Histoi’Art – Un bretzel ou un sort ! Les sorcières en Alsace !

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Dessin par notre illustratrice Éloïse Briand

Ah l’Alsace, ses bretzels, sa cathédrale, ses bredala, ses cigognes… Qui n’est jamais tombé sous le charme sublime de cette région enchanteresse ? Si sa magie blanche entoure constamment les  touristes qui actuellement assiègent les marchés de Noël des villages de mon enfance, il y a des sortilèges et rites beaucoup plus sombres dans notre passé que vous ne connaissez sans doute pas ! Yésses Gott ne faites pas cette tête, elles ne sévissent plus chez nous aujourd’hui si tant est qu’elles aient réellement existé les pauvres. Oui, je parle des sorcières ! Si vous avez un peu peur avant de lire cet article, rien de mieux qu’un bon coup de schnaps avant de commencer. Hopla Geis ! Tous sur vos balais !

 

 

Gravure des Pendus de Hésingue, musée de Huningue

Gravure des Pendus de Hésingue pendant la Guerre de Trente Ans, musée de Huningue

On s’imagine souvent que l’âge d’or de la sorcellerie en France date du Moyen Âge mais les Historiens ayant recensé les procès sont d’accord pour affirmer qu’il s’agit en réalité des XVIème et XVIIème. L’Alsace est une des régions alors la plus touchée par la croyance et les jugements de sorcières… Cela s’explique avant tout par le fort contexte de famine, de maladies (peste et ergotisme) et de guerres lors de la Guerre de Trente Ans (1618-1648). Au début du XVIIème siècle, l’Alsace est un ensemble de mosaïques d’états et de villes libres. Mulhouse, ma ville de naissance, est quand même la plus vieille république de France si on y songe : 1347-1798  (bon d’accord à l’époque nous étions Allemands mais c’est un léger détail, de toute façon on se rattache à la France seulement quand la tout jeune première République est née, pas de roi chez nous pendant très longtemps donc !) Toutefois, cette guerre, qui prend place en plein petit âge glaciaire tombe très mal pour les populations paysannes qui sont les premières touchées par la recherche assidue de coupables à ces maux. La suspicion des voisins et des ennemis va bon train et amènent à de terribles accusations. Entre le XVème et le XVIème siècle, 80% des personnes visées par ses dénonciations sont des femmes. Cela ne vous étonne pas n’est-ce pas ? Qu’à cela ne tienne entre 1480 et 1520, la première vague de chasse à la sorcière alsacienne est organisée par l’Inquisition.

 

 

INSTITORIS et SPRANGER, Malleus Maleficarum, édition lyonnaise de 1669

INSTITORIS et SPRANGER, Malleus Maleficarum, édition lyonnaise de 1669

Comment retrouver ces perfides mégères qui sèment troubles et chaos dans la paisible plaine d’Alsace ? Cette histoire trouve ses origines bien avant la Guerre de Trente Ans… Qu’à cela ne tienne, le pape Innocent VIII rédige une bulle le 5 décembre 1484 intitulée Summis Desiderantes Affectibus. Celle-ci octroie à deux hommes de Sélestat, au centre de l’Alsace, le droit de mener les premiers féminicides au nom de l’éradication de la sorcellerie. Le nom de ces  deux crapules ? Heinrich Kramer et Jakob Spranger. Ceux-ci prennent très à cœur leur tâche au point que Spranger aidé d’Institoris, écrit entre 1484 et 1487 un ouvrage édifiant : le Malleus Maleficarum, mieux connu sous le nom de Marteau des Sorcières  qui explicite comment trouver les sorcières, comment les reconnaître, comment les capturer, comment leur faire avouer leurs crimes, comment instruire leur procès et comment s’en débarrasser. Véritable mode d’emploi, le livre va connaître un succès incroyable notamment dans tout le Saint-Empire-Romain-Germanique avec plus d’une trentaine de rééditions en latin et dans tous les formats ! Pour information ce livre est encore édité et publié de nos jours ! Bien évidemment la femme est naturellement accusée ouvertement d’être à l’origine de la sorcellerie puisqu’elle est une créature faible et non intelligente. Il faut bien garder à l’esprit qu’à cette époque la société était encore ultra machiste, patriarcale avec la figure féminine immédiatement rattachée à la faute du péché originel. La loquacité abrutissante de certaines épouses et les fausses-couches régulières font parfois douter de nombreux maris du bienfondé de leur mariage. Les guérisseurs sont ensuite les suivants le plus souvent incriminer. Célébrés en période de paix et prospérité, ils sont accusés en période de malheur d’avoir retourné leur pouvoir et avoir lancer des malédictions sur leur propre communauté.

 

 

 

WEIDITZ, Nonnes pactisant avec le diable, gravure

WEIDITZ, Nonnes pactisant avec le diable, gravure

Être une sorcière induit forcément une rencontre avec le Malin qu’on appelle souvent en Alsace Hemmerlin ou encore Peterlin. Toutes les classes de la société peuvent être accusées d’acoquinement avec le Diable, même si c’est quand même majoritairement le cas des paysans et surtout des personnes très marginales et fragiles. Dans tous les procès, certaines mentions sont récurrentes : Satan vient toujours visiter son futur serviteur à son domicilie ou directement sur son lieu de travail. Il donne alors lui-même un nouveau nom à ses recrues, ce qui donne lieu à des trouvailles très humoristiques pour les Historiens. Un procès incrime ainsi une jeune femme qui aurait reçu le prénom de Krauterdorschen par le Diable. Comprenez « Morue aux herbes » aujourd’hui en français. Tout le monde a toujours rêvé de se faire appeler Morue, surtout avec un tips cuisine aux aromatiques ! Le pacte signé entre la sorcière et Satan est ensuite effectif à partir du moment où les noces diaboliques ont été célébrées. Là aussi les registres de procès regorgent de détails. Elles sont célébrées la nuit dans un lieu sauvage isolée le soir du sabbat. Le scellement de l’union avec le Malin se concrétise une fois que l’appelée renie sa foi, ses parents et accepte sa damnation éternelle. Elle signe alors le serment de son propre sang. De grandes festivités sont ensuite organisées avec les autres sorcières, aux comportements lubriques et arrosés dignes des plus grandes bacchantes. Grand festin, danse magique toute la nuit sans être épuisé, tout est à l’heure de la fête. Enfin, alors la nuit se termine, le Diable clôt alors les noces en apposant sa fameuse marque sur sa nouvelle vassale. Ces faits nous sont parvenus via des témoignages avancés devant l’Inquisition. Un homme de Rouffach (ville considérée comme le plus haut lieu de sorcellerie dans le Haut-Rhin) assure qu’au retour d’une promenade à minuit, il aurait vu tout un cortège diabolique  dans un grand palais lumineux sur la colline du Bollenberg (haut lieu de rassemblement de sorcières qui revient dans de nombreux écrits, ancien lieu de rituels magiques celtes dédiés au dieu du feu Belen). D’autres procès n’hésitent pas à aggraver largement les faits reprochés en mentionnant même parfois des sacrifices d’enfant, des cadavres de bambins déterrés et démembrés, la cervelle de mort-nés récupérée pour faire des potions. Seuls les enfants non baptisés étaient visés. D’où l’empressement des parents, à chaque naissance, pour faire rentrer son nourrisson dans l’ordre de Dieu dès les premières heures de sa vie.

 

 

Mais qu’est-ce qui inquiète tant chez les sorcières ? Poudres magiques à base de cerveau, de peaux, d’écorces seraient utilisées pour détruire les récoltes. Des baguettes magiques seraient frottées avec des onguents. Parfois, on a même des accusations qui parlent de sorts jetés rien que par la parole, un geste bref ou même pire, uniquement un regard ! Certains témoins affirment même avoir vu des femmes se métamorphoser en créatures maléfiques planant la nuit au-dessus de leur village et voilant la lumière de la lune. Alors, pour se protéger, on a créé un autre mode d’emploi best-seller : le Geistlishe Schild (« le bouclier spirituel »). Ce livre de protection était même à force considéré comme un grimoire et certaines églises alsaciennes du Sundgau (partie extrême sud de l’Alsace avant les trois frontières) avaient des compartiments cachés en-dessous où le prêtre pouvait cacher son exemplaire des yeux des soricères pour ainsi protéger sa paroisse. Le format était de poche pour être discret.

