En ce mois de décembre où les journées sont courtes et de plus en plus froides, rien de mieux que de rester sous la couette devant… un film ? Pour ce thème « Minuscule », l’occasion est parfaite pour mettre en avant nos personnages miniatures préférés, car être petit n’empêche pas d’accomplir de grandes choses ou bien de figurer parmi nos héros favoris. Si on se tourne vers l’Antiquité, la victoire de David sur Goliath l’illustre parfaitement ou même encore bon nombre de fables de La Fontaine telle que le Lion et le Rat. C’est notamment la fantasy qui a permis aux êtres de petite taille, qu’on intègre bien souvent sous la mention de « petit peuple », d’imprégner nos références littéraires et cinématographiques. Parmi les très nombreux films avec des héros minuscules, j’ai choisi aujourd’hui de vous parler d’un long métrage d’animation qui m’a particulièrement plu étant enfant et que je souhaite vous faire découvrir dans ce numéro : Arrietty : Le Petit Monde des Chapardeurs. Ce film n’est autre qu’une des nombreuses adaptations de la série de romans de l’autrice britannique Mary Norton, The Borrowers.
Année 2022-2023
RECETTE : les bombes de chocolat chaud
Les expériences scientifiques ne sont pas votre tasse de thé ? Il n’y a aucun problème et vous pouvez même épater votre entourage sans avoir à vous casser la tête tout en vous faisant plaisir.
Les journées raccourcissent et le froid gagne petit à petit votre appartement. Pour cela, rien de tel qu’une bonne tasse de chocolat chaud pour se remonter le moral après une longue journée remplie de cours d’HGA.
Voici une petite recette toute sympathique et amusante : les bombes de chocolat chaud. Et rassurez-vous, il n’y a pas besoin d’être Einstein pour y arriver !
Drôles d’images scientifiques : croiser l’estampe et la science au XVIe siècle
Pour ce numéro Science, le Louvr’Boîte vous propose un petit partenariat avec le compte Instagram de la spé Estampe, l’Art sous Presse (@l_art_sous_presse). Laissez-vous guider dans les méandres des estampes scientifiques du XVIe siècle !
Les estampes dans les ouvrages scientifiques
Lorsqu’un problème scientifique nous paraît suffisamment abscons ou difficile pour n’y rien comprendre, on a souvent le réflexe de chercher sur Internet ou sur Youtube une explication plus détaillée pour tenter d’appréhender différemment les choses. Ces autres types de médiations scientifiques passent souvent par des représentations imagées pour faciliter la compréhension scientifique du problème posé. En posant ses idées sur une feuille blanche de façon efficace, on arrive à se mettre les idées au clair.
Les Anciens étaient déjà au fait de cette nécessité, en témoigne l’omniprésence des images dans les ouvrages depuis la période antique. Tout le monde connaît probablement les grandes planches illustrées de l’encyclopédie de Diderot et d’Alembert qu’on nous montre si régulièrement à l’École du Louvre pour nous parler des techniques de création (eh oui, mais ici c’est de l’anatomie !), mais il ne faut pas oublier que les premières illustrations scientifiques étaient d’abord faites à la main.
Le XVIe siècle va donc cependant apporter une nouveauté d’importance dans le domaine de l’édition scientifique : l’image gravée et imprimée, d’abord gravée sur bois puis très rapidement sur cuivre. Le basculement de ces dessins manuscrits vers cette technique d’impression qui permet de démultiplier les exemplaires facilite grandement la diffusion européenne de la connaissance. C’est un des facteurs qui participe véritablement au développement du courant humaniste de l’Italie à l’Allemagne.
Le premier problème des techniques du bois et de la gravure au burin sur cuivre, c’est qu’elles nécessitent une formation à l’art de graver que nos humanistes européens du XVIe siècle n’ont que rarement. Aussi il est encore assez rare avant la deuxième moitié du XVIe siècles de trouver des traités illustrés (par des gravures) et écrits par une même personne. Cette disjonction entre d’un côté le contenu textuel et scientifique et les images qui peuvent être insérées dans les ouvrages donne parfois d’étonnants (voire détonnants) décalage à nos yeux aujourd’hui.
Test : Quel domaine scientifique êtes-vous ?
