Pour commencer par le plus logique, la peinture hollandaise du XVIIe. On voit tous à peu près ces grands paysages enneigés des toiles de Brueghel l’Ancien pour ne citer que lui. Et bien on peut tout à fait se poser la question d’une potentielle représentation des refroidissements causés par le Petit Âge glaciaire. C’est ainsi que Les chasseurs dans la neige (1565) ou Le dénombrement de Bethléem (1566) sont peint pendant et juste après l’hiver de 1565, particulièrement rude. Pour autant, il faut replacer ces créations dans leur contexte et ne pas tirer de conclusions hâtives. Car à cette époque, les Pays-Bas se séparent peu à peu de l’Espagne (le traité d’Utrecht, marquant la prise d’indépendance des Provinces-Unis vis-à-vis des Habsbourg, est signé en 1579, s’ensuit la guerre de Quatre-Vingt Ans). La région revendique donc peut-être une identité propre par la représentation d’un hiver froid typiquement hollandais et bien loin de l’Espagne torride et ensoleillée.

Les chasseurs dans la neige - Brueghel l_Ancien
Pieter BRUEGHEL L’ANCIEN, Les chasseurs dans la neige, 1565, huile sur bois, L: 1m62, Vienne, Kunsthistorischesmuseum

Pour ce qui est de la sculpture, on peut se rappeler les cours de Moyen Âge de Deuxième Année et le style parisien des années 1300 imitant des « drapés de laine » (remplaçant les drapés mouillés du XIIIe siècle) pour citer M. Meunier. Citons par exemple (et pour faire plaisir à ce dernier), les diverses statues dédiées à la collégiale d’Écouis par Enguerrand de Marigny en 1311, soit au tout début du Petit Âge glaciaire. Or, les températures plus basses n’auraient-elles pas eu un impact sur la mode vestimentaire (avec des habits de laine, plus chauds), et donc sur le style sculptural ? Après interrogation dudit professeur à ce sujet, il s’avère sceptique à l’idée mais ne balaye pas l’hypothèse d’un rapport de conséquence, serait-il partiel.

Sainte Véronique - Collégiale Notre-Dame d_Ecouis

Sculpture de Sainte Véronique – Collégiale Notre-Dame d’Ecouis

Enfin, la musique aurait aussi subi un impact certain, avec les violons de Stradivarius, luthier crémonais oeuvrant de 1670 à 1737. Réputés exceptionnels, on a longtemps cherché l’origine de leur acoustique jugée parfaite avant de, peut-être, la trouver dans … la densité de leur bois. En effet, si ils ne sont en moyenne pas plus denses que les violons modernes, ces violons anciens possèdent une plus grande homogénéité de densité au sein des pièces de bois les composant. Or, cette plus grande homogénéité peut s’expliquer par une croissance plus lente du bois, courante lors de périodes plus froides comme le minimum de Maunder de 1645 à 1715 par exemple ! Cependant, cela signifierait que les violons de tous les luthiers de Crémone serait de cette même qualité, ce qui est faux. De plus, la supposée supériorité des Stradivarius est plus que controversée.

 

 

Bien, nous voilà à la fin de cet article après ce petit marathon scientifique. Ça fait du bien de se remettre en jambes après les vacances, hein Billy ? Certes l’étude de l’impact sur l’art du Petit Âge glaciaire n’est que peu concluante, mais il reste intéressant de voir l’impact du climat sur les populations humaines et, peut-être, leurs productions artistiques. Cela laisse tout de même pensif en cette période de brusques changements climatiques.

 

Raphaël VAUBOURDOLLE

 

* Pour les particules : n (neutron), p (proton) et e (positron) ; pour les atomes : N (azote), C (carbone), Be (béryllium) et He (hélium).

L’ApARTé scientifique – Pour aller plus loin : suppression de la Commission scientifique des collections, chaos à venir ou simplification administrative ?

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Comme promis, Billy et moi-même vous transmettons quelques liens vers des documents et sites officiels du gouvernement pour aller plus loin et vous faire votre propre avis. Cela vous permettra de vous plonger dans ces magnifiques textes de loi qui ont aspiré mon âme lors de la rédaction de la dernière ApARTé scientifique.

 

Au menu, le chef vous propose :

 

Bon appétit ! Et bon courage… pour ma part je vais aller brûler deux ou trois codes civils en sacrifice à Baal.

 

Raphaël Vaubourdolle

TOP 9 des meilleures expressions de patois – Nos régions ont décidément du talent !

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Dans la rédaction, nous avons été tellement fiers devant les statistiques de fous rires et de vues de notre Top 23 des mèmes régionaux, que nous vous avons concoté un petit bonus pour clôturer le numéro Paysan. Parce qu’on n’est jamais trop chauvins, chacun de nos rédacteurs les plus régionalistes dans l’âme a livré son expression favorite tout droit venue de sa terre natale. Petit exception pour la Bretagne d’où deux de nos rédactrices sont originaires ! Du coup, elles trichent un petit peu mais on les aime quand même !

C’est également la raison pour laquelle nous n’avons cette fois pas pu mettre des patois de toutes les régions de France mais si toi, lecteur assidu et fidèle du LB, tu en connais et que tu vois que ta patrie est non citée encore, mets nous un message sur les réseaux sociaux ou en commentaires en bas de cet article ! La rédaction se fera un plaisir de rajouter ton expression ! *Les gens du Sud-Ouest, du Massif central et de la Corse coucouuuu on vous cherche !*

 

1. NORMANDIE :

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Y’r’pleut  !