La-Tentation-de-Saint-Antoine_Martin-Schongauer

SCHONGAUER, Tentation de Saint-Antoine, 1470-1475, gravure, H: 31 cm, NYC, the MET

Comment se passait alors les procès une fois les confessions des sorcières obtenues, souvent par la torture d’ailleurs ? Au XVIIème siècle, les juges étaient tous des religieux. Par la suite, au siècle suivant, les juges sont des laïcs. Chaque village a alors son Malefizgerich (tribunal de vingt-quatre juges). Dans 90% des cas pourtant pas d’illusion ! Les accusés finissent quasiment tous brûlés vifs. Heureusement pour nous aujourd’hui, les seules choses qu’on aime faire flamber en Alsace désormais, ce sont nos tartes !

Laureen Gressé-Denois

 

 

 

 

 

Si le sujet vous intéresse, je vous recommande vivement de faire un tour dans cette brève documentation :

L’apARTé scientifique – Pour aller plus loin Travail et champs de blé : la pire « invention » de l’humanité et l’âge d’abondance, ou l’article qui va me mettre à dos l’entièreté de Mens Sana

Champ de blé derrière l'hospice Saint-Paul avec un faucheur

VAN GOGH, Champ de blé derrière l’hospice Saint-Paul avec un faucheur, septembre 1888, huile sur toile, L: 72,5 cm, Essen, Musée Folkwang

 

Bon bon bon ! Je voulais vous refaire un petit mot pour vous donner deux-trois sources ou bouquins en lien avec le sujet, que ce soit pour les curieux ou les incrédules. Premièrement, je vous conseille deux vidéos du Vortex réalisées par Léo Grasset de la chaîne Dirtybiology et Clothilde Chamussy de la chaîne Passé Sauvage qui en parlent très bien :

 

 

 

Pour les rats de bibliothèque, quelques livres ou articles scientifiques :

    • Âge de pierre, âge d’abondance, par Marshall Sahlins (1972) : une compilation de toutes les études précédentes donnant de nombreux chiffres. Profitez-en, il est à la Bibliothèque de l’École !
    • Du pécari au manioc ou du riz sans porc ?, par Philippe Erikson (1998)
    • Pourquoi les Indiens d’Amazonie n’ont-ils pas domestiqué le pécari ?, par Philippe Descola dans De la préhistoire aux missiles balistiques (1994) : lui aussi est à la BU !
    • Homo domesticus. Une histoire profonde des premiers États, par James C. Scott (2019) : un ouvrage récent et très exhaustif sur la question, allant même un peu plus loin en se demandant qui de l’Homme ou des animaux / plantes a domestiqué l’autre -et je vous jure que c’est beaucoup moins con que ce qu’il n’y paraît !

 

 

 

Enfin, si vous êtes revenus ici c’est peut-être aussi parce que je ne vous ai pas du tout convaincu avec mon article, et c’est bien normal ! En effet si aujourd’hui, tout cela nous paraît rétrograde, c’est que nous sommes atteints d’un biais de sélection nommé biais du survivant : appartenant  à un pays « développé », notre vision des avantages et des inconvénients de la « révolution agricole » est forcément biaisée.

De plus, j’avoue ne pas avoir tout dit -calmez vous ! J’avais mille mots maximum OK !- mais rassurez vous, tous les faits sont vérifiés. Seulement, certains points sont consciemment assez peu développés, comme quoi il faut toujours faire gaffe à l’angle que prend le rédacteur d’un article -#espritcritique !

En effet, revenons sur cette histoire des enfants tous les quatre ans des chasseurs-récolteurs, parce que c’est peut-être un détail pour vous mais pour moi ça veut dire beaucoup -et une chanson dans la tête ! Une ! Ainsi, ce fait est dû à plusieurs causes que je n’ai pu expliquer par faute de place. Premièrement, la combinaison d’une activité physique intense avec un régime maigre et riche en protéines provoque une puberté plus tardive, une ovulation moins régulière et une ménopause plus précoce. Ce qui va encore dans le sens d’une agriculture très désavantageuse. Mais il faut tout de même noter que cette apparente natalité moindre est aussi bien souvent « aidée » à grands coups de sevrages retardés, absorptions d’abortifs, traitements négligés des nouveau-nés ou même infanticides. C’est directement un peu moins reluisant. En revanche, dans les sociétés agricoles, la sédentarité rend les premières menstruations plus précoces, le régime céréalier permet de sevrer les nourrissons plus tôt en leur faisant consommer bouillies et gruaux et un régime riche en glucides stimule l’ovulation et prolonge la vie reproductive des femmes. Mais rappelons encore une fois qu’il s’agissait alors quand même de combler un taux de mortalité sans précédent.

Ensuite, la sédentarisation a provoqué une possibilité d’accumulation de biens, inutile ou même fatale aux chasseurs-récolteurs. Des biens comme de l’art par exemple …

Enfin, il s’agit d’un sacré jugement de valeur de dire que l’agriculture était une mauvaise idée étant donné que le nombre de morts a fortement augmenté au sein des populations humaines ayant choisi une économie agricole. En effet, cela a aussi provoqué un taux de natalité sans précédent, donc beaucoup plus d’hommes et de femmes -ou d’enfants pour les nombreux qui n’atteignaient pas l’âge adulte … bon d’accord j’arrête- qui ont pu connaître l’amour, la joie, … le bonheur en bref. Car en effet vaut-il mieux le néant, sans souffrance ni bonheur, ou la mort, avec de la souffrance mais aussi du bonheur ? Vous avez quatre heures -mais comme moi je ne les ai pas, je vous laisse y répondre tout seul !

 

Enfin, je tenais à m’excuser auprès de tous les membres de Mens Sana qui ont pu prendre pour eux cette attaque envers l’agriculture. En effet, il nous serait impossible aujourd’hui de revenir à une économie pré-agricole. Il ne reste que trop peu d’espaces « naturels » indépendants de tout apport humain dans sa subsistance pour pouvoir nous nourrir. Nous sommes trop nombreux, trop grégaires, trop habitués à la propriété, … Car qui, je le demande, serait prêt à quitter son petit confort pour partir courir dans la forêt à la poursuite de sangliers ?

Mais dans cette situation, il nous reste des alternatives, et l’agriculture biologique et locale en est une. Cela ne nous sauvera peut-être pas (de toute façon on ne sait même pas si l’espèce humaine passera les cent prochaines années), mais c’est déjà un pas dans la bonne direction. Donc pour cela, merci Mens Sana !

 

PS : c’est bon ? Je peux garder mes paniers de légumes ?

 

Raphaël Vaubourdolle

Interview de l’ArchéoClub, à vos pelles et truelles !

 

Photo des interviewés

De gauche à droite : Marie Degonse, Osanna Giboire, Xavier Gassiat, Éloïse Briand

Fan inconditionné de la vie des clubs de l’École, tu tombes souvent sur des os et tu te prends régulièrement des pelles (parce que les râteaux ça fait trop mal et qu’une pelle c’est bien plus pratique quand même), parce que tes parents te racontaient tous les soirs avant de te laisser dormir une pré-histoire ? Cette nouvelle interview exclusive du Louvr’Boîte est faite pour toi !

Nous sommes donc partis dans la jungle avec notre chapeau et notre lasso pour vous faire vivre une folle aventure aux côtés d’éminents membres de l’ArchéoClub qui a accepté de répondre à nos questions. Leur présidente Osanna Giboire, leur co-responsable du pôle event et dinosaure pérenne du club Xavier Gassiat et leur toute nouvelle co-responsable Instagram Marie Degonse vous proposent aujourd’hui leur interview dans son intégralité ! À vos truelles ! Prêts ? Lisez !

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LB : Bonjour à tous !
Osanna, Xavier, Marie : Bonjour !


LB : Première question, pouvez-vous nous raconter la genèse, la préhistoire de l’ArchéoClub ?
Osanna : Je pense que tu connais un peu plus que nous ça, non ?
Xavier : Grand Dieu ! L’Archéoclub, c’est un club qui est présent à l’École depuis relativement longtemps, quand même. Ceux qui l’ont fondé ont aujourd’hui un emploi. Je pense notamment à Pierre Fallou qui travaille dans un musée en Corse. Cela remonte à sept-huit ans, ou moins peut-être, mais c’est quand même un club relativement ancien car l’archéologie est présente dans le corpus d’études de tout le monde par la première année ou par les spécialités. C’étaient des élèves qui voulaient continuer à proposer d’autres activités en lien avec l’archéologie. Mais le club a eu des périodes compliquées ces dernières années avec de moins en moins d’inscrits. C’était de plus en plus compliqué pour les quelques personnes qui restaient de prendre sur leur temps pour gérer un club entier et du coup, il y a 3-4 ans, il y a eu quelques années à vide, avec à peine une conférence dans l’année !
Osanna : Hmmm c’est ça…
Xavier : Du coup on est dans une pleine renaissance du club depuis l’année dernière avec Mathilde Regnier en master (elle a aujourd’hui quitté l’École), qui l’a refondé complètement. Voilà, Osanna est devenue l’héritière de Mathilde directement.
Osanna : Du coup on est là ! C’est vrai qu’il y a deux ans il n’y avait que trois personnes dans le club et on avait fait qu’une seule conférence.
Xavier : C’était celle sur le yéti !
Osanna : Donc la cryptozoologie, c’est tout… On est là, on fait de notre mieux pour redynamiser le club depuis un an et maintenant on a plein de nouveaux, plein d’idées pour faire plein de partenariats et on va voir ce que ça va donner. 

 

LB: Osanna, tu es devenue présidente cette année : quel est le champ de fouille d’idées principales du club cette année ? Sur quels os avez-vous peur de tomber et au contraire, quels artéfacts voudriez-vous faire découvrir aux élèves de l’École à travers votre club ?
Osanna : Alors ! *grande inspiration* On veut continuer les conférences et ce qu’on aimerait vraiment faire c’est redynamiser totalement le pôle rédaction qui était à la masse l’année dernière, car ça demande une certaine constance dans l’écriture d’articles. En plus, vu qu’on devait les publier via des partenariats, c’était pas évident. Finalement, on a eu que deux, trois articles publiés l’an dernier. Mais cette année, on a vraiment des gens motivés pour le faire ! On veut donc créer un blog. Cela fait un petit mois qu’on travaille dessus avec Martin, un autre membre du club, mais c’est un peu compliqué pour savoir comment on va s’organiser, et si on fait plusieurs rubriques par exemple. Sinon, on veut vraiment faire beaucoup de partenariats avec d’autres clubs : Mens Sana du coup le mois dernier (Osanna lance un sourire complice, NDLR), et ce mois-ci avec le Défilé de l’Histoire, certainement avec le Club Jeu aussi à l’avenir.

 

LB: Xavier, toi qui est là depuis longtemps dans le club, comment perçois-tu votre évolution !
Xavier : Ouh là là ! Grand Dieu oui, ça va faire deux ans et demi. C’est une évolution hypra positive. Je suis arrivé, je pense, l’année de plus grand creux que le club n’ait jamais connue et effectivement j’ai été recruté en février car je connaissais la personne qui a fait la conférence sur le yéti. Je suis arrivé avec une conférence sur un petit plateau en faisant « Bonjour ! Acceptez-moi ! » (Xavier a pris à ce moment-là une petite voix toute intimidée et suppliante pour s’imiter à l’époque, ce qui a provoqué des rires, NDLR). Non, vraiment j’exagère mais du coup, la conférence sur le yéti a été organisée complètement au hasard car je passais par-là, je ne connaissais pas du tout le club avant, je suis venu avec un thème. On partait de rien et ça redevient un vrai club, ce qui est très intéressant. Lorsque je suis arrivé à l’École il y a quatre ans, l’ArchéoClub proposait de s’inscrire mais ce n’était pas très attrayant car on ne voyait que deux personnes très sympathiques, que je connais, d’ailleurs (par respect, aucun nom ne sera cité, NDLR) mais aussi très isolées, derrière une table, et les dernières conférences qui avaient été organisées dataient vraiment. Cela ne donnait vraiment pas envie de s’engager avec un club qui n’est pas vraiment là. On ne le voyait pas du tout faire des annonces en début d’amphi etc. Il était plutôt absent dans le paysage de l’École déjà qu’à l’époque l’activité étudiante n’était pas folle. En deux ans maintenant, c’est fou, on redevient présent et visible et le club reprend sa place. Comme je suis en spé Archéo, je suis content de voir que le club permet une offre qui va au-delà de la première année, ce qui est quand même l’enjeu [Françoise M. si tu nous lis, petite dédicace car c’est majeur, NDLR] de la licence où nous sommes. Cela remet sur la table tout ce qui est archéo et nous ça nous impose de trouver des moyens encore plus originaux de faire des conférences qui sortent un peu de l’ordinaire. On veut ouvrir une nouvelle voie.
LB : Mais du coup combien êtes-vous finalement ?
Osanna : Cette année ? Il y a environ une vingtaine de nouvelles personnes qui s’ajoutent à la dizaine d’anciens et qui sont restés. C’est beaucoup !
Xavier : Par contre, l’investissement de chacun est variable…
Osanna : C’est vrai. Mais ce n’est pas quelque chose que l’on reproche aux gens du club car on comprend qu’on ne peut pas toujours s’investir toute l’année avec les gros devoirs de spé. C’est pour ça qu’on essaie aussi de prendre de l’avance pour les conférences qu’on organise.
Xavier : En tout, on aura une trentaine de personnes sur l’année qui aura mis la main à la pâte. Après, il y a toujours des gens qui travaillent un peu plus en début, milieu ou fin d’année. Ça fait des roulements.
Osanna : Je suis surtout super contente de notre pôle comm’, dans lequel ils ne sont pas beaucoup et où franchement ils gèrent bien ! Non vraiment, c’est génial !
LB : Marie, tu es donc dans ce fameux pôle comm’ ?
Marie : C’est ça ! Je suis avec Audrey. Nous sommes responsables du compte Instagram et gérons les publications pour les conférences…

 

LB : D’accord. Pourquoi avoir choisi l’ArchéoClub plutôt qu’un autre club du BDE ? C’est lié à ta spé ? À ton passif à la fac d’Histoire ?

Marie : Alors, oui, j’aime beaucoup l’archéologie, j’ai fait quelques fouilles, comme ça, bénévolement, donc ça me parlait plutôt bien ! Non, par contre, je suis en spé Art de l’Extrême-Orient donc on fait de l’archéologie mais ce n’est pas l’objet principal. Je trouvais ça intéressant de participer à un club que je trouve très important dans la vie de l’École, même central en fait. C’est hyper important de quand même contribuer à donner une nouvelle actualité à l’archéologie, pas juste les cours de première année, même si ceux qui sont en spé Archéo ont déjà les points actualité dans leurs cours.

 

LB : Le but est donc de vraiment toucher tout le monde, en plus de ceux qui sont déjà en spé Archéo ?
Marie : Voilà, c’est tout à fait ça ! Les relier tous à l’archéologie, qui est centrale.
Osanna : On y revient beaucoup !
Marie : Et ça permet aussi de rencontrer des professionnels. Selon moi, l’École nous incite beaucoup à faire des stages mais finalement le lien avec le côté professionnel n’est pas toujours très évident. On demande souvent à nos propres professeurs de faire des conférences mais on réfléchit aussi à faire venir des intervenants extérieurs, des professionnels qui peuvent vraiment nous en apprendre plus sur la réalité de leur métier, plutôt que de se cantonner à une archéologie dite « basique ». Voilà, ça ouvre de nouvelles perspectives.

 

LB : Grosse question attention ! Vous avez le choix entre quatre archéologues/ethnologues, qui choisissez-vous et pourquoi ? 

  • Indiana Jones pour sa vision trop palpitante de la discipline
  • Carter Howard pour l’amour du risque des malédictions au coin du nez
  • Marcel Griaule pour mettre une sculpture Dogon sous son manteau entre Dakar et Djibouti
  • Paul-Émile Botta pour dompter des lamassu à Khorsabad

Marie : Bah Paul-Émile Botta !
Osanna : Quoi que j’aime beaucoup Griaule pour avoir pris la statue ! *rires*
Xavier : C’est le cours d’Afrique de troisième année ça, mais c’est cool, il y en a pour tous les goûts ! Pour le Louvre, je pense quand même Paul-Émile parce qu’on a la cour Khorsabad sous les yeux. *Osanna approuve en souriant et en hochant de la tête*.
Osanna : Bon, on va passer sous silence ce bateau qui a coulé un peu après mais….
Marie : Mais c’est pas de sa faute ! (elle prend ici un ton faussement innocent, NDLR)
Osanna : Je ne me rappelle plus de l’histoire exacte c’est vrai mais quand même les lamassu, quoi !
LB : Du coup Botta est un peu votre figure de proue unanime à tous les trois ?
Xavier : Bon après, tu as Indiana Jones, c’était notre ancien mot de passe en fait… donc bon ! *énorme rire*
Osanna : Ancien ! Ancien mot de passe, il faut que tu précises ! Sinon on va avoir des alertes connexion tout le temps ! Mais c’est vrai qu’il est toujours comme image de notre page Facebook.
Marie : Non mais, Indiana Jones, c’est quand même dans nos moments d’exaltation !
Xavier : Oui, quand tu veux rentrer à l’École. Et une fois que tu es dedans tu te dis « Mais non en fait ! Mon Dieu ! Que fait cet homme ! Aaaaaah ! » (ton paniqué)
Osanna : Quand on y pense, c’est vrai qu’il a imité les méthodes de Mariette ! Avec la dynamite et tout…

LB : On aurait pu vous proposer Mariette aussi, c’est vrai ! Nous avons hésité avec Howard…
Xavier : On aurait pu avoir Schliemann aussi dans son genre ! Le plus rigolo ! Le mec qui part avec son édition de l’Odyssée à la main et une fois sur place qui se dit « Mais oui mais c’est bien sûr ! C’est TROIE ! » (ton complètement exalté : il était encore sous l’ecstasy « Indiana Jones » semble-t-il au moment de l’interview, NDLR). Mais Monsieur, ce n’est pas comme ça qu’on travaille ici ! Y en a des marrants partout.

LB : Outre ces héros que vous avez dans vos passions, comment l’archéologie a débuté dans votre existence ? Est-ce-que vous êtes tombés dans la marmite quand vous étiez petits ? Racontez-nous un peu votre passif à chacun…        
Marie : Oh euh… je pense qu’on a tous regardé les Indiana Jones. Moi personnellement c’était une égyptologue du Louvre, qui allait en fouille en Égypte tous les ans et il y avait une émission la dessus : j’ai bien aimé. Du coup, j’ai regardé des films, j’ai lu des bouquins et voilà. J’ai vu qu’il y avait autre chose que l’Égypte et c’était intéressant.
Osanna : Alors moi personnellement, pas du tout pendant l’enfance la passion pour l’archéologie. C’est plutôt quand je suis arrivé à l’École. J’étais venue pour l’histoire de l’art à la base. Et maintenant je pense que quand je vais arriver en troisième année (pour avoir suivi quelques cours de troisième année), les tableaux en liste, je vais pas pouvoir supporter. En fait, je suis en spé Mode et Costume donc ça n’a rien à voir, c’est juste Christophe Moulhérat et Thierry Zéphir en première année qui m’ont passionnée. Surtout M. Moulhérat quand il a parlé du fait que certaines grottes pouvaient être orientées par rapport à l’astronomie, j’étais là en mode « Oh mon Dieu, c’est tellement beau ». C’est le côté mystérieux de l’archéo qui m’a totalement passionnée. Ça reste quelque chose qui me manque et vers lequel je retourne assez souvent, en parallèle de ma spécialité.
LB: M. Moulhérat a marqué pas mal de générations…
Osanna : Mais sinon M. Zéphir aussi, bon, il est… C’est M. Zéphir ! *rires*
Marie : Il a marqué d’une autre manière.
Osanna : Ses cours sont passionnants. Oui, enfin les cours d’archéologie de première année, c’est passionnant de manière générale et c’est extra-européen, ce qui est aussi génial. Je trouve ça super intéressant, voilà. Je vais arrêter de parler.
LB : Du coup toi Xavier ta révélation ?
Xavier : Ma révélation, Grand Dieu, heu. Moi aussi ça vient vraiment de l’enfance, je pense. Je veux dire, la première fois que je voulais faire un métier c’était « j’veux être historien » et mes parents me disaient « Mais c’est pas un vrai métier, ça ! » *rires*
Marie : Ils sont sévères tes parents…
Xavier : En même temps j’étais tout petit, c’est parce que j’avais lu trois livres sur la mythologie, je ne me sentais plus. Mais effectivement, avec une vision très très fantasmée du métier d’archéologue, donc d’historien et tout ça. Les musées étaient un lieu de mondes fascinants où en trois salles, (je suis un Parisien donc mon père m’amenait souvent au Louvre), tu passes d’une statue grecque en marbre blanc superbe, à un truc égyptien avec des dieux à tête d’oiseaux. Et là, tu te dis : « mais mon Dieu que ce monde est beau ». Je suis content d’être né à cette époque à laquelle tout ça est à portée de main. Donc ça date vraiment de l’enfance, puis après c’est revenu. Je veux dire, il y a certaines personnes qui viennent à l’École en étant très sûres, genre depuis le collège, qu’elles voudraient être ici. Moi j’ai appris que l’école existait lors de mon deuxième trimestre de terminale. Parce que j’ai une professeure qui m’a dit « mais Xavier, ça vous dirait bien ça ». Ce à quoi j’ai répondu « Ah,  si vous le pensez, je vais passer le concours ». Et finalement, j’ai eu de la chance. Mais une fois que je suis arrivé à l’École, c’est devenu une évidence : je ne pourrais pas être ailleurs. C’est vraiment… j’ignorais qu’un tel endroit existait. Si je l’avais su, je pense que j’aurais toujours rêvé de venir ici faire mes études. C’est beaucoup trop bien, le nombre de parallèles qu’on fait.
Osanna : Moi aussi.
LB : Oh, c’est beau !
Xavier : C’est superbe. Donc j’avais ma casquette double spé pendant longtemps : une archéo, l’autre peinture étrangère sur la Renaissance italienne et Léonard. C’est ce qui m’a encore plus plu. Mon grand délire, en ce moment, c’est justement de voir partout, tous les arts, européens, principalement européens du coup. Voilà, l’influence de l’antiquité qu’elle a encore durant des siècles et des siècles. On nous dit toujours « oui la vous voyez, Renaissance, redécouvert de l’antique etc.». Sauf que c’est un peu vague, quand même, comme version. Du coup, j’ai cette réaction, avec ma double casquette : « Mais si, bien sûr, ce sont les bains de Stabies à Pompéi et je reconnais très bien» *rires*. Voilà, c’est ce côté fascinant… ça revient tout le temps parce que c’est la base de tout. L’archéo et l’antiquité y a juste…
Osanna : Y a juste le côté mystérieux!
Xavier : Oui, c’est ça, ça nous fascine autant, ça a fasciné du monde avant nous. Je veux dire : on vient de là. Apprendre un tout petit peu mieux à savoir comment des êtres humains, qui ont marché au même endroit que nous mais 2 000 ans avant, pensaient, vivaient, ressentaient… c’est dingue, j’adore.

 

LB : On va finir par tous pleurer ! *rires* Notre dernier numéro, Royal, était cousu sur mesure pour les « grosses spés » de l’École… Quel message voulez-vous particulièrement adresser aux petites oubliées que l’on aime quand même, comme « archéologie de la Gaule », « archéologie orientale » ou encore « archéologie pré – et protohistorique » ?
Osanna : Et bien, qu’on vous aime.
Marie : On est avec vous.
Xavier : C’est vrai que les spés archéo n’ont pas toujours le vent en poupe. Je sais que pour l’Égypte, il y a toujours une espèce d’aura, de mystère parce qu’on a tous baigné avec ça, ce qui fait qu’il y a beaucoup de gens qui y viennent. En Gaule, en vrai, ils s’en sortent bien cette année avec le Haut Moyen Âge : les amphithéâtres sont pleins. Moi je voulais y aller en freelance, et je n’ai pas pu rentrer… donc bon.
Osanna: Puis souvent pour la spé Gaule, il y a beaucoup de personnes qui, justement avec Moulhérat, ne sont pas sûres de vouloir continuer leur spé et se disent : « ah je vais peut être partir en Gaule ».
Xavier : Effectivement, il y a les petits spés archéo qui ont besoin de soutien moral : les Étrusques. Moi, c’est depuis trois ans que je vois des gens qui sont perdus, et que je leur dis : « tu sais, l’étruscologie, c’est bien! ». Je les envoie là-bas même si je n’ai rien à voir avec l’étruscologie. Voilà, toutes les petites spé archéo ont leur mystère et leur fascination. Il faut continuer !
Osanna : Oui, c’est vrai que c’est vraiment super sympa comme spé, ces trois petites spés là. Je croyais que pour l’archéologie orientale, il y avait plus de monde.
Xavier : Oui, moi je ne l’aurais pas mise dans les petites.
Marie : C’est Ariane Thomas qui, elle, les a traumatisés. *rires*
Osanna : Alors que pourtant, pour d’autres spés, c’est le cas. Je pense à « art et archéologie de l’Inde » et « art de l’Extrême-Orient », avec leurs professeurs respectifs.
LB : En fait, on ne pouvait pas toutes les mettre dans la question, ce ne sont que des exemples.
Osanna : Quand on y pense, à part l’Égypte…
Xavier : La Grèce aussi.
Osanna : Oui, à part Grèce et Égypte, c’est vrai que les spés archéo passent un peu sous le radar, et c’est dommage. Alors qu’il y a des trucs super intéressants et quand on fait double spé archéo, on peut vraiment voir les influences dans différentes choses. C’est génial à ce niveau-là. Mais, on est avec vous. Et on a des contacts pour faire des conférences sur vos sujets, on vous le promet !
Xavier : D’ailleurs, très très souvent quand vous allez dans une petite spé archéo, comme Étrusques, vous vous rendez compte que la moitié de la salle, c’est des gens de Rome qui sont venus. Vous allez en Rome, il y a la spé Étrusque qui est là aussi. Les gens sont donc quand même beaucoup de transfuges, qu’ils soient inscrits ou pas, dans les deux. Les gens viennent suivre des cours dans toutes les spés archéo à droite à gauche. Parce qu’une fois qu’on est mordu, de toute façon, on en a jamais assez !
Osanna : Mais du coup : on vous aime.
LB : Donc l’afterwork des “spés oubliées”… c’est vous qui en êtes à l’origine où ce sont eux qui se sont rebellés ? *rires*
Osanna : C’est eux qui se sont rebellés. Mais c’est vrai que c’était assez marrant quand je l’ai vu passer. Avec les photos de Christophe Moulhérat et d’Ariane Thomas…
LB : Du coup, on imagine que vous y serez !
Osanna : Je sais plus quel jour c’est, mais je vais vérifier !

 

LB : Alors, quel avenir pour les métiers de l’archéologie aujourd’hui selon vous? L’arrivée des hautes technologies dans les prospections ne menace-t-elle pas les chantiers physiques ? Quel futur pour le métier ?
Xavier : Moi, j’aurais tendance à dire que justement, il est radieux avec ces nouvelles technologies.
Osanna : Moi aussi.
Xavier : Par exemple, j’ai beaucoup étudié Pompéi avec la spé Rome. Quand on voit qu’en 1800 et quelques on s’amuse à creuser des trous pour trouver un objet en argenterie, on le remonte et c’est un vrai massacre ! En fait aujourd’hui, dans un monde idéal où il y aurait assez de sous pour toutes les fouilles archéologiques, il pourrait donc y avoir tous ces corps d’archéologues spécialisés dans des sciences très pointues. Avoir à la fois un mec qui étudie les graines, un qui étudie les spores, un qui étudie les objets que tu déterres, un qui étudie le tout. Ça donne un panel tellement plus large !
Marie : Cela se fait, ça y est, ça se développe bien.
Xavier : Du coup, toutes ces nouvelles technologies, pour moi c’est plutôt un plus. Par exemple, on peut penser au Lidar ! On avait fait une conférence sur ça. De grands radars sont employés sur des grandes zones pour repérer où sont les vestiges ! Après, il faut quand même quelqu’un pour aller sur le terrain et creuser. Ça doit être en première année, en cours d’initiation à l’archéologie, où on nous montrait un graph’ comme ça. Le plus efficace c’est le bulldozer, le moins c’est la brosse à dent. Mais après, la précision va dans l’autre sens. Du coup, la truelle reste l’objet idéal entre les deux. C’est à la fois un rythme d’avancée pour creuser relativement rapidement, et la pioche est relativement précise. Finalement, il y aura forcément besoin de ça, parce que pour le moment, on y est encore.
Marie : Mais il y aura toujours une alliance entre la nouvelle technologie et l’archéologue.
Osanna : Et je pense qu’on aura encore plus de nouvelles spécialisations avec le temps. Ça pourra être encore mieux.
Marie : Oui il y a plein de choses.
Osanna : De la diversification des métiers.
Xavier : L’archéologie ne peut que se nourrir d’avoir plus de spécialisations et plus d’informations.
Osanna : C’est dommage, à niveau là, qu’on n’en parle pas assez à l’École justement, des différents métiers de l’archéologie… Mais nous, on est là pour ça ! On va peut être organiser quelque chose sur ce sujet… on vous tient au courant.
Marie : Tu fais un petit teasing, là !
Osanna : Oui, c’est ça… Mais c’était le bon moment !
Xavier : C’est tellement mignon, c’est tellement innocent !
Osanna : Oh… Xavier, voyons !

 

LB: Dernière question : vous clôturez, pour nous, l’année 2019… Quelles bonnes choses pouvons-nous souhaiter à l’ArchéoClub pour 2020 ?
Xavier : Du monde à nos conférences…
Osanna : Du monde à nos conférences.
Marie : TROP de monde à nos conférences !
Xavier : Genre, on veut des gens qui crient derrière la porte : « Comment ça, on ne peut pas rentrer ? ».
Marie : Voilà, des hordes de fans ! *rires*
Osanna : Un blog avec plein d’articles aussi, vraiment pleins de projets, super diversifiés…
Xavier : Et laisser une bonne impression dans le paysage de l’École pour qu’il y ait des recrutements l’année prochaine !
Marie : Oui voilà c’est ça, préparer le terrain pour l’année prochaine !
Xavier : Que les gens soient bien conscients que l’ArchéoClub existe, et que ça fait partie des associations sympas qui proposent des activités cool à pouvoir faire en parallèle de l’École.
Osanna : J’espère que l’on fait déjà bonne impression, quand même…
Xavier : Il faut toujours plus marquer les gens !
Osanna : Et oui, toujours. On va mettre des affiches partout !
Xavier : AIMEZ-NOUS ! *rires*

 

Interview menée de front sur le chantier de fouilles par Éloïse Briand et Laureen Gressé-Denois pour le compte du Louvr’Boîte !

 

 

Pour retrouver l’ArchéoClub de l’École du Louvre !

TOP 10 des mèmes les plus royaux de l’année 2019 !

Petit bonus du numéro Royal car oui, nous arrivons à notre dernière publication hors-les-pages du numéro 52, le Dauphin de la presse édléienne ! On vous connaît les petits geeks surfant sur les réseaux le soir au lieu de réviser votre HGA ou de reprendre vos TDO ! Oui, oui c’est bien vous que l’on vise et que l’on veut chouchouter avec des cadeaux impériaux de rire, des traits d’humour toute en grâce et majesté ! Nous avons nommé : le Top 10 des mèmes les plus royaux de l’année 2019 !

 

1. Quand on vous dit que la France, c’est la meilleure !

 

Meme 1 de Histoires de France 2.0.jpg

 

2. Agenouille-toi l’Anglois, tout de suite !

 

Meme 11 de Jean-Michel via Histoires de France 2,0.jpg

 

3. *Laurent Haumesser approves*

 

Meme 10 de Johan Romand via NDMH - Memes Historiques.jpg

 

4. Grand classique. Marche aussi avec Marie.

 

Meme 2 dAlexis via Histoire de France 2.0.jpg

 

5. Marchait très bien au collège, un peu moins bien à Rohan (les 2A confirment)

 

Meme 3 d_Enzo via Histoires de France 2.0.jpg

 

6. *Ariane Thomas approves*

 

Meme 4 de Peul via NDMH - Memes Historiques.png

 

7. fera rire (ou pas) les anciens L promo 2015-2016 et 2016-2017. #Pasolini #Sophocle

Meme 5 de NDMH - Memes Historiques.jpg

 

8. Quand ta baignade après le combat contre les hérétiques tourne au drame

 

Meme 6 de Nicolas via NDMH - Memes Historiques.jpg

 

9. Who’s next ?

 

Meme 7 de Mathieu via NDMH - Memes Historiques.jpg

 

10. Lecture fortement conseillée dans la bibliographie de l’article d’@eloisebriand

 

Meme 8 de Paul via NDMH - Memes Historiques.jpg

BONUS – Fonctionne également quand, dans l’amphi, quelqu’un ose dire que « Le Palissy, c’est joli »

Meme 9 de Vincent via Histoires de France 2.0.jpg

 

Le Louvr’Boîte tient à souligner que ces différents mèmes ont été réalisés par les page Facebook Histoires de France 2.0, NDMH – Memes Historiques et avec l’aimable autorisation de Johan Romand.

Comment devenir noble ?

Oyez oyez chers lecteurs du Louvr’Boîte !

bg_monsieur_jourdain-01-720hSi le titre de cet article vous donne quelques impromptus frissons d’envie, qu’il a provoqué chez vous une attention particulière, c’est qu’il y a matière à prendre chez vous. Avouez : n’avez-vous jamais rêvé de devenir chevalier, princesse ou roi quand vous étiez petit? Hein ? Qui n’a jamais rêvé de posséder un château ou de tout simplement pouvoir se pavaner dans les Cours européennes ? Toutes ces fictions qui font illusionner les plus utopiques d’entre nous. Et bien cher lecteur, pour vivre tout cela, il fallait naître des siècles auparavant. Et encore, vous auriez eu plus de chance de voir le jour dans un village au fin fond de la Bretagne à manger de la terre et à mourir à vingt-cinq ans. Mais le monde moderne est merveilleux, à défaut d’avoir inventé la machine à remonter le temps, il a créé toutes sortes de manières pour accéder à la noblesse.

En effet, si autrefois il était compliqué, voire quasiment impossible d’accéder à cette branche si fermée de la société, il existe désormais des façons, somme toute, égales, d’entrer dans ce groupe. Mais rassurez-vous, vous n’avez désormais plus besoin de jouer la comédie et de vous couvrir de ridicule comme Monsieur Jourdain si vous désirez ardemment faire partie de ce cercle fascinant qu’est l’aristocratie.

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Un nouveau « laird » de Glencoe en Écosse

En premier lieu, si vous sentez que sommeille en vous une âme de highlander, je ne peux que vous conseiller d’acheter un petit lopin de terre en Écosse. Pour moins de cinquante euros vous pouvez devenir Lord ou lady de Glencoe. Si c’est pas génial pour pouvoir faire son intéressant(e) en dîners mondains (ou simples soirées cela marche aussi). Mais surtout, comme les quelques 200 000 personnes avant vous, vous pourrez œuvrer pour une louable cause. Effectivement, si vous pouvez pour une modique somme vous prétendre laird, c’est qu’il y a tout un projet derrière. En achetant votre terrain, vous contribuez à sauvegarder la faune et la flore des Highlands. Ainsi, vous irez planter votre tente en tant que noble et en ayant la conviction d’avoir fait une bonne action pour la planète. Vous serez un vaillant chevalier de la forêt millénaire écossaise tout en profitant du paysage splendide. Dame nature vous remerciera, pour sûr !

Néanmoins, si vous vous sentez d’humeur assez peu écologique ou que vous n’aimez simplement pas la météo des Highlands (absolument personne ne vous blâmera, il faut vraiment aimer la pluie et les nuits sans fin pour résider là-bas), vous pouvez toujours vous tourner vers l’Italie. Il y fait meilleur cela va de soi. Pays des pâtes, désormais aliment de prédilection de tout étudiant lambda. Mais revenons-en aux faits : cette fois, il vous faudra sans doute débourser un peu plus que pour les terres des Highlands (donc en tant qu’étudiant on est peut-être moins bien placé). Pour faire bref, vous pouvez acheter des titres comme ceux de comte, duc et autres marquis en toute légalité. Les transferts de ces titres de Noblesse et Féodaux sont faits par des avocats européens expérimentés (rassurant non ? Aucun risque de finir en prison, enfin normalement). Et évidemment ceux-ci sont héritables (c’est mieux n’est-il pas ?). Cela peut être un atout indéniable sur votre CV et, optionnellement, votre égo. Et puis, c’est joli l’Italie, il fait beau, il y a la mer et un énorme patrimoine (l’Écosse aussi me direz-vous et vous n’auriez pas tort).

Sinon… Il vous reste la méthode Megan Markle. Tout est possible, après je ne vous cache pas qu’il faut être un minimum célèbre pour avoir peut-être, probablement, sous certaines conditions, rencontré le prince charmant (ou la princesse cela dépend de vous). Bon… soyons honnête, on ne vit pas dans un film un peu cliché ou dans une chronique Wattpad, cela m’étonnerait que vous ayez une histoire avec un membre d’une quelconque famille royale. MAIS ! Il n’y a pas qu’eux, il existe énormément d’autres familles. C’est pas super éthique mais qui sait ! Vous tomberez peut-être follement amoureux.se d’un individu qui se trouve être noble depuis maintes générations. Il ne vous reste plus qu’à faire jouer votre réseau…

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Pour résumer et enfin conclure, on peut dire que la noblesse est toujours accessible. Que vous soyez fan d’Outlander, des Médicis ou des potins, il y a le choix. Cela n’est pas la mer à boire dans la majorité des cas. Perso j’ai un p’tit coup de cœur pour l’Écosse mais ça c’est parce que j’aime ce pays au-delà du raisonnable. Oui, en dépit du mauvais temps et de leur accent. Je vous laisse sur cette note, vous avez à réfléchir si vous désirez passer le cap.

 

Éloïse Briand

Ces rois et empereurs que vous ne connaissez (probablement) pas !

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Certifié 100% sans fake news. Le genre de roi qui va te donner envie de réaliser un film ou une minisérie de six épisodes sur sa vie 

François II, roi de France

F2.jpgUn peu oublié de tous, François II est pourtant le fils d’Henri II et de Catherine de Médicis, donc petit-fils de François Ier et frère de Charles IX. Il avait tout pour bien réussir : couronné roi à seulement 15 ans, marié à Marie Stuart (oui la Marie Stuart qui a tenu tête à Elisabeth Ière pour défendre son pays, l’Écosse), tout ça sur fond de guerre de religion, mais une santé fragile a eu raison de ce roi au bout d’un an et quatre mois de règne seulement. Au final, c’est comme pour les Disney, le premier est toujours meilleur.

 

Maurice Beniowski, roi de Madagascar

Count_Maurice_de_Benyovszky_2014-04-25_20-20.pngOu comment devenir roi de Madagascar tout en ayant été comte hongrois, colonel français, dirigeant militaire polonais et soldat autrichien. Maurice fait partie de cette noblesse qui au XVIIIe siècle se décide à l’aventure : les siennes vont rester centrées en Europe avant de se diriger vers Madagascar. Mais comment en est-il arrivé là me direz-vous ? Et bien, il faut justement avoir été comte hongrois, colonel français, dirigeant militaire polonais et soldat autrichien. En effet, après son arrivée en France, celle-ci décide de le récompenser pour ne pas qu’il livre des connaissances accumulées après une longue navigation. Il est donc décidé qu’il partira pour Madagascar afin d’y fonder un établissement de traite (normalement là vous devriez commencer à le voir venir). Il s’y rend et s’allie avec des troupes d’indigènes qui le reconnaissent comme roi. Toutefois, après deux ans pépouze, Maurice se fait avoir lorsqu’une commission d’enquête venue de France se rend compte qu’il n’a pas du tout exploré l’île et surtout qu’il s’est mis à dos tous les indigènes qui ne veulent plus échanger avec les étrangers. Bref, il a poussé le bouchon un peu trop loin Maurice.

 

Jean Ier le Posthume, prince de France et de Navarre

1200px-JeanIposthume.jpgBon déjà avec ce nom ça démarre pas super mais Jean a quand même pu régner : quatre (4) jours, de sa naissance à sa mort. Néanmoins, même en ayant vécu et gouverné sur une si courte période, le roi Jean Ier a inspiré des rumeurs vivaces. Première rumeur : son oncle, Philippe V, l’aurait assassiné pour  monter sur le trône. En même temps, Philou a cru toute sa vie pouvoir succéder à son frère puisque celui-ci n’avait pas de descendance mâle, bref il n’avait pas de fils. Ce très beau projet professionnel s’est retrouvé ruiné par la grossesse de la reine Clémence qui n’a accouché qu’après la mort du roi (d’où le surnom du petit Jean d’ailleurs). Deuxième rumeur : il ne serait en fait pas mort et aurait été envoyé en Italie et élevé sous le nom de Gianino Baglioni. Celui-ci (parce que oui il a vraiment existé) a parcouru les cours européenne en prétendant être Jean Ier le Posthume ; même si certains ont pu le croire, personne ne lui a rendu son trône donc l’histoire s’arrête là.

 

Augustín Ier, empereur constitutionnel du Mexique 

Iturbide,_Miranda,_1860.pngIssu de la famille des Iturbides, Augustín naît à Valladolid en 1783. Mais quel rapport avec le Mexique ? Lorsque celui-ci prend son indépendance, les Européens ont considéré qu’aucune famille mexicaine n’était assez noble pour diriger le pays. C’est donc la famille d’Augustín qui prend la place le temps de trouver une solution permanente vu que la couronne espagnole ne proposait rien (en vrai ils croyaient juste pouvoir reconquérir la colonie). Face à tout ça, les conseillers de Gusgus lui ont vaguement soufflé à l’oreille de faire une Napoléon (en gros, se faire empereur soi-même sans que personne n’ait rien demandé). Face aux tensions, il choisira finalement d’abdiquer plutôt que de se faire renverser. Toutefois, l’histoire ne s’arrête pas là car il tentera de revenir mais sera capturé et fusillé. Morale : who does the malin falls in the ravin.

 

Jovienempereur de Rome

33670_jovien-silique-nicomedie-ric-127-avers.jpgAyant vécu au IVe siècle de notre ère, Jovien est un empereur romain en apparence banal. Peu connu, il n’a en effet régné que sept mois et vingt-et-un jours. On imagine tout de suite l’assassinat politique, l’attaque terrible, la bataille épique. Rien de tout ça pour Jo qui trouve la mort dans sa tente. Celle-ci porte à débat (la mort pas la tente), il serait soit décédé asphyxié par un brasero dans sa tente (déjà c’est pas glorieux), soit d’une indigestion, soit d’une intoxication aux champignons vénéneux. Dans tous les cas, il n’était pas doué pour le camping. PS : en cette saison des champignons, n’oubliez pas d’aller voir votre pharmacien en cas de doute sur la comestibilité d’un champignon (normalement ils ont des dépliants pour vous aider à reconnaître ceux comestibles).

 

 

ffc2bcb91ff30bb05885248634943019.jpgTyfenn Le Roux, votre dénicheuse des oubliés couronnés anonymes

L’apARTé scientifique – Fistule anale et hymne national ou comment le God Save the Queen anglais suppura du derrière d’un roi français

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Alors aujourd’hui on va partir dans du sale, du très très sale. Donc premièrement tu vas tout de suite me lâcher ce sandwich Jean-Masturbin ! Je ne voudrais pas que tu tapisses de ton vomi ce magnifique journal, mes collègues rédacteurs vont m’en vouloir après. Allez lâche-le. LÂCHE-LE J’AI DIT !! Bien c’est mieux.

En effet, on va parler de cul ! Mais pas des magnifiques fessiers grecs ou romains que nous partage allègrement sur Instagram l’agalmatophile préferé de l’École -je pense que vous voyez de qui je veux parler-, non non non !  On va parler de fistule anale !

 

À vrai dire, cet article s’attache à une anecdote assez connue : la fistule anale de Louis XIV et son influence directe sur la création de l’hymne God, save the Queen. Bien sûr on va essayer de le faire de la manière la plus objective et la moins vexante possible pour nos amis ang … Non je plaisante ! Bien sûr qu’on va se foutre de leur gueule allègrement ! Allez Billy, on ressort l’uniforme de la Grande Armée et cette fois on traverse la Manche !

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Le fameux bistouri, illustré par notre dessinatrice Éloïse Briand

Donc petit contexte, camarades ! En 1686, notre bon Roi Soleil est atteint d’un mal si handicapant qu’il ne peut plus chevaucher. On présente d’abord cela assez pudiquement comme une « tumeur à la cuisse » mais le roi ne peut bientôt plus le cacher : il s’agit d’une fistule anale. Une multitude de médecins et d’apothicaires tente alors de soigner le roi à base de cataplasmes, de cure thermale, etc … Mais l’un d’entre eux sort du lot : Charles-François Félix. Ce dernier propose au roi une opération novatrice, qui va rentrer dans les annales -… désolé mais les blagues pipi-caca c’est un peu le fondement (surenchère quand tu nous tiens) de mon humour. Mais pas question d’en faire le premier jet -hum …- sur le roi ! Félix expérimente donc sa méthode sur plusieurs dizaines d’indigents -dont certains meurent !- dans le secret le plus total. Cela lui permet de mettre au point un bistouri spécial dit « recourbé à la royale ». Alors le machin est relativement monstrueux quand tu sais que sa destination est potentiellement ton troufion. Imagine l’opération de trois heures sans anesthésie pendant laquelle on te l’insère dans l’anus à l’aide d’un écarteur ! Enfin ça fonctionne puisqu’en janvier 1687, après trois opérations, le roi est guéri, inespéré à l’époque !

 

Mais guéri de quoi finalement ? -oui Billy, d’une fistule anale, on sait ! Tu te crois malin hein ! Mais est-ce que tu sais ce que c’est exactement ? Non ? Et bien tu la boucles ou je t’enfonce un bistouri recourbé à la royale dans le rectum !- Bien, donc répondons à cette question parce que pour l’instant on fait beaucoup d' »histoire » mais pas tellement de science finalement. Hum hum ! *voix de vieux sage dans une grotte* Au commencement, Dieu décida que tu devais douiller sévère ! Non mais je caricature à peine, on ne sait jamais trop comment ça arrive ces saletés. En gros, une inflammation se déclenche dans le rectum. Elle provoque ce que l’on nomme un diverticule, une sorte de petite fissure dans la paroi rectale. Et c’est là qu’on va pouvoir s’amuser ! Parce que ça ne s’arrête pas là, loin de là ! En effet, l’accumulation de matière fécale -mmmmh !- dans le diverticule ne fait qu’empirer l’infection et donc creuse la fissure petit à petit. Donc un boyau enflammé va se développer doucement vers l’extérieur et finir par s’abducter à votre peau des fesses (assez proche de l’anus quand-même) sous la forme d’un abcès avec parfois écoulement de pus en supplément. Ragoûtant hein.

 

Et donc à la guérison du roi, tout le monde y va de son petit Te Deum, notamment la duchesse de Brinon, supérieure de l’orphelinat pour filles nobles de la Maison royale de Saint-Louis (futur Saint-Cyr), qui écrit un cantique en français pour que les jeunes filles dont elle a la charge puissent le chanter à la visite du roi rétabli. Mis en musique par Lully lui-même, il est appelé à devenir célèbre : Seigneur (Dieu), sauve le roi. En effet, et c’est là que l’on va pouvoir enfin vanner nos chers voisins d’Outre-Manche, pour mon plus grand plaisir !

Ainsi en 1714, après le traité d’Utrecht, qui voit encore une fois Louis XIV s’en sortir face à une coalition européenne menée par la perfide Albion -qui ne pouvait bien sûr pas s’empêcher d’essayer de nous emmerder !- Haendel visite le château de Versailles. Il y a vent du cantique de Madame de Brinon, en copie les paroles et la mélodie et le fait traduire par le pasteur Henry Carrey. Il le présente ensuite au roi Georges Ier d’Angleterre, sans l’entretenir de l’origine dudit chant bien entendu ! Au goût de son souverain, il devient par la suite l’hymne royal anglais, entonné lors de toutes les cérémonies officielles et ce jusqu’à nos jours.

God save the Queen.png

Voilà donc pourquoi ces saletés d’Anglois chantent un hymne … pour ainsi dire de merde -en tout cas sorti du cul d’un roi français ! En espérant ne pas vous avoir -trop- fait vomir, je vous dit à  la prochaine sur Trafalgar Square quand nous aurons refait de cette île une colonie française !

 

Raphaël Vaubourdolle

 

Ek°Phra°Sis – Murmures de gloire…

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Le roi David jouant de la harpe, Anton Kern, début du XVIIIème siècle, Musée des Beaux-Arts de Budapest

Tendez l’oreille… À pas de velours délicat ou à coups de sabots glorieux, les souverains aiment les odes visuelles autant que sonores les concernant. Preuve en est, si je vous donne n’importe quel nom de roi, prenons Louis XIV par exemple, je suis persuadée que les premières choses qui s’imposent alors à votre esprit sont le portrait de sacre par Hyacinthe Rigaud ou bien des musiques comme La Marche des Turcs de Lully ou encore le prélude du Te Deum de Charpentier (écoutez ces morceaux en vous rendant à votre prochaine remise de diplôme : vous vous sentirez pousser des ailes de magnificence). La propagande et l’art de cour est partout : elle est le fil commun qui relie tous les monarques à travers les âges et les continents. Tout doit être mis en œuvre pour glorifier la personnalité couronnée. Rien n’est jamais trop beau pour eux.

Pour cette première Ek°Phra°Sis de l’année, je ne peux m’empêcher de vous emmener écouter la musique, poétique cette fois-ci, qui a accompagné certains de mes souverains favoris. Pour les lecteurs ne connaissant pas encore ce principe, le but est de créer une synesthésie de la vue et de l’ouïe en les confondant toutes deux. Ut pictura poesis. « La peinture est une poésie muette et la poésie une peinture qui parle » : Horace est le maître spirituel de cette rubrique. Dorure, apostrophe, exclamation et grâce pour les rois !

Avec un numéro Royal, comment ne pas parler du « Prince des Poètes », surnom donné à Pierre de Ronsard ? Entre 1550 et 1552, il écrit un très beau recueil de poèmes à la gloire de la dynastie des Valois, intitulé Odes. Pour chaque événement marquant de la cour d’Henri II, le fils de François Ier, il ne manque pas de rédiger un poème en l’honneur de ses protecteurs. Il faut dire qu’entre les Valois et Ronsard, c’est une histoire très intime, presque fraternelle, puisque le jeune Pierre devient page du Dauphin alors qu’il n’a que douze ans. En 1542, alors frappé de surdité, il décide de s’épanouir en écrivant de la poésie pour laquelle il a beaucoup d’ambition : il souhaite qu’elle contribue entièrement, au même titre que l’architecture renaissante en plein essor, à magnifier la figure royale. Il aura ainsi ces mots : « Je te veux bâtir une ode, / La maçonnant à la mode / De tes palais honorés ». Il aime tellement son roi qu’il vient à peine d’être lui-même couronné par l’Académie des Jeux floraux de Toulouse en recevant une Minerve en argent massif d’une grande valeur, qu’il s’empresse déjà d’offrir celle-ci à Henri II. Sous sa plume, toute la famille royale est portée aux nues : Catherine de Médicis, François II, Charles IX, Henri III, la princesse Marguerite et la jeune reine d’Écosse Marie Stuart (mariée à François II). Chaque bataille gagnée est également un prétexte pour déposer des lauriers sur la tête souveraine. Ainsi, quand Boulogne-sur-Mer est reprise aux perfides mains anglaises en 1544, Ronsard s’adresse directement à Henri, encore prince alors, ainsi : « Quand entrent les Césars j’aperçois ton image / Découvrant tout le front de lauriers revêtu, / Voyez ce, dis-je alors, combien peut la vertu / Qui fait d’un jeune roi un César avant l’âge ». Or,

Henri II par François Clouet, 1559, huile sur bois, Musée du Louvre - Wikimedia Commons

Henri II par François Clouet, 1559, huile sur bois, Musée du Louvre – Wikimedia Commons

Pierre va encore plus loin quelques années plus tard en rédigeant sa Franciade, restée inachevée. Véritable œuvre à la gloire des Valois, elle conte leur légendaire ascendance avec Francus, fils d’Hector. L’ouvrage devait compter vingt-quatre chants mais la mort de Charles IX stoppa le projet de Ronsard qui, découragé par le décès d’un souverain qu’il avait énormément aimé, se retira au prieuré de Saint-Cosme. Les peintres aussi avaient à cœur de rendre hommage à Henri II. François Clouet livre ainsi en 1559 un beau portrait d’Henri II, conservé au Louvre. Loin des portraits pimpants de sacre dans le reste de l’Europe, le Tourangeau livre ici sur un portrait où le visage du roi éclaire le fond. Le regard soutenu, autoritaire dans une attitude calme et stable montre le souverain dans toute sa superbe. Le choix d’un cadrage serré avec un fond uni est un clin d’œil au grand portraitiste Holbein. Toutefois, cachée derrière cette simplicité de mise en scène, Clouet insiste sur la richesse des habits du roi : plumes vaporeuses, soieries et passementeries du col, collier aux pierres raffinées… Tout est présent pour faire vibrer sur le panneau de bois la splendeur du roi. Cette formule originale instaurée par Clouet a d’ailleurs un grand succès de propagande puisqu’il va être très copié. On compte plus d’une cinquantaine de cet original de par l’Europe : au palais Pitti à Florence, au château de Chantilly en France.

Toutefois, avec le temps, les souverains vont aussi être représentés dans leurs moments les plus sombres, bien malgré eux… Cependant, certains artistes vont rendre ces visions sublimes au sens étymologique du terme (latin sublimis = « qui va en s’élevant »). La grandeur d’âme et la noblesse n’en sont alors que plus exacerbées. Prenons le cas de Napoléon Ier, malheureux exilé de Sainte-Hélène, à la fin de sa vie… Évincé du pouvoir, il est contraint de rester injustement sur une île loin des Français qu’il a tant aimés (il a eu ses travers, comme tout Homme, mais cela n’enlève rien à l’indéniable et profonde affection qui était sienne pour notre pays). Pierre-Antoine Lebrun va même jusqu’à déclarer en 1844 que Napoléon est « la muse la plus féconde des poètes » ! Lamartine ne déroge pas à ce constat, même si avec le temps est-il devenu un républicain convaincu. En effet, dans sa jeunesse, il a été un grand admirateur de cet homme quasi légendaire. Dans un poème de 1823 intitulé « Bonaparte » (recueil Nouvelles Méditations Poétiques), il imagine ce que peut ressentir l’Empereur en errant seul sur les hauts promontoires rocheux de Sainte-Hélène. En voici un court extrait qui, à la lecture, permet immédiatement d’imaginer une scène très vivante :

« Tel qu’un pasteur debout sur la rive profonde
Voit son ombre de loin se prolonger sur l’onde
Et du fleuve orageux suivre en flottant le cours ;
Tel du sommet désert de ta grandeur suprême,
Dans l’