Sciences formelles (la logique, les mathématiques, les statistiques), naturelles (biologie, zoologie, écologie, génétique ou neuroscience) ou sociales (l’individu et la société) qu’est-ce qui vous correspond le mieux ?
Que vous soyez littéraires, économistes, ou encore matheux en perdition… n’hésitez pas à voir quel domaine vous conviendrait le mieux ! (le mieux du pire)
Entomologie et art : les insectes, ces drôles de petites bêtes
J’adore les insectes. Ce petit peuple fascinant aux capacités physiques plus qu’extraordinaires (vous êtes capable, vous, de vous jeter d’une hauteur qui équivaut à 100 fois la vôtre et d’être encore parfaitement en vie ? Ou de porter 1000 fois votre poids ? Je ne crois pas, non). Je les trouve tellement mal aimés que je veux aujourd’hui leur donner leurs lettres de noblesse et tenter de vous faire aimer les insectes et leurs particularités géniales à travers leur symbolique et présence dans l’art (Je vais rester fidèle stricto-sensu au terme d’entomologie qui désigne « l’étude scientifique des insectes » donc rassurez-vous pour les plus arachnophobes d’entre vous, on ne parlera ni d’araignée, ni de scorpion aujourd’hui) !
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Ursule, la libellule
Notre amie la libellule, toute jolie qu’elle est, est pourtant symbole de péché, notamment dans les natures mortes nordiques baroques. Mais pourquoi est-elle emblème du mal, à l’instar de la mouche ? Il faut remonter le temps et aller chercher dans la mythologie germanique, l’association des libellules à la déesse de l’amour, Freyja. Puis, lors de la christianisation, elles sont réutilisées comme symbole du diable en lui attribuant faussement un dard et tout cela pour lutter contre la paganisation. Ainsi, les libellules sont craintes dans beaucoup de traditions populaires : elles sont surnommées « marteaux du diable » en wallon par exemple mais aussi « papillons d’amour » en savoyard. En effet, en Savoie, un dicton veut que si l’on rapporte une libellule à la maison et qu’elle meurt avant l’arrivée, c’est un mauvais présage d’amour. Ainsi, la libellule est tantôt associée à l’amour, tantôt au mal qui lutte contre les forces du bien.
Je sors ma science : Il est possible que les différentes croyances associant la libellule et l’amour viennent de l’observation du mode de reproduction de cet insecte. En effet, lors de l’accouplement les libellules créent une très jolie forme que l’on nomme « cœur copulatoire ». En fait, le mâle saisit la femelle au niveau du thorax avec ses pinces pour bien la maintenir pendant l’acte puis la femelle place son pore génital au niveau des organes reproducteurs mâles. Le tout forme un cœur (un peu dessiné par un enfant de maternelle mais bon c’est l’intention qui compte). Certaines espèces peuvent même s’envoler dans cette position si elles sont dérangées au cours de l’accouplement. Peut être que cette forme fascinante a intrigué nos ancêtres jusqu’à les laisser penser que la libellule était un envoyé de l’amour !
Exposition Evaristo Baschenis – Galerie Canesso
Evaristo Baschenis ? Ce nom ne vous dit peut-être encore rien. Voici donc l’occasion parfaite de le découvrir ainsi que quelques-unes de ses œuvres les plus remarquables grâce à l’exposition de la Galerie Canesso.
L’exposition Evaristo Baschenis s’inscrit dans la volonté de la galerie d’organiser tous les trois à quatre ans environ des expositions faites en collaboration avec des institutions italiennes et tout particulièrement cette année en éclairant un artiste encore très méconnu en France et jamais exposé sur notre territoire. Ainsi elle se démarque du cadre commercial de la galerie tout en gardant cette appétence pour l’Italie. En effet, la Galerie Canesso expose principalement des tableaux italiens de la Renaissance au baroque, le directeur étant lui-même italien. Vous avez jusqu’au 17 décembre pour saisir cette formidable occasion et vous laisser transporter dans l’œuvre et le style si caractéristiques de Baschenis, mais avant toute chose, laissez-nous vous en dire davantage sur cet artiste et susciter votre curiosité ! Continuer la lecture
Top 5 des miracles du Bouddha
Le Bouddha. Ce nom vous dit sûrement quelque chose. Pour certains, c’est un voyage vers l’Asie, la méditation, les sons apaisants, le Tibet, etc. Pour d’autres, qui ont suivi assidûment la douce voix de Thierry Zéphir dans l’obscurité de l’amphithéâtre Rohan, il est un prince indien nommé Siddhârtha Gautama, né dans les environs du Ve siècle avant notre ère. Eveillé à Bodh Gaya, c’est un sage ascétique qui enseigne des préceptes permettant d’accéder au nirvana et de stopper le cycle des réincarnations.