Quand il ne pleut pas, cherchez pas, il va de toute façon pleuvoir tantôt. Boujou bien en Normandie, ça vous dit une p‘tit’ bolée d’cidre pour vous réchauffer le gosier ?

 

 

 

2. POITOU :

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Kétokolé ?

Simple, précis, efficace. Ou comment montrer son incompréhension face à cette hérésie que les Parisiens appellent beurre doux (une sorte de matière grasse complètement impropre à la réalisation de tcho bounes grailées de mojhettes).

 

 

 

3. ALSACE :

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A Schnàps esch d’beschta Medizin !

Y a-t-il vraiment besoin de traduction ? Hopla Geiss, qui reveut sa tournée à la quetsche ? Meilleur remède à tout quel que soit le temps ! Rendez-vous à la fecht (“fête”) pour célébrer ça dignement avec plus d’un schlouk !

 

 

4. PACA :

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Escagassé

Adjectif (fatigué, agacé) : des plus flatteurs et distingués pour qualifier vos fratés. Et n’hésitez pas à exagérer, rien n’est jamais trop gros pour les marseillais. Exemple : « Té vé ce gabian il vole pas droit il est tout escagassé, il fout le oaï ! Eh Marcel, remets-moi un petit pastaga, qu’on soit niasqués ! » 

 

 

5. BRETAGNE :

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Breizhad on ha lorc’h ennon

« Je suis breton et j’en suis fier » = à utiliser seulement si vous êtes breton parce que sinon vous aurez l’air bête. Sinon la Manche en breton ça se dit « Mor-Breizh » et oui ça veut bien dire « mer de Bretagne » parce qu’on est partout.

Gallo: « dépoucher » = magnifique mot pour désigner tej, déposer, jeter. Au lieu de dire « jeter moi ici » dites « dépouche dont moi là ». Cela fera du meilleur goût auprès du monde. 

 

 

6. PICARDIE :

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N’in mingerot su ch’tiete din galeux ! 

On en mangerait sur la tête d’un galeux : piètre restitution (rien ne vaut l’oral) de l’une des plus jolies expressions qui puissent exister, sans l’ombre d’un doute. À utiliser sans hésiter (promis) quand vous voudrez juste signifier que quelque chose est délicieux! 

 

 

7. ARDENNES :

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ça gôye bien hein !

Magnifique expression pour déclarer combien on a bien mangé au point de s’en étouffer ! Parfait pour les amateurs de la cacasse à cul nu (plat à base de pommes de terre, bande de tordus !) Et si on vous sort « Y a ti co yauque ?« , cela signifie que s’il en reste dans le plat, la personne veut bien en reprendre !

 

 

8. TOURAINE :

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Remets ta gâpette à c’t’heure! 

N’oubliez pas que l’été, quand  on fait du cannotage sur la Loire à bord d’une gabare, le soleil ça tape !
Ce serait dommage de choper une insolation avant un bon coup de Vouvray ou de Chinon ! Allez,  suivez notre conseil ! Topette !

 

 

9. RHÔNES-ALPES :

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J’ai R fait cet après-midi, c’était cher bien !

Comprenez qu’à Lyon on ne travaille pas beaucoup ! Il aime beaucoup les swip de mots donc « R » correspond à « Rien » et « cher » est devenu un adverbe remplaçant « trop » ou « très ». Imaginez un peu la situation en sortant du meilleur bouchon : « C’était d’excellents quenelles, poulet Célestine et cervelle de canuts mais vraiment là c’était cher cher ! » Grand malaise à table…

Top du Tour de France 2019 des mèmes régionaux

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Parce que nos régions regorgent de spécificités, de fiertés et de gentilles rivalités, l’occasion du numéro Paysan était inespérée pour vous emmener faire un vrai tour de France du mème régional ! Le Top, pour des raisons d’équité est classé alphabétiquement et pour éviter les bagarres à la rédaction, on évite de trancher par nous-mêmes qui est le meilleur !

Alors, qui remportera le maillot jaune du rire ? On vous laisse du coup choisir et nous dire pour nous départager !

 

ALSACE – Sinon il manque aussi : « Comment les touristes nous voient : en petit lutin dans un marché de Noël tenant un bretzel d’une main et une écocup de vin chaud de l’autre », sauf que ça, c’est vrai ! 

 

 

 

 

AQUITAINE – Prendre au sérieux cette expression alors qu’elle sort d’un dialecte appelé « bordeluche »… Qui a choisi ce nom de patois ?  

 

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AUVERGNE- En attendant, c’est Strasbourg qui a remporté le trophée de plus belle cathédrale cette année.  Retentez votre chance ! Adissiatz, à l’année prochaine benlèu !  

 

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BOURGOGNE- Marre de l’éternel pain au chocolat / chocolatine ? Les Bourguignons ont un cadeau de Noël pour vous !

 

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BRETAGNE- On propose de se faire un pok et de tous devenir des pochs pour fêter ça dignement !

 


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CHAMPAGNE- Allez, ce sont les fêtes de fin d’année ! Bisous si vous avez du crément à table, au Louvr’Boîte on préfère les vraies fines bulles !

