Top 5 des miracles du Bouddha

Bouddha Shakyamuni, Wikimedia Commons

Le Bouddha. Ce nom vous dit sûrement quelque chose. Pour certains, c’est un voyage vers l’Asie, la méditation, les sons apaisants, le Tibet, etc. Pour d’autres, qui ont suivi assidûment la douce voix de Thierry Zéphir dans l’obscurité de l’amphithéâtre Rohan, il est un prince indien nommé Siddhârtha Gautama, né dans les environs du Ve siècle avant notre ère. Eveillé à Bodh Gaya, c’est un sage ascétique qui enseigne des préceptes permettant d’accéder au nirvana et de stopper le cycle des réincarnations. 

Cependant, le Bouddha n’est pas que prières, méditations, ascèses et prêches à travers l’Inde, un chignon sur le crâne (attention les 1A, c’est une déformation crânienne !), les yeux mi-clos dans la position du lotus. C’est aussi un personnage énigmatique et mystique auquel on accorde de nombreux pouvoirs et miracles, bien que lui-même affirmait ne pas souhaiter les mettre en avant. 

Bien avant son Éveil en tant que Bouddha, le prince Siddhârtha était marqué comme étant un être spirituel d’exception. En effet, parmi ses 32 marques physiques, citons les plus étranges dont on ne vous parlera pas en cours. Tout d’abord, pour lui faciliter la vie, ses doigts et orteils étaient finement palmés et ses paumes de mains lui arrivaient aux genoux (un peu comme Sammy dans Scooby-Doo, voyez-vous…). Spiritualité oblige, son sexe était bien évidemment caché à la vue de tous, remplacé par une extraordinaire aura rayonnant à trois mètres autour de lui. Enfin, en plus d’avoir quarante dents au lieu de trente-deux et une langue plus longue et large que la moyenne, le corps du Bouddha semblait être un puzzle fait de différentes parties animales : les mollets d’un cerf royal, le torse et la mâchoire d’un lion, les cils d’un taureau royal. Plus tard, il devint également égérie d’une marque de shampooing car quatre-vingts marques mineures devinrent également canoniques et parmi elles : des cheveux sentant constamment le lotus blanc. Rien qu’avec cette liste non-exhaustive, on pourrait déjà lui décerner une palme. 

1) La naissance

Mais pour en revenir à ses miracles, je place celui de sa naissance comme grand gagnant. A Lumbini, il sortit les mains jointes du flanc de sa mère (la voie normale ce n’était pas assez bien pour lui…), puis, après un premier bain, il fit sept pas vers le Nord, et à chacun d’eux une fleur de lotus s’épanouit (il nous aurait réglé le problème de la déforestation vite fait bien fait, lui !). Il regarda ensuite les autres points cardinaux et contempla l’ensemble de la création sur laquelle il allait étendre sa spiritualité. Essayez de visualiser un petit bambin de quelques heures faire tout cela et, vous aussi, vous donnerez la médaille d’or à ce miracle. 

2) Shravastî

En deuxième position, bien évidemment, je ne pouvais que vous parler de ce qui est considéré comme son plus grand miracle après son éveil, j’ai nommé le Grand Miracle de Shravastî ! Devant une assemblée de maîtres hérétiques, le Bouddha accomplit plusieurs miracles. En lévitation, il fit jaillir de ses pieds des flots et de ses épaules des flammes. Puis, s’amusant à les déplacer autour de son corps, il les utilisa pour éclairer le cosmos (rien que ça !). 

3)… Encore Shravastî !

Le troisième miracle est une version alternative de ce Grand Miracle de Shravastî que je trouve très originale. Dans cette version, le Bouddha dupliqua son image à l’infini (de toute évidence, Doctor Strange dans Marvel est un total plagiat…). Après avoir réglé tous les débats théologiques avec ce petit miracle, le Bouddha créa un double de lui-même pour que ce dernier lui pose des questions auxquelles il aurait répondu lors d’un prêche.

4) La descente des Trente-Trois dieux

En quatrième position, la Descente des Trente-Trois dieux est bien évidemment un évènement majeur dans la vie de « l’Eveillé ». Souhaitant prêcher sa doctrine aux trente-trois deva (divinités hindoues vivants dans un « paradis » dirigé par Indra), le Bouddha monta au ciel et resta enseigner pendant trois mois. Puis, au terme de la saison des pluies (malin ce Bouddha), il redescendit sur une échelle sertie de joyaux offerte par Indra. 

5) Le miracle de l’éléphant furieux

En bon dernier, le miracle de l’éléphant furieux se devait tout de même d’être cité dans ce top cinq. Le cousin du Bouddha, Devadatta, jaloux, lui envoie à Râjagriha un éléphant déchaîné détruisant tout sur son passage. Trois versions de sa victoire existent. La plus connue nous raconte que c’est à la force de sa compassion que le Bouddha dompta l’animal, qui finit par se prosterner devant lui. Une autre dit que c’est grâce à l’illusion de deux lions et d’une mer de feu que l’éléphant s’immobilisa de peur. Enfin, la dernière explique que le Bouddha aurait imité le barrissement d’un éléphant femelle, calmant ainsi l’animal furieux.  

Comme sur Watchmojo, des mentions spéciales peuvent être accordées à des épisodes miraculeux ayant eu lieu avant l’éveil du prince Siddhârtha et que je trouve, en toute subjectivité, très sympathiques. Alors qu’il était un jeune garçon, assis sous un arbre dans la campagne, le prince effectue sa première méditation. Toute la journée, l’ombre de l’arbre resta sur lui pour le protéger du soleil qui, lui, continua sa course. En période de canicule, moi je trouve ça très utile comme miracle ! Enfin, lors de son départ du palais pour commencer une vie d’ascète pour atteindre l’éveil, le prince Siddhârtha se coupa les cheveux. Il déclara que s’il était réellement voué à s’éveiller en tant que Bouddha, ses cheveux resteraient en l’air après avoir été lancés. Je vous laisse deviner ce qui se passa alors… 

 

Cassandre BRETAUDEAU

 

L’apARTé scientifique – Le Kamakala yantra : de la géométrie sacrée sous l’érotisme

          Tous ceux qui sont passés par la Deuxième Année de Premier Cycle de l’École ont pu admirer les magnifiques mithunas du temple viśnouite de Lakśmana à Khanjuraho dans le Madhya Pradeś avec Monsieur Zéphir (milieu du Xe siècle, règne de Yaśovarman, 925 – 950 … voilà voilà). Malheureusement trop rapidement, notre professeur nous a précisé que ces images n’étaient pas « faites pour la gaudriole » et qu’elles cachaient en réalité des yantras, des schémas géométriques aux significations ésotériques. Que donnerais-je pour avoir un cours entier dédié à de telles représentations érotiques ? Quoique en fait le cours de XVIIe fait très bien l’affaire …

 

          Enfin, à défaut de cours écrivons un ApARTé ! Un peu spécial celui-ci car sa seule facette scientifique est l’utilisation de GeoGebra pour réaliser le yantra … Mais je vous assure qu’il faut au moins avoir fait Math Sup pour comprendre le charabia expliquant sa construction (à moins que ma très mauvaise compréhension de l’anglais n’ait joué là-dedans). Ça a d’ailleurs été un véritable plaisir de manipuler de nouveau ce formidable outil ! On ne ressort pas indemne de la filière S voyez-vous …

 

          Mais bref, commençons notre exposé ! Les mithunas sont déjà présents avant l’ère chrétienne, apparemment sans aucun rapport avec les yantras, mais ils sont très peu nombreux par rapport aux Xe et XIe siècles de notre ère. Une réelle importance leur est donnée avec l’apparition du tantrisme dans l’hindouisme à partir du VIe siècle. Ce dernier place le désir, la poursuite du plaisir (kama) à l’origine de toute chose, prenant en quelque sorte la suite du védisme et s’opposant ainsi au brahmanisme, plus axé sur la rétention. Le kama est donc pour les tantrikas (pratiquants du tantrisme) un but légitime de la vie, permettant la libération (mokśa) du cycle des réincarnations (samsara). Cela passe par des rituels sexualisés, avec une centralité des fluides sexuels. Aussi, la semence mélangée aux sécrétions femelles (rajas) donnerait un nectar d’immortalité (amrita) et est parfois ingurgité par les adeptes pour recentrer leurs çakras, ce qui serait lié à l’acte de fellation (vajroli mudra). Insistons quand-même sur le fait que cela se pratique dans le cadre exclusif de rituels entre initiés, il ne s’agit en aucun cas de libertinage ou de fornication à tout va !

 

          Mais les mithunas dans tout cela ? Comme nous le dit très bien notre vénérable professeur d’Inde, il s’agit de représentations d’actes sexuels cachant en vérité un message bien plus profond : un yantra. Il s’agit autant de la révélation d’une vérité que d’un support visuel de méditation, souvent associé à un mantra qui en est le support vocal. D’abord utilisé dans l’hindouisme, il passe ensuite dans le bouddhisme et dans d’autres religions asiatiques. Composé exclusivement de formes géométriques, il n’est pas sans rappeler les mandalas (ces ères rituelles emplies de symboles de l’hindouisme et qui sont très utilisées comme supports de méditation dans le bouddhisme). Chacune de ses formes composantes, chacun de ses points sont associés à des concepts et à des divinités  connus de l’initié. La médiation de ce dernier consiste à en saisir la force, l’énergie en regardant le yantra, souvent caché par une représentation plus banale pour que les non-initiés n’en perçoivent pas la teneur.

 

          Cependant, revenons sur notre temple de Lakśmana à Kanjuraho. Les mithunas qui y prennent place cachent donc un yantra particulier : le Kamakala yantra, que je vous présente ici :

 

          Vous pouvez voir qu’il se superpose plutôt bien aux mithunas montrés dans les cours d’Inde concernant Khanjuraho, autant celui du temple viśnouite de Lakśmana que celui du temple śivaïte de Kandariya Mahadeva:

 

 

 

Mithuna du temple de Lakshmana à Khajuraho

 

 

Mithuna du temple de Kandariya Mahadeva à Khajuraho

         

         Quelle en est la signification ? Nous ne pourrions le savoir, en tant que non-initiés, si un architecte de l’Oriśa du XIe siècle, Ramacandra, ne l’avait dévoilé dans un manuel d’architecture à destination des tantrikas  : le Silpa Prakasa. Or ce texte a connu une traduction en anglais par Alice Boner et Sadasiva Rath Sarma dans leur ouvrage Silpa Prakasa : Medieval Orissan Sanskrit Text on Temple Architecture. Traduction dont j’ai pu humblement traduire en français la partie relative au Kamakala yantra (et il s’agit à ma connaissance de la seule traduction en français de cette partie du texte). Notez que mon anglais est plutôt déplorable, mais ce texte a été relu par une amie s’en sortant ô combien mieux que moi et semble donc correct. Le tout est assez explicite, vous le verrez, et j’avoue avoir eu quelques remords à dévoiler ainsi un contenu aussi sacré après l’avoir traduit. La volonté de découvrir et de partager ces connaissances a néanmoins pris le dessus, mais j’invite quiconque préférerait laisser la signification de ce yantra aux initiés à arrêter là leur lecture. Notez enfin qu’il serait périlleux, sans initiation, d’utiliser ce savoir, que tout n’est sans doute pas explicité dans le Silpa Prakasa, ne laissant à notre vue que des brides incomplètes et peut-être dangereuses sans leurs parties manquantes.

 

Après cet avertissement, voici l’extrait du Silpa Prakasa relatif au Kamakala yantra, soit les vers 2. 498 – 539 :

  • 498. Dans ce contexte [de l’ornementation des murs extérieurs du temple], comprenez les raisons des panneaux de sculptures érotiques (kamabandhas). Je vais les expliquer selon la tradition populaire parmi les sculpteurs (silpavidya)
  • 498. Dans ce contexte [de l’ornementation des murs extérieurs du temple], comprenez les raisons des panneaux de sculptures érotiques (kamabandhas). Je vais les expliquer selon la tradition populaire parmi les sculpteurs (silpavidya).
  • 499. Kama est le toit de l’existence du monde. Tout ce qui est né est issu du kama. C’est par le kama aussi que la substance originelle et tous les êtres disparaîtront finalement.
  • 500. Sans [l’union passionnée] de Śiva et Śakti, la création ne serait rien d’autre qu’une affabulation. Rien de la vie à la mort ne se produit sans l’action de kama (kamakriya).
  • 501. Śiva est la manifestation du grand linga, la forme essentielle de Śakti est le yoni. Par leur interaction, le monde entier a vu le jour, c’est ce que l’on appelle l’action de kama.
  • 502. L’art érotique canonique (kamakala vidya) est un vaste sujet dans les écrits anciens (Agamas). Comme cela y est inscrit : « un lieu dépourvu d’imagerie érotique est un lieu à éviter ».
  • 503. Certains lieux sont considérés comme inférieurs, et comme étant toujours à éviter, par les autorités tantriques (kaulaçara), comme s’ils étaient l’antre de la Mort ou des ténèbres impénétrables.
  • 504. Sans [le premier] rite savant d’offrande et d’adoration (puja) au Kamakala Yantra, toute adoration de la Déesse (Śaktipuja) ou pratique tantrique (sadhana) est aussi futile que le bain d’un éléphant. [ndlr : what the fuck !?)
  • 505. Quand ce yantra est consacré, ce bâtiment peut être considéré comme un Temple tantrique (viramandira). Ici tous les obstacles, les peurs, et caetera …  sont sûrs d’être détruits.
  • 506. À la simple vue de ce yantra toutes sortes de fantômes, démons et autres créatures hideuses sont sûres de fuir au loin
  • 507. Écoutez, et j’exposerai prudemment ses secrets. [Mais souvenez-vous,] ce yantra ne doit jamais être divulgué à quelqu’un qui ne serait pas un pratiquant du tantrisme.
  • 508. La base de cette figure tantrique (virabhumi) doit être quadrilatère, soit carrée soit rectangulaire. À travers l’aire totale de ce domaine quadrilatère, deux lignes doivent êtres tracées.
  • 509. L’une verticale et l’autre horizontale, ces lignes doivent se croiser à la « maison précieuse » [au point central]. En partant de ce point précieux, les diagonales doivent être dessinées jusqu’aux coins, divisant donc la figure entière en yonis triangulaires.
  • 510. S’étendant verticalement depuis la ligne de base la plus basse du domaine de yantra, un fin linga doit être créé, avec un sommet arrondi comme une pierre précieuse s’étendant au-dessus du point central.
  • 511. Au-dessus de ce précieux sommet, la véritable essence du kamabindu [le point de l’amour] est marqué par une goutte bulbeuse, la goutte (bindu) qui confère tous les pouvoirs surnaturels.
  • 512. Après cela, les seize matrikas [les seize « petites mères », des déesses-mères aidant Śakti dans ses combats] sont consignées un même nombre de yonis triangulaires, assurez-vous que chacun est dans un fascinant contact avec le linga.
  • 513. Ces seize facettes (kalas) sont toutes formellement conçues comme étant des yonis, uniquement en vertu de la convergence linéaire avec le linga, devenant ainsi [un groupe complet de seize] facettes.
  • 514. Comment, ensuite, est réparti le domaine segmenté de manière à constituer les quinze [il s’agit de seize] principaux orifices qui sont joints au linga ?
  • 515. Par quels moyens ces figures triangulaires seront considérées comme représentant des yonis, desquels la totalité de ce yantra est constitué ?
  • 516. Dans la moitié supérieure, deux lignes obliques doivent connecter le bindu [point] supérieur central à [celui de] la fin de la ligne horizontale centrale. De la même manière, tracez des lignes du centre inférieur jusqu’aux diagonales des coins.
  • 517. [Les deux triangles latéraux de la partie suprieure sont ensuite subdivisés horizontalement :] Kamesi est la première Śakti [elle est assignée au triangle supérieur à droite], Bhagamalika est la seconde [en-dessous d’elle], Nityaklinna est la troisième [au triangle supérieur à gauche], et la quatrième est Bherunda [en-dessous d’elle].
  • 518. [En-dessous] du groupe de trois domaines de gauche, Mahavajre Svan est assignée au triangle du bas, Śivadutika est à côté d’elle [à droite du linga].
  • 519. À côté d’elle, dans l’autre domaine du coin à gauche, est la citśakti [énergie spirituelle] Vahnivasini, jointe avec des lignes fascinantes.
  • 520. À sa gauche, et liée à la partie terminale du sommet précieux (maniksetra) du linga est placée la déesse Vajreśvari.
  • 521. Au-dessus, à droite est Tvarita, l’inébranlable essence des facettes (kalatmika) de Śakti, et opposée [à elle], à gauche est Kulasundari.
  • 522. Dans cet ordre sont les magnifiques domaines occupés sur les côtés. Dans  le grand yantra de l’autel-vulve (bhaga-pitha) seulement six autres restent à énumérer.
  • 523. Contre le bord droit du linga est Śakti Kllapataka, opposée à elle est la charmante et souple Jvalamalini.
  • 524. Vijaya, la constante Compagne [est en haut à gauche], Kamaleśvari s’étend en-dessous d’elle à la précieuse extrémité du linga.
  • 525. À son côté à droite, la divine Tripurasundari est placée [et au-dessus d’elle], opposée à Vijaya [est Bhairavi], l’amour constant de Bhairava, chérie des impuissants.
  • 526. Ce sont les seize Śaktis, les déesses qui sont les réelles essences de l’Amour (kamakalatmika), constituant ensemble le domaine du yantra. Autour de sa périphérie extérieure un anneau protecteur de [huit] yoginis [est invoqué].
  • 527. Nirbhara au point central supérieur, Rahaśyaka au coin supérieur gauche, Kulotkirna au centre du côté gauche, Atirahaśya au coin inférieur.
  • 528. À la place centrale la plus basse Sampradaya, au coin suivant Guptatarahgika, Guptayogini au centre du côté droit, et Nigarbha en haut à droite.
  • 529. Ce sont les yoginis du domaine périphérique, par opposition au facetté Domaine de l’Amour. [Enfin], la Śakti Suprême, la grande déesse des Facettes de l’Amour [ou de l’Art de l’Amour], Paraśakti Maha-Kamaleśvari [est visible] dans la goutte centrale.
  • 533-534. Juste en-dessous d’elle, de la précieuse extrémité [du linga du yantra] apparaît Śiva, le seigneur de Kamakala, son teint quelque peu sombre, profondément immobile dans une pose de yoga assise, tout-puissant, [néanmoins]constamment absorbé par ses rapports sexuels avec Kamakaleśvari, à cheval sur le çakra ajna, toujours enchanté de boire ses fluides sexuels (rajahpanaratah).
  • 535. Portant le costume de l’ascète, [il est] le yogin Kamaleśvara, seigneur présidant au grand Kamakala Yantra, le sombre Sankara.
  • 536. Ce très secret yantra est le meilleur moyen de protéger tout lieu. Il est une aide à la puissance perceptible, et manifestement le [meilleur] pourvoyeur de tous les accomplissements (siddhis).
  • 537. Dans tous les meilleurs temples de Śakti et Śiva ce yantra doit certainement être déployé, alors leur gloire restera immuable, comme les montagnes.
  • 538. [Mais] ce très secret des yantras secrets ne doit être vu par n’importe qui. C’est la raison pour laquelle ces images de jeux érotiques [doivent cacher] les alignements du yantra.
  • 539. Le point de vue répandu parmi les tantrikas est que les images érotiques doivent orner les plus hauts panneaux sur les pilastres du mur extérieur du temple. Ces panneaux de sculptures érotiques doivent être placés de manière à émerveiller le grand public.

 

Voici donc un résumé des significations des différentes composantes de ce yantra:

 

       

 

 

Pas de la simple « gaudriole » donc.

 

Raphaël Vaubourdolle

Effluves du temps fini

Varanasi est une ville hors du commun. Vitalisée par le Gange, un des fleuves les plus mythiques au monde, ses berges sont organisées en terrasses, où se déroule un large panel d’activités du quotidien : de la baignade au lavoir, en passant par les jeux de balles, le tout dans une parfaite cohabitation. Les ruelles escarpées qui desservent le reste de la cité offraient à mon imagination d’adolescente de quatorze ans toutes les images nécessaires pour assouvir ma « soif d’authentique », la vache sacrée en liberté étant ma source principale de divertissement. Si l’envie de découvrir était indéniable, je ne m’attendais pas à vivre un choc littéralement sensationnel sur les berges de ce fleuve presque mystique.

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