Cependant, le Bouddha n’est pas que prières, méditations, ascèses et prêches à travers l’Inde, un chignon sur le crâne (attention les 1A, c’est une déformation crânienne !), les yeux mi-clos dans la position du lotus. C’est aussi un personnage énigmatique et mystique auquel on accorde de nombreux pouvoirs et miracles, bien que lui-même affirmait ne pas souhaiter les mettre en avant.
Bien avant son Éveil en tant que Bouddha, le prince Siddhârtha était marqué comme étant un être spirituel d’exception. En effet, parmi ses 32 marques physiques, citons les plus étranges dont on ne vous parlera pas en cours. Tout d’abord, pour lui faciliter la vie, ses doigts et orteils étaient finement palmés et ses paumes de mains lui arrivaient aux genoux (un peu comme Sammy dans Scooby-Doo, voyez-vous…). Spiritualité oblige, son sexe était bien évidemment caché à la vue de tous, remplacé par une extraordinaire aura rayonnant à trois mètres autour de lui. Enfin, en plus d’avoir quarante dents au lieu de trente-deux et une langue plus longue et large que la moyenne, le corps du Bouddha semblait être un puzzle fait de différentes parties animales : les mollets d’un cerf royal, le torse et la mâchoire d’un lion, les cils d’un taureau royal. Plus tard, il devint également égérie d’une marque de shampooing car quatre-vingts marques mineures devinrent également canoniques et parmi elles : des cheveux sentant constamment le lotus blanc. Rien qu’avec cette liste non-exhaustive, on pourrait déjà lui décerner une palme.
1) La naissance
Mais pour en revenir à ses miracles, je place celui de sa naissance comme grand gagnant. A Lumbini, il sortit les mains jointes du flanc de sa mère (la voie normale ce n’était pas assez bien pour lui…), puis, après un premier bain, il fit sept pas vers le Nord, et à chacun d’eux une fleur de lotus s’épanouit (il nous aurait réglé le problème de la déforestation vite fait bien fait, lui !). Il regarda ensuite les autres points cardinaux et contempla l’ensemble de la création sur laquelle il allait étendre sa spiritualité. Essayez de visualiser un petit bambin de quelques heures faire tout cela et, vous aussi, vous donnerez la médaille d’or à ce miracle.
2) Shravastî
En deuxième position, bien évidemment, je ne pouvais que vous parler de ce qui est considéré comme son plus grand miracle après son éveil, j’ai nommé le Grand Miracle de Shravastî ! Devant une assemblée de maîtres hérétiques, le Bouddha accomplit plusieurs miracles. En lévitation, il fit jaillir de ses pieds des flots et de ses épaules des flammes. Puis, s’amusant à les déplacer autour de son corps, il les utilisa pour éclairer le cosmos (rien que ça !).
3)… Encore Shravastî !
Le troisième miracle est une version alternative de ce Grand Miracle de Shravastî que je trouve très originale. Dans cette version, le Bouddha dupliqua son image à l’infini (de toute évidence, Doctor Strange dans Marvel est un total plagiat…). Après avoir réglé tous les débats théologiques avec ce petit miracle, le Bouddha créa un double de lui-même pour que ce dernier lui pose des questions auxquelles il aurait répondu lors d’un prêche.
4) La descente des Trente-Trois dieux
En quatrième position, la Descente des Trente-Trois dieux est bien évidemment un évènement majeur dans la vie de « l’Eveillé ». Souhaitant prêcher sa doctrine aux trente-trois deva (divinités hindoues vivants dans un « paradis » dirigé par Indra), le Bouddha monta au ciel et resta enseigner pendant trois mois. Puis, au terme de la saison des pluies (malin ce Bouddha), il redescendit sur une échelle sertie de joyaux offerte par Indra.
5) Le miracle de l’éléphant furieux
En bon dernier, le miracle de l’éléphant furieux se devait tout de même d’être cité dans ce top cinq. Le cousin du Bouddha, Devadatta, jaloux, lui envoie à Râjagriha un éléphant déchaîné détruisant tout sur son passage. Trois versions de sa victoire existent. La plus connue nous raconte que c’est à la force de sa compassion que le Bouddha dompta l’animal, qui finit par se prosterner devant lui. Une autre dit que c’est grâce à l’illusion de deux lions et d’une mer de feu que l’éléphant s’immobilisa de peur. Enfin, la dernière explique que le Bouddha aurait imité le barrissement d’un éléphant femelle, calmant ainsi l’animal furieux.
Comme sur Watchmojo, des mentions spéciales peuvent être accordées à des épisodes miraculeux ayant eu lieu avant l’éveil du prince Siddhârtha et que je trouve, en toute subjectivité, très sympathiques. Alors qu’il était un jeune garçon, assis sous un arbre dans la campagne, le prince effectue sa première méditation. Toute la journée, l’ombre de l’arbre resta sur lui pour le protéger du soleil qui, lui, continua sa course. En période de canicule, moi je trouve ça très utile comme miracle ! Enfin, lors de son départ du palais pour commencer une vie d’ascète pour atteindre l’éveil, le prince Siddhârtha se coupa les cheveux. Il déclara que s’il était réellement voué à s’éveiller en tant que Bouddha, ses cheveux resteraient en l’air après avoir été lancés. Je vous laisse deviner ce qui se passa alors…
Cassandre BRETAUDEAU
Deux légendes fantastiques praguoises
De toutes les légendes praguoises, la plus fameuse est sans doute celle de Faust. Mais pour ce numéro Magie, laissez-moi vous faire découvrir deux autres histoires fantastiques sur des monuments de la capitale tchèque. L’une est plus malheureuse que l’autre mais toutes deux s’achèvent sur une belle touche d’humanité qui réchauffera peut-être votre cœur en ces premiers jours de froid.
L’enfant innocent du pont Charles
Au XIVe siècle, dans le contexte des luttes du grand schisme d’Occident, Wenceslas IV, roi des Romains et de Bohême, fit arrêter Jean Népomucène, vicaire général de l’archevêque de Prague, et le fit précipiter dans la rivière Vltava du pont Charles. L’événement fut suivi d’une crue soudaine et violente qui brisa le pont. Ce dernier demeura longtemps irréparable : chaque jour, à l’aube, les maçons constataient avec effroi que tous leurs efforts s’étaient comme évaporés dans la nuit. Jusqu’au jour où l’un d’entre eux décida qu’il en avait assez.
Curieux, le jeune homme veilla une nuit sur le pont et le Diable en personne lui apparut. Comprenant qu’il n’obtiendrait rien du Mal incarné par la simple raison, il accepta sa proposition : les maçons pourraient réparer le pont à condition que la première personne à le traverser soit livrée au Diable. Le lendemain soir, le pont était achevé. Mais entretemps, le jeune homme s’était rendu compte de la cruauté de son pacte. Il décida de se faire plus malin que le Diable et plaça des gardes aux entrées du pont. Le lendemain, à l’aube, il y lâcherait un coq.
Mais le Diable avait une longueur d’avance. Sous l’apparence d’un maçon, il se rendit chez le jeune homme pour hâter sa femme de rejoindre son mari sur le pont. Les gardes, la reconnaissant, la laissèrent passer. Quelle fut l’horreur du jeune homme lorsqu’il comprit le destin tragique qui attendait son épouse et l’enfant qu’elle portait encore en son sein. A nouveau, il crut échapper aux desseins du Diable et renvoya sa femme chez lui en espérant livrer sa propre vie à la place. Mais le Diable ne vint jamais et, à l’aube, le jeune homme regagna sa maison pour constater le décès de son épouse et de leur enfant. Peu après, le jeune homme mourut à son tour.
Il est dit que, des siècles durant, le fantôme du mort-né hantait le pont Charles et qu’on pouvait discerner ses éternuements dans le brouillard des froides matinées. Mais un jour, un homme l’entendit et répondit « A tes souhaits ». Ces simples mots, empreints d’humanité, suffirent à libérer l’âme de l’enfant qui put enfin reposer en paix.
L’Atlas de Malá Strana
Depuis les années 1820, une statue géante d’Atlas garde l’entrée du jardin Vrtbovska. Un jour, une petite fille du voisinage la remarqua en levant les yeux et fut prise de pitié pour le destin d’Atlas, chargé de porter le poids du monde sur ses épaules. Dès lors, elle vint tous les jours saluer la statue et parfois déposer des fleurs devant le portail.
Elle ne comprenait pas comment les fleurs qu’elle déposait chaque jour sur le sol pavé pouvaient se retrouver le lendemain au pied de la statue. Mais cela ne la préoccupait pas beaucoup. Du reste, elle rêvait de pouvoir atteindre le pauvre Atlas, de pouvoir le toucher, pour lui partager qu’il n’était pas seul.
Un jour, elle vint le saluer et lui déposer des fleurs, comme à l’accoutumée, et s’en retourna insouciamment en gambadant dans la rue. Au même moment, les chevaux effrayés d’un boucher du marché de Lesser Town surgirent, dévalant la rue Klimentska en direction du jardin. Craignant qu’ils ne la renversent, Atlas se réveilla, sauta du portail et jeta son globe à terre. D’un geste, il stoppa net les chevaux. La petite fille put enfin atteindre le géant qu’elle étreignit avant qu’il ne retourne sur son portail. Une fois rentrée, elle raconta ses aventures à sa mère et dès lors, reconnaissantes, elles déposèrent chaque jour ensemble des fleurs aux portes du jardin.
Sur le sol pavé de la cour où Atlas a jeté son globe, demeure un renfoncement qui s’emplit d’eau les jours de pluie. Il est dit que cette eau ouvre les portes à toutes les légendes du monde et que les oiseaux du jardin Vrtbovska qui s’en abreuvent peuvent entonner toutes les chansons du monde et chanter les légendes de Prague dans le monde entier.
D’après la chaîne YouTube Old Prague Legends.
Suzon GAUTHIER
Prenez donc un peu d’extrait de saturne !
– Sortez vos athanors et vos aludels : aujourd’hui, interro d’alchimie ! Je vois à vos grands yeux écarquillés que n’avez pas ouvert vos vieux grimoires poussiéreux
de tout l’été… Et bien, nous allons reprendre un peu les bases de l’alchimie médiévale ensemble, si vous le voulez bien, afin d’en mieux cerner la quintessence !
- Dépoussiérons un peu ce terme équivoque d’ “alchimie”
L’alchimie est une discipline qui s’inscrit dans l’histoire des sciences et qui a laissé des traces dans la médecine traditionnelle occidentale jusqu’au XIXème siècle. Non seulement des traités comme le Rosarium philosophorum (XIVe siècle) écrit par le pseudo-Arnaud de Villeneuve continuent alors d’être traduits et diffusés, mais en outre, on utilise encore certains remèdes alchimiques comme l’extrait de saturne – ou acétate de plomb – pour soigner les chevaux par exemple.
– Mais… mais si la discipline se calque sur la médecine, c’est pas d’la magie alors ?!
– Minute papillon ! Je vais y venir.
D’où ça vient ?
L’alchimie est une discipline dont l’étymologie montre à quel point elle a fait le tour de
l’Orient et de l’Occident ! Le mot serait composé de l’article arabe al et du mot Kimija, qui renvoie à la pierre philosophale. Du monde arabe, on retient d’ailleurs de grands noms en alchimie, comme Avicenne, Averroès… Mais ce mot arabe pourrait lui-même remonter du grec /chumeia/ ( χ υ μ ε ι ́ α) qui signifie “mélange de liquides” ou même du copte chame, qui signifie “noir” et qui désigne les Egyptiens et leurs arts.
-Ok… Mais c’est magique ou paaaas ???
-Mais c’est que tu es têtu, par ma barbe !
-Gloups !
- Magie ou non ?
L’alchimie peut être rattachée aux sciences car elle vise, au moyen d’hypothèses et d’expériences, l’acquisition de savoirs. Mais…
-Aha ! Il y a un mais ! donc l’alchimie c’est de la magie en fait !!!
-Oui et non…
-C’est une réponse de Normand, ça !
Laisse-moi donc poursuivre. Là où réside la spécificité de l’alchimie, c’est dans son contenu ésotérique et mystique. L’alchimie ne peut être limitée à la transmutation du plomb en or. En essayant d’égaler la nature en tentant de recréer le matériau le plus parfait, l’or, c’est le chercheur qui cherche également à atteindre la perfection de l’âme. L’approche alchimique est donc radicalement différente de notre conception occidentale actuelle de la science…
-Et c’est pour cela qu’on l’associe à la magie ?
-Pas seulement !
- Les mystères de l’alchimie
Bien qu’admise au sein de la société médiévale sans restriction au début du Moyen-Âge, l’alchimie n’est pas longtemps exempte de critiques et de condamnations (notamment pour fraude, faux-monnayage), et devient la cible de nombreuses rumeurs. Dans ce contexte de contestation, une vision plus élitiste de la discipline émerge, conduisant à la production de discours cryptés. Les substances sont nommées par des noms de dieux grecs/planètes, et les outils, par des noms d’animaux ou de végétaux, ou bien l’alchimiste le plus suspicieux aura recours à des symboles.
-Wahou ! Des idéogrammes !
Enfin, ce sont les Romantiques qui, au XIXe, ont véhiculé cette image du vieux mage à moitié fou perdu au milieu de ses alambiques et parchemins, à la croisée entre romantisme noir et historicisme néo-gothique. Bien sûr, les romans et films du XXe siècle ont perpétré le lieu commun, en témoignent les premières pages de Cent ans de solitude, un monument de la littérature latino-américaine que l’on doit à Gabriel García Márquez :
“Un gros gitan à la barbe broussailleuse et aux mains de moineau, qui répondait au nom de Melquiades, fit en public une truculente démonstration de ce que lui-même appelait la huitième merveille des savants alchimistes de Macédoine. Il passa de maison en maison, traînant après lui deux lingots de métal, et tout le monde fut saisi de terreur à voir les chaudrons, les poêles, les tenailles et les chaufferettes tomber tout seuls de la place où ils étaient, le bois craquer à cause des clous et des vis qui essayaient désespérément de s’en arracher, et même les objets perdus depuis longtemps apparaissaient là où on les avait le plus cherchés, et se traînaient en débandade turbulente derrière les fers magiques de Melquiades. « Les choses ont une vie bien à elles, clamait le gitan avec un accent guttural; il faut
réveiller leur âme, toute la question est là. »”
– Donc en fait, ta barbe, c’est du toc ?
– Du toc ?! Non mais quelle outrecuidance ! Tu vas voir ce que tu vas voir ! « Kzedledjhekhfkeldejeizdhoàç » !!!!
– Aha ! Tu fais moins le malin maintenant !
– Aaaaaaaaaahhhhhhhh !!!!!
- Bibliographie (à potasser pour votre interro qui est reportée au prochain numéro…)
- L’alchimie au Moyen Âge : XIIe-XVe siècles, Antoine Calvet, 2018, éd. Vrin
- Les traductions d’ouvrages d’alchimistes de Marcellin Berthelot (sur Gallica et Google books)
- Les premières pages de Cent ans de solitude de Gabriel García Márquez (1967)
- dictionnaire en ligne du CNRTL : https://www.cnrtl.fr/definition/alchimie
- Le blog des compagnons de Valerien : http://compagnonsdevalerien.over-blog.com/
- “Art et nature dans l’alchimie médiévale”, Revue d’histoire des sciences, 1996, Barbara OBRIST : https://www.persee.fr/doc/rhs_0151-4105_1996_num_49_2_1256
Blandine
« MAGGI®, MAGGI®, et vos idées ont du génie ! » : Comment Picasso et l’Afrique sont tombés amoureux du bouillon Kub
Ceci est une déclaration d’amour au MAGGI.
Lecteur, ne ris pas. Que me jette la première pierre l’être qui n’a jamais utilisé ni bouillon Kub, ni arôme MAGGI. Celui qui n’a jamais relevé sa soupe ou son riz de quelques gouttes brunes, sorties de ce flacon tout de rouge et de jaune vêtu. Et, si tout le monde connaît le MAGGI, si nous sommes nombreux à en relever nos plats dans les moments d’intense flemme culinaire, qui ici en connaît réellement l’histoire ? Qui sait que, grâce au MAGGI, Picasso et les Africains partagent une autre passion que les masques traditionnels ? Parce que la magie c’est bien, mais que la nourriture aussi, partons ensemble nous interroger sur la naissance de ce célèbre petit arôme.
L’homme de la situation : Julius Maggi
S’il y a un monsieur vers qui se tourner pour percer les secrets de l’arôme, c’est probablement Julius Maggi. La très sérieuse page web Histoire de l’entreprise MAGGI nous apprend que l’entrepreneur, né en 1846, est un homme « engagé et passionné ». Rien que ça. Et que le MAGGI était un véritable projet social à destination des travailleurs. Rien que ça là encore. Lecteur, ne ris toujours pas, l’arôme qui assaisonne tes pâtes possède un historique complexe.
Fils d’un propriétaire d’usines né en Italie, Julius base sa propre entreprise de farines de blé près de Zurich. Il conçoit très vite les mutations qui se font jour dans le monde du travail suite à l’industrialisation. La place de la femme est à la cuisine ? Le XIXe siècle la situe plutôt à l’usine, avec à la clé, moins de temps passé au foyer à préparer la nourriture. L’exode rural mène également à l’abandon des comportements alimentaires autosuffisants. Julius Maggi conçoit donc comme un impératif de produire industriellement de la nourriture peu chère et de qualité.
C’est la rencontre du chef d’entreprise avec le médecin Fridolin Schuler et la Société suisse d’utilité publique, en 1882, qui le décide à inventer de nouvelles farines de pois et des haricots en poudre, à haute valeur nutritionnelle. C’est également le début des soupes instantanées… en 1885 (eh oui, vos petits ramen du soir sont de vrais grands-pères) !
Et notre saint arôme MAGGI, exclusivement végétal, naît en 1886.
Il se décline en cubes dès l’année suivante. Très exigeant en termes de communication, Julius Maggi fait immédiatement protéger les noms et logo du produit. Il est également l’un des premiers à utiliser les plaques émaillées, et fait appel aux meilleurs publicitaires de l’époque, tel Leonetto Cappiello, auteur d’affiches pour le chocolat Poulain ou le vin Dubonnet. Campagnes publicitaires sur les bateaux-mouches, distribution gratuite d’échantillons et cartes de fidélité, tout le concept était extrêmement bien rodé. Bien plus tard, dans les années 1980, l’entreprise va pousser le vice de la communication jusqu’à faire réaliser ses publicités par Jean-Jacques Annaud ou Serge Gainsbourg. Quand on vous disait que le MAGGI, c’était très sérieux !
J’en vois un au fond de la salle qui se gausse et assène qu’il n’a jamais consommé de MAGGI, que cette sauce brune et fade inconnue au bataillon ne trouvera jamais grâce à ses yeux. Mais j’ai conscience de m’adresser à un public étudiant, friand de Tupperwares de pâtes et de purée en flocons… Car oui, Mousline, la douce compagne de vos soirs de révision, a elle aussi été inventée par la société MAGGI en 1963. Nous sommes alors aux prémices des protestations étudiantes qui vont éclater dans toute leur superbe en mai 68. Alors, l’arôme MAGGI ne serait-il pas un peu… magique ?
Et l’Afrique, me direz-vous ? Et Picasso ?
Si la marque a été rachetée en 1947 par Nestlé, notre charmante petite bouteille brune existe toujours, et MAGGI s’est même classée en 2019 comme la 3e marque alimentaire la plus choisie au niveau mondial. L’arôme connaît notamment un succès fulgurant en Afrique, où beaucoup de recettes le mentionnent, et où 100 millions des célèbres Kub s’écoulent chaque jour ! A tel point que la marque a dû s’adapter aux goûts locaux, et incorporer dans sa recette, selon les pays, un goût de crevette ou du manioc. Alors, vous êtes convaincus cette fois ?
Allez, la touche d’histoire de l’art qui vous a maintenus en haleine durant tout cet article. Le Picasso. Car vous apprendrez qu’en 1912, le maître du cubisme s’est entiché du bouillon Kub, qu’il a même fait figurer dans une petite huile sur toile, Paysage aux affiches, détenue par le musée d’Osaka. La réflexion sur le Kub/cubisme a même fait l’objet d’un article de Maria Elena Versari dans une revue de recherche, en 2003 (allez jeter un œil sur Persée). De quoi vous donner de belles idées pour vos sujets de masters.
C’est moche mais on le place quand même en tout petit tout en bas parce qu’on est des rédacteurs très très sérieux dans nos investigations : MAGGI® est un nom réservé donc voilà, petit ® pour être en toute légalité.