 

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CORSE – Attention, il paraît qu’en hiver, on préfère lapider là-bas avec des clémentines ! Méthode plus naturelle !

 

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DOM-TOM – Bon on vous inclut dans le Top mais uniquement parce que la Guadeloupe a la plus belle femme de France pour 2020 (notez que nos directrices du journal sont les prochaines pour 2021 !)

 

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FRANCHE-COMTÉ –  On se demande pourquoi les géographes ne vous ont toujours pas inclus dans la diagonale du vide mais on vous aime quand même les copains !

 

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ICI C’EST PARIS – On a voulu faire plaisir à une rédactrice francilienne de l’équipe mais nous avons grincé des dents en ramenant du rouge pour tenter d’oublier cet intrus dans le Top. On a bien dit « tenter »…

 

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LANGUEDOC-ROUSSILLON – Parce qu’on aime les débats houleux de province mais qu’au Louvre, on ne peut pas s’empêcher de pousser trop loin l’Histoire !

 

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LORRAINE – Marche également avec la questche ! Dommage que Schliemann n’en ait pas trouvé en fouilles !

 

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MIDI-PYRÉNÉES – En même temps, à faire des remparts en carton pâte fois gras / cassoulet, ça ne tient pas des masses…

 

MIDI-PYRÉNÉES - Raphaël Vaubourdolle.png

 

 

NORD-PAS-DE-CALAIS – Qui c’est qui veut tenter d’expliquer pourquoi il drache des harengs à Dunkerque fin février ?

 

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NORMANDIE – On attend vos votes pour le round des cidres et celui Galettes VS Mère Poulard !

 

NORMANDIE - Memes décentralisés pour provinciaux et francophones oubliés .jpg

 

 

PROVENCE ALPES CÔTE D’AZUR –  Évitez de vous empéguer les uns les autres ! Bonnes vacances sur la Croisette !

 

PACA-memes empegués pour jeunes gadjos decompressant à l_ombre de la bonne mère

 

 

PAYS BASQUE – Parce qu’on aime les fiertés régionales, on vous incorpore mais juste cette fois ! Et on est d’accord qu’en échange la rédaction souhaite qu’on lui fasse livrer une palette de jambon de Bayonne au local du BDE en janvier sinon on lâche les taureaux !

 

PAYS BASQUE - Mème décentralisé.jpg

 

 

PAYS DE LA LOIRE – Oui on sait, la Vendée n’aurait jamais dû se trouver dans cette région. Si vous souhaitez monter une armée, on peut vous transmettre le nom d’un rédacteur qui serait trop content d’être votre général pour faire pleuvoir des obus de pintade au chou et distribuer des peignées à la mogette et à la gâche.

 

PAYS DE LA LOIRE - Raphaël Vaubourdolle.png

 

 

PICARDIE – Un jour vous finirez par faire naître votre propre Haussmann et enfin gagner la ville… En attendant, retourner faire de la porcelaine et des tapisseries à Beauvais pour ne pas qu’on vous oublie trop !

 

PICARDIE - Neurchi de Terres du Nord (Gaël Morgenthaler).jpg

 

 

POITOU – Martigues, Colmar et le Palais de l’Isle d’Annecy vous rient au nez mais bon, chacun rivalise comme il peut ! Rappelez-vous, vous n’êtes qu’un MARAIS (très joli, on vous l’accorde, mais un marais quand même 😛 ) !

 

POITOU - Création LB

 

 

RHÔNE-ALPES – Vous auriez dû faire une alliance avec le mème de la Picardie. On vous dit ça pour l’année prochaine, faites-en ce que vous voulez !

 

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SAVOIE – Déjà que quand les 78 voient un flocon se poser sur leur nez en temps normal, ils s’évanouissent… Vous n’êtes pas prêts de débloquer la seule grande rue du village ! On vous propose une tournée de fondue générale pour passer le temps et attendre la dépanneuse !

 

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TOURAINE- Déjà que ce fourbe d’Aveyron essaie de vous piquer vos fouaces tant vantées par Rabelais ! C’est parti pour une nouvelle guerre picrocholine !

 

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BONUS – Parce que les Indépendantistes, vous nous faites pleurer de rire alors que devant la Coupe du Monde vous vous êtes faits des câlins et avez partagé vos bières !

 

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La Rédaction du Louvr’Boîte tient à préciser que ses sources d’inspiration et ses fous rires ont été nourris par les pages de mèmes Facebook suivantes que nous remercions chaleureusement :

  • Neurchi de memes alsaciens
  • Memes de Bouseux Bourguignons
  • Memes au beurre salé pour bretons alcoolisés
  • Best twiit
  • Memes de Franche-Comté
  • Memes intra-muros pour jeunes Franciliens
  • Goofy Gods Comics
  • Neurchi de Terres du Nord
  • Memes empegués pour jeunes gadjos decompressant à l’ombre de la bonne mère
  • Neurchi de Terres du Nord
  • Memes décentralisés pour provinciaux et francophones oubliés
  • Quelques créations de la rédaction du Louvr’Boîte

 

 

 

 

 

 

 

Millet ou le classique engagé

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MILLET, L’Angélus, huile sur toile, 1857-1859, 66 cm X 55,5 cm, Paris, musée d’Orsay

L’auteure de cet article se doit de préciser que ce texte s’inscrit dans le cadre du clash des spés qui divise la rédaction depuis quelques temps. Entre les Grands Demeurés qui veulent prendre le pouvoir et les spé Anthropo qui s’accaparent les analyses *teasing du prochain numéro, le LB 54*, il était temps que la spé XIXe intervienne pour rétablir l’ordre dans les rangs !

 

Millet (Jean-François de son p’tit nom) naît en 1814 et connaît une carrière assez mouvementée, qui alterne entre les références classiques et les œuvres qui le sont moins. Arrivé à Paris, il est tour à tour élève de Gros et de Delaroche (classique). Il connaît la Bible, les textes mythologiques et antiques (classique), les auteurs anglais contemporains comme Shakespeare (pas classique depuis très longtemps), collectionne des œuvres du XVIIe siècle hollandais (classique), et bien d’autres encore. C’est un homme pétri de culture classique (sans blague) qui, après avoir principalement peint des scènes mythologiques et des portraits, décide d’aller peindre dans un coin de forêt pas loin de Fontainebleau : Barbizon. Il s’intéresse alors au genre du paysage. Mais c’est avant tout pour ses scènes de genre mettant en scène des paysans qu’il est le plus connu.

 

En effet, le nom de Millet ne vous est peut-être pas familier (sauf pour les personnes qui s’intéressent aux graines), mais les noms de ses peintures, comme L’Angélus (1857-1859, musée d’Orsay) ou encore Les Glaneuses (1857, musée d’Orsay), vous évoquent peut-être de doux souvenirs de lumière dorée qui se reflète sur les blés en fin de journée. Peut-être pensez-vous aussi à des paysans tout entier dévoués à leur travail agricole, n’ayant d’yeux que pour les récoltes.

 

Avec ces quelques éléments, on peut avoir l’impression que les œuvres sont harmonieuses et calmes. Pourtant, ça n’est pas du tout le sentiment qu’elles inspirent au public parisien lors du Salon. L’Angélus suscite la panique et les visiteurs se demandent ce que ces « épouvantails en haillons » font sur une toile. Le souvenir du peuple qui s’est révolté en 1848 hante encore les esprits des classes aisées. Le peuple représente une force dangereuse et qui est susceptible de renverser l’ordre établi.

 

Il ne faut pas non plus oublier que Les glaneuses représentées par Millet n’ont le droit d’exercer leur activité que depuis peu de temps. Elles sont autorisées à passer dans les champs en fin de journée afin de récupérer les épis négligés pendant les récoltes. C’est un travail de longue haleine, très physique puisqu’il faut se pencher pour ramasser les épis. De plus, elles ne peuvent le faire qu’après les récoltes, alors qu’elles ont déjà passé une journée entière à travailler. Le contraste entre leurs conditions de vie et celles des classes aisées du Second Empire qui se complaisent dans des fêtes et des spectacles plus fastueux les uns que les autres (j’exagère à peine), n’en est que plus fort.

 

Millet, c’est donc ce peintre qui donne aux paysans une visibilité dans un contexte social et politique plus que sensible. En les représentant de façon réaliste dans leurs véritables conditions de travail, généralement pendant l’effort que nécessite celui-ci, il leur confère une grandeur et une dignité qu’ils n’avaient pas auparavant. C’est un peintre qui s’engage pour les causes qui lui sont chères. Ses grands-parents étant paysans, il a côtoyé le travail de la terre dès son enfance et s’attache à en représenter la beauté dans ses toiles. Ses efforts sont récompensés à la fin de sa vie en 1875 et bien après : l’image de L’Angélus est devenue une icône du monde paysan et, lorsque le tableau revient en France en 1909 après avoir changé maintes et maintes fois de propriétaire, c’est un véritable triomphe qui est fait à la peinture.

 

Ivane

Héral’Hic – Un drôle d’oiseau de province

Blason

Blason de l’Aunis

 

Pour le numéro Paysan, on va parler de chez moi, détenteur en titre du fameux Trône de Bouse -c’est comme le Trône de Fer mais en moins coupant et en général on n’extermine pas des familles ou des villes entières pour se l’accaparer ! Et oui chers camarades, quoi de mieux que « l’évêché le plus crotté de France » – merci Monsieur le cardinal de Richelieu- pour illustrer cette thématique ? Bon en vérité nous n’allons pas parler du Sud-Vendée et du diocèse de Luçon mais plutôt de son voisin de La Rochelle, siège du gouvernement de la province royale la plus petite du Royaume de France, l’Aunis !

En effet, quel MAGNIFIQUE blason que celui de l’Aunis :  “De gueules (rouge) à une perdrix couronnée d’or.” Une perdrix … UNE P***** DE PERDRIX ! Mais pourquoi !? POURQUOI !?!?

Bon Billy calme toi -comment ça c’est moi qui ne suis pas calme ! ET MA MAIN DANS TA GUEULE ELLE EST CALME, ELLE !? En tout cas, une chose est sûre, elle marque rouge (#blaguedheraldiste).

Bon vraiment maintenant calmons-nous tous -oui toi aussi Billy ! Tu vas vraiment finir par me faire sortir de mes gonds là !- et cherchons ensemble une explication. En effet, il existe peu d’occurrences de l’usage dans la perdrix en héraldique (bien qu’elles existent chez les Guyonnet, les de Rambouillet, etc…) et pour ces occurrences, peu de sources sur une origine connue du choix de ce meuble -en bref, un truc sur un blason, sauf certaines figures géométriques dites pièces honorables, mais on reverra sans doute ça dans d’autres blasons. Ainsi, tout ce que l’on sait sur l’origine de ces armes c’est qu’elles ont été enregistrées pour la première fois en 1696 pour le gouvernement de La Rochelle, et donc la province de l’Aunis.

Voilà voilà ! On se retrouve la prochaine fois pour un autre blason et … Non je plaisante les enfants, bien sûr que l’on va chercher une explication capilotractée ensemble ! Mais oui ! Vous m’avez pris pour qui vous ?!

Anciennes provinces de France

Carte du Royaume de France avec les 36 gouvernements généraux en 1789.

Déjà, la couronne. Il existe bien une perdrix royale dans la nature (alectoris graeca -#taxonomicorgasm) et son vrai nom vernaculaire est perdrix bartavelle. Malheureusement, elle ne vit qu’à des altitudes dépassant 1 000 mètres, ce qui la rend difficile à rencontrer dans une province dont le point culminant est de 60 mètres -ne vous moquez pas. Peu probable donc. Une autre explication, plus logique, pourrait être trouvée dans la création de la province. Terre des ducs de Poitou depuis le IXe siècle, la région tombe dans le giron royal à la mort d’Alphonse de Poitiers en 1271 avant d’être élevée en province par séparation du Poitou (en 1373) et de la Saintonge (en 1374) par Charles V. De là donc, sans doute, la couronne chapeautant l’emblème d’une ville élevée en gouvernement par le roi. Et ce d’autant plus qu’elle sera le principal siège du parti huguenot éradiqué lors du siège de La Rochelle gagné par les troupes royales en 1628. Une manière pour la province de se racheter ? Pour le gouverneur en poste d’asseoir le pouvoir capétien sur la cité ?

Maintenant, pourquoi une perdrix ? Peut-être  que l’étymologie pourrait nous aider ici. En effet, l’Aunis est désignée au VIIIe siècle pagus Alnensis, appellation dérivée en pagus Alienensis ou même en Castrum Alionis (qui devient Châtelaillon), pour le reste l’étymologie plus précise de ce nom propre est encore controversée. Or souvenez-vous, le taxon de la famille des perdrix -je savais que ça me servirait un jour ! Il faut suivre les enfants !- est Alectoris -bon certes, pas pour TOUTES les perdrix mais pour les autres c’est Perdix, donc c’est moins intéressant. Ce qui pourrait nous amener à la perdrix rouge, qui vit, entre autres, dans l’Ouest de la France, appelée aussi Alectoris rufa. Donc ça passe ! Il y a peut-être une étymologie commune ! Car certes, le taxon Alectoris provient du grec alektor (“coq”) qui a donné en latin alectorius ou même alium (aussi orthographié allium qui signifie dans la plupart des cas “ail” (pour autant dans ce cas, allium vient du grec aglis, de même signification -oui je sais c’est compliqué) mais apparemment aussi parfois “perdrix”, ne me demandez pas pourquoi).

Et là OH MON DIEU ! TOUT EST LIÉ ! Car s’il est peu probable que le terme Aunis soit issu du latin alium, cela aurait pu donner des idées à Jean II d’Estrée, gouverneur de La Rochelle de 1692 à 1701 sous la direction duquel le blason qui nous intéresse depuis le début de cet article se retrouve pour la première fois. Ce fin lettré issu d’une des plus grandes familles de France, cherchant un blason pour sa province a peut-être cherché le terme latin (langue souvent maîtrisée par l’aristocratie) le plus proche du nom Aunis et peu emballé à l’idée de porter sur cet écu une gousse d’ail -ce qui, soit dit en passant, aurait été encore plus drôle et m’aurait permis tout autant de traiter de ces armoiries dans cette rubrique- aurait porté son choix sur la perdrix en prétextant une sombre histoire de synonymes.

Et bien en voilà une explication satisfaisante ! Ce n’est peut-être pas la vraie, mais au moins elle tient la route -mais si Billy, mais si … cesse d’être désobligeant s’il-te-plaît. Sur ce, et avec la sensation du devoir accompli, bise à dextre et à senestre !

Raphaël Vaubourdolle

Test – Quel champignon êtes-vous ?

Courrier du palpitant – 1 nouveau message !

« Bonjour le Louvr’Boîte !

J’ai entendu qu’il y avait une spécialiste des champignons parmi vous. Je comptais proposer à mon crush de partir à la cueillette, vu que c’est la saison et que la forêt d’Écouen me manque depuis mon TDO là-bas. Vous auriez des conseils de lieu sympa pour ma déclaration ? »

 

Réponse : On aurait plutôt eu tendance à te conseiller ces endroits clichés, tels que Notre Dame ou le Pont des Arts, mais puis

que le numéro de ce mois-ci est PAYSAN, allons-y pour des coins plus verts. Le château de Vincennes a son petit charme sous la neige de décembre (c’est du vécu), et le bois, qui est non loin, nous semble être plutôt propice. Toutefois, fais attention à bien préparer ton parcours, notre petit doigt nous a indiqué l’existence d’un centre naturiste dans ces environs. Par ailleurs, par cette saison, pensez à sortir couverts. Quitte à cueillir des champignons, on préférerait que ta cueillette se limite à quelques girolles… En attendant de proposer ce plan à ton crush ? Pourquoi ne pas faire un petit test pour réchauffer les coeurs ?

 

 

 

Qu’on les aime ou pas, on a tous un avis bien tranché sur les champignons.
Et bien il est enfin temps de savoir quel champignon vous êtes au fond de vous !
 

 

 

Eysenck’s Personality Inventory (EPI) (Extroversion/Introversion)

The Eysenck Personality Inventory (EPI) measures two pervasive, independent dimensions of personality, Extraversion-Introversion and Neuroticism-Stability, which account for most of the variance in the personality domain. Each form contains 57 « Yes-No » items with no repetition of items. The inclusion of a falsification scale provides for the detection of response distortion. The traits measured are Extraversion-Introversion and Neuroticism. Continuer la lecture

Histoi’Art – Un bretzel ou un sort ! Les sorcières en Alsace !

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Dessin par notre illustratrice Éloïse Briand

Ah l’Alsace, ses bretzels, sa cathédrale, ses bredala, ses cigognes… Qui n’est jamais tombé sous le charme sublime de cette région enchanteresse ? Si sa magie blanche entoure constamment les  touristes qui actuellement assiègent les marchés de Noël des villages de mon enfance, il y a des sortilèges et rites beaucoup plus sombres dans notre passé que vous ne connaissez sans doute pas ! Yésses Gott ne faites pas cette tête, elles ne sévissent plus chez nous aujourd’hui si tant est qu’elles aient réellement existé les pauvres. Oui, je parle des sorcières ! Si vous avez un peu peur avant de lire cet article, rien de mieux qu’un bon coup de schnaps avant de commencer. Hopla Geis ! Tous sur vos balais !

 

 

Gravure des Pendus de Hésingue, musée de Huningue

Gravure des Pendus de Hésingue pendant la Guerre de Trente Ans, musée de Huningue

On s’imagine souvent que l’âge d’or de la sorcellerie en France date du Moyen Âge mais les Historiens ayant recensé les procès sont d’accord pour affirmer qu’il s’agit en réalité des XVIème et XVIIème. L’Alsace est une des régions alors la plus touchée par la croyance et les jugements de sorcières… Cela s’explique avant tout par le fort contexte de famine, de maladies (peste et ergotisme) et de guerres lors de la Guerre de Trente Ans (1618-1648). Au début du XVIIème siècle, l’Alsace est un ensemble de mosaïques d’états et de villes libres. Mulhouse, ma ville de naissance, est quand même la plus vieille république de France si on y songe : 1347-1798  (bon d’accord à l’époque nous étions Allemands mais c’est un léger détail, de toute façon on se rattache à la France seulement quand la tout jeune première République est née, pas de roi chez nous pendant très longtemps donc !) Toutefois, cette guerre, qui prend place en plein petit âge glaciaire tombe très mal pour les populations paysannes qui sont les premières touchées par la recherche assidue de coupables à ces maux. La suspicion des voisins et des ennemis va bon train et amènent à de terribles accusations. Entre le XVème et le XVIème siècle, 80% des personnes visées par ses dénonciations sont des femmes. Cela ne vous étonne pas n’est-ce pas ? Qu’à cela ne tienne entre 1480 et 1520, la première vague de chasse à la sorcière alsacienne est organisée par l’Inquisition.

 

 

INSTITORIS et SPRANGER, Malleus Maleficarum, édition lyonnaise de 1669

INSTITORIS et SPRANGER, Malleus Maleficarum, édition lyonnaise de 1669

Comment retrouver ces perfides mégères qui sèment troubles et chaos dans la paisible plaine d’Alsace ? Cette histoire trouve ses origines bien avant la Guerre de Trente Ans… Qu’à cela ne tienne, le pape Innocent VIII rédige une bulle le 5 décembre 1484 intitulée Summis Desiderantes Affectibus. Celle-ci octroie à deux hommes de Sélestat, au centre de l’Alsace, le droit de mener les premiers féminicides au nom de l’éradication de la sorcellerie. Le nom de ces  deux crapules ? Heinrich Kramer et Jakob Spranger. Ceux-ci prennent très à cœur leur tâche au point que Spranger aidé d’Institoris, écrit entre 1484 et 1487 un ouvrage édifiant : le Malleus Maleficarum, mieux connu sous le nom de Marteau des Sorcières  qui explicite comment trouver les sorcières, comment les reconnaître, comment les capturer, comment leur faire avouer leurs crimes, comment instruire leur procès et comment s’en débarrasser. Véritable mode d’emploi, le livre va connaître un succès incroyable notamment dans tout le Saint-Empire-Romain-Germanique avec plus d’une trentaine de rééditions en latin et dans tous les formats ! Pour information ce livre est encore édité et publié de nos jours ! Bien évidemment la femme est naturellement accusée ouvertement d’être à l’origine de la sorcellerie puisqu’elle est une créature faible et non intelligente. Il faut bien garder à l’esprit qu’à cette époque la société était encore ultra machiste, patriarcale avec la figure féminine immédiatement rattachée à la faute du péché originel. La loquacité abrutissante de certaines épouses et les fausses-couches régulières font parfois douter de nombreux maris du bienfondé de leur mariage. Les guérisseurs sont ensuite les suivants le plus souvent incriminer. Célébrés en période de paix et prospérité, ils sont accusés en période de malheur d’avoir retourné leur pouvoir et avoir lancer des malédictions sur leur propre communauté.

 

 

 

WEIDITZ, Nonnes pactisant avec le diable, gravure

WEIDITZ, Nonnes pactisant avec le diable, gravure

Être une sorcière induit forcément une rencontre avec le Malin qu’on appelle souvent en Alsace Hemmerlin ou encore Peterlin. Toutes les classes de la société peuvent être accusées d’acoquinement avec le Diable, même si c’est quand même majoritairement le cas des paysans et surtout des personnes très marginales et fragiles. Dans tous les procès, certaines mentions sont récurrentes : Satan vient toujours visiter son futur serviteur à son domicilie ou directement sur son lieu de travail. Il donne alors lui-même un nouveau nom à ses recrues, ce qui donne lieu à des trouvailles très humoristiques pour les Historiens. Un procès incrime ainsi une jeune femme qui aurait reçu le prénom de Krauterdorschen par le Diable. Comprenez « Morue aux herbes » aujourd’hui en français. Tout le monde a toujours rêvé de se faire appeler Morue, surtout avec un tips cuisine aux aromatiques ! Le pacte signé entre la sorcière et Satan est ensuite effectif à partir du moment où les noces diaboliques ont été célébrées. Là aussi les registres de procès regorgent de détails. Elles sont célébrées la nuit dans un lieu sauvage isolée le soir du sabbat. Le scellement de l’union avec le Malin se concrétise une fois que l’appelée renie sa foi, ses parents et accepte sa damnation éternelle. Elle signe alors le serment de son propre sang. De grandes festivités sont ensuite organisées avec les autres sorcières, aux comportements lubriques et arrosés dignes des plus grandes bacchantes. Grand festin, danse magique toute la nuit sans être épuisé, tout est à l’heure de la fête. Enfin, alors la nuit se termine, le Diable clôt alors les noces en apposant sa fameuse marque sur sa nouvelle vassale. Ces faits nous sont parvenus via des témoignages avancés devant l’Inquisition. Un homme de Rouffach (ville considérée comme le plus haut lieu de sorcellerie dans le Haut-Rhin) assure qu’au retour d’une promenade à minuit, il aurait vu tout un cortège diabolique  dans un grand palais lumineux sur la colline du Bollenberg (haut lieu de rassemblement de sorcières qui revient dans de nombreux écrits, ancien lieu de rituels magiques celtes dédiés au dieu du feu Belen). D’autres procès n’hésitent pas à aggraver largement les faits reprochés en mentionnant même parfois des sacrifices d’enfant, des cadavres de bambins déterrés et démembrés, la cervelle de mort-nés récupérée pour faire des potions. Seuls les enfants non baptisés étaient visés. D’où l’empressement des parents, à chaque naissance, pour faire rentrer son nourrisson dans l’ordre de Dieu dès les premières heures de sa vie.

 

 

Mais qu’est-ce qui inquiète tant chez les sorcières ? Poudres magiques à base de cerveau, de peaux, d’écorces seraient utilisées pour détruire les récoltes. Des baguettes magiques seraient frottées avec des onguents. Parfois, on a même des accusations qui parlent de sorts jetés rien que par la parole, un geste bref ou même pire, uniquement un regard ! Certains témoins affirment même avoir vu des femmes se métamorphoser en créatures maléfiques planant la nuit au-dessus de leur village et voilant la lumière de la lune. Alors, pour se protéger, on a créé un autre mode d’emploi best-seller : le Geistlishe Schild (« le bouclier spirituel »). Ce livre de protection était même à force considéré comme un grimoire et certaines églises alsaciennes du Sundgau (partie extrême sud de l’Alsace avant les trois frontières) avaient des compartiments cachés en-dessous où le prêtre pouvait cacher son exemplaire des yeux des soricères pour ainsi protéger sa paroisse. Le format était de poche pour être discret.

La-Tentation-de-Saint-Antoine_Martin-Schongauer

SCHONGAUER, Tentation de Saint-Antoine, 1470-1475, gravure, H: 31 cm, NYC, the MET

Comment se passait alors les procès une fois les confessions des sorcières obtenues, souvent par la torture d’ailleurs ? Au XVIIème siècle, les juges étaient tous des religieux. Par la suite, au siècle suivant, les juges sont des laïcs. Chaque village a alors son Malefizgerich (tribunal de vingt-quatre juges). Dans 90% des cas pourtant pas d’illusion ! Les accusés finissent quasiment tous brûlés vifs. Heureusement pour nous aujourd’hui, les seules choses qu’on aime faire flamber en Alsace désormais, ce sont nos tartes !

Laureen Gressé-Denois

 

 

 

 

 

Si le sujet vous intéresse, je vous recommande vivement de faire un tour dans cette brève documentation :

L’apARTé scientifique – Pour aller plus loin Travail et champs de blé : la pire « invention » de l’humanité et l’âge d’abondance, ou l’article qui va me mettre à dos l’entièreté de Mens Sana

Champ de blé derrière l'hospice Saint-Paul avec un faucheur

VAN GOGH, Champ de blé derrière l’hospice Saint-Paul avec un faucheur, septembre 1888, huile sur toile, L: 72,5 cm, Essen, Musée Folkwang

 

Bon bon bon ! Je voulais vous refaire un petit mot pour vous donner deux-trois sources ou bouquins en lien avec le sujet, que ce soit pour les curieux ou les incrédules. Premièrement, je vous conseille deux vidéos du Vortex réalisées par Léo Grasset de la chaîne Dirtybiology et Clothilde Chamussy de la chaîne Passé Sauvage qui en parlent très bien :

 

 

 

Pour les rats de bibliothèque, quelques livres ou articles scientifiques :

    • Âge de pierre, âge d’abondance, par Marshall Sahlins (1972) : une compilation de toutes les études précédentes donnant de nombreux chiffres. Profitez-en, il est à la Bibliothèque de l’École !
    • Du pécari au manioc ou du riz sans porc ?, par Philippe Erikson (1998)
    • Pourquoi les Indiens d’Amazonie n’ont-ils pas domestiqué le pécari ?, par Philippe Descola dans De la préhistoire aux missiles balistiques (1994) : lui aussi est à la BU !
    • Homo domesticus. Une histoire profonde des premiers États, par James C. Scott (2019) : un ouvrage récent et très exhaustif sur la question, allant même un peu plus loin en se demandant qui de l’Homme ou des animaux / plantes a domestiqué l’autre -et je vous jure que c’est beaucoup moins con que ce qu’il n’y paraît !

 

 

 

Enfin, si vous êtes revenus ici c’est peut-être aussi parce que je ne vous ai pas du tout convaincu avec mon article, et c’est bien normal ! En effet si aujourd’hui, tout cela nous paraît rétrograde, c’est que nous sommes atteints d’un biais de sélection nommé biais du survivant : appartenant  à un pays « développé », notre vision des avantages et des inconvénients de la « révolution agricole » est forcément biaisée.

De plus, j’avoue ne pas avoir tout dit -calmez vous ! J’avais mille mots maximum OK !- mais rassurez vous, tous les faits sont vérifiés. Seulement, certains points sont consciemment assez peu développés, comme quoi il faut toujours faire gaffe à l’angle que prend le rédacteur d’un article -#espritcritique !

En effet, revenons sur cette histoire des enfants tous les quatre ans des chasseurs-récolteurs, parce que c’est peut-être un détail pour vous mais pour moi ça veut dire beaucoup -et une chanson dans la tête ! Une ! Ainsi, ce fait est dû à plusieurs causes que je n’ai pu expliquer par faute de place. Premièrement, la combinaison d’une activité physique intense avec un régime maigre et riche en protéines provoque une puberté plus tardive, une ovulation moins régulière et une ménopause plus précoce. Ce qui va encore dans le sens d’une agriculture très désavantageuse. Mais il faut tout de même noter que cette apparente natalité moindre est aussi bien souvent « aidée » à grands coups de sevrages retardés, absorptions d’abortifs, traitements négligés des nouveau-nés ou même infanticides. C’est directement un peu moins reluisant. En revanche, dans les sociétés agricoles, la sédentarité rend les premières menstruations plus précoces, le régime céréalier permet de sevrer les nourrissons plus tôt en leur faisant consommer bouillies et gruaux et un régime riche en glucides stimule l’ovulation et prolonge la vie reproductive des femmes. Mais rappelons encore une fois qu’il s’agissait alors quand même de combler un taux de mortalité sans précédent.

Ensuite, la sédentarisation a provoqué une possibilité d’accumulation de biens, inutile ou même fatale aux chasseurs-récolteurs. Des biens comme de l’art par exemple …

Enfin, il s’agit d’un sacré jugement de valeur de dire que l’agriculture était une mauvaise idée étant donné que le nombre de morts a fortement augmenté au sein des populations humaines ayant choisi une économie agricole. En effet, cela a aussi provoqué un taux de natalité sans précédent, donc beaucoup plus d’hommes et de femmes -ou d’enfants pour les nombreux qui n’atteignaient pas l’âge adulte … bon d’accord j’arrête- qui ont pu connaître l’amour, la joie, … le bonheur en bref. Car en effet vaut-il mieux le néant, sans souffrance ni bonheur, ou la mort, avec de la souffrance mais aussi du bonheur ? Vous avez quatre heures -mais comme moi je ne les ai pas, je vous laisse y répondre tout seul !

 

Enfin, je tenais à m’excuser auprès de tous les membres de Mens Sana qui ont pu prendre pour eux cette attaque envers l’agriculture. En effet, il nous serait impossible aujourd’hui de revenir à une économie pré-agricole. Il ne reste que trop peu d’espaces « naturels » indépendants de tout apport humain dans sa subsistance pour pouvoir nous nourrir. Nous sommes trop nombreux, trop grégaires, trop habitués à la propriété, … Car qui, je le demande, serait prêt à quitter son petit confort pour partir courir dans la forêt à la poursuite de sangliers ?

Mais dans cette situation, il nous reste des alternatives, et l’agriculture biologique et locale en est une. Cela ne nous sauvera peut-être pas (de toute façon on ne sait même pas si l’espèce humaine passera les cent prochaines années), mais c’est déjà un pas dans la bonne direction. Donc pour cela, merci Mens Sana !

 

PS : c’est bon ? Je peux garder mes paniers de légumes ?

 

Raphaël Vaubourdolle