Le chat dans l’art

Voyage symbolique entre ombre mystique et lumière numérique

 

Complexe est le chat. Tantôt attachant et exaspérant, tantôt serein et distrayant, mais parfois angoissant et mystérieux, cette petite boule de poils à la fourrure si douce incarne à la fois une figure familière et insaisissable qui ne cesse de fasciner les artistes de tous les âges, de toutes les époques et de tous les styles. En effet, les humains s’adonnent quotidiennement à la représentation graphique de leur environnement physique, mais également à celle de leurs croyances et de leurs mythes. Personnage du quotidien, le chat s’observe dans tous ces aspects de la vie de l’homme et les œuvres qui le figurent manifestent cette connexion entre l’homme et son environnement. L’intérêt pour le félin, traduit par ses nombreuses effigies, pourrait refléter les qualités que l’homme aspire à posséder.

Ainsi, le chat avec sa nature mystérieuse et énigmatique, sa robe élégante, son extrême indépendance, sa malveillance sporadique et son intelligence patiente peut en fasciner et en questionner un bon nombre. Il devient alors divinité, symbole mystique, voire diabolique ou encore simple compagnon domestique. Il inspire et se dresse comme un témoin silencieux de l’évolution des sensibilités artistiques. De l’Égypte antique à l’art contemporain, le chat, bien malgré lui, se charge en symboles. Quoi de mieux que cette saison automnale annuellement emplie de récits surnaturels pour explorer et interroger l’évolution des représentations de cette icône du mystère à travers les âges et les médiums de l’art. Continuer la lecture

La laideur dans l’art

De la beauté à la laideur : subjectivité et différences culturelles

Beauté et laideur. Voici deux termes vus comme contraires mais souvent associés l’un à l’autre à cause de leur antinomie. En effet, la laideur est le total inverse de la beauté pour l’opinion commune. Bien que l’on trouve beaucoup de définitions de la beauté dans la littérature et dans l’art, les idées esthétiques étant appréciées, on retrouve, à l’inverse, très peu d’essais ou de textes sur la laideur. Il n’y a pas d’histoire de la laideur. Pourtant, celle-ci est bien plus que le simple antonyme de la beauté.

Visage sculpté dans le bois.

Cimier Boki, premier tiers du XXe siècle, prov. Cross River (Nigéria), bois, H. 39 cm, vendu par la Galerie Eve Begalli

Les notions de beau et laid ne se retrouvent quasiment que dans les civilisations occidentales. En effet, on retrouve très peu de textes théoriques sur ce sujet dans les sociétés extra-occidentales. Malgré ça, une idée du plaisant et du répugnant existe chez chacun d’entre nous. Mais ces notions diffèrent selon les civilisations, les époques et leur contexte historique. Ainsi, la culture, le goût, l’éducation, ou encore les critères politiques et sociaux, rendent le beau et le laid subjectifs pour chaque personne. Les canons antiques ne sont pas les critères de beauté du XIXe siècle, ni ceux que nous connaissons aujourd’hui. La beauté en Europe n’est pas celle en Asie. Ainsi, une œuvre peut être considérée comme belle pour une civilisation, et ne pas plaire à une autre. Par exemple, pour un Occidental, un masque rituel africain peut être perçu comme effrayant, mais représenter pour les autochtones une divinité bienveillante. Continuer la lecture

« Il faut faire comprendre au visiteur que l’image est puissante » : interview de Maximilien Durand

Ivoire Barberini, première moitié du VIe siècle, Paris, musée du Louvre. Crédit : Marie-Lan Nguyen via Wikimedia Commons, licence CC BY 2.5

A l’occasion de sa récente nomination au musée du Louvre, M. Maximilien Durand a accepté d’accorder une interview au Louvr’Boîte. Préparez-vous pour une plongée dense et instructive au coeur du futur département des Arts de Byzance et des Chrétientés en Orient !
Le Louvr’Boîte vous avait déjà interviewé en 2009, M. Maximilien Durand. Notre première question sera donc : que s’est-il donc passé professionnellement pour vous durant ces treize années ? 

Il s’est passé plusieurs choses. A l’époque je travaillais aux Arts Décoratifs où j’étais en charge de la conservation préventive pour les quatre musées des Arts Décoratifs. J’ai quitté cette institution en 2011 pour diriger le musée des Tissus et des Arts Décoratifs de Lyon et j’y suis resté pendant six ans. Ensuite j’ai fait un bref passage dans la maison Dior car je désirais comprendre le fonctionnement d’une maison de couture de l’intérieur, particulier et bien différent de celui des musées. J’y travaillais comme responsable de la conservation du fonds historique. Enfin j’ai travaillé à Paris Musées comme directeur adjoint des collections et de la recherche des quatorze musées de la ville de Paris.

Votre parcours semble très axé autour du textile. Est-ce voulu ? 

Oui. C’est mon domaine de spécialité. Je suis venu à Byzance par le textile et au textile par Byzance. Cependant, l’origine commune de cette passion, c’est le culte des saints et en particulier des reliques qui étaient entourées de textiles et qui, pour la période médiévale, provenaient souvent de Byzance. Continuer la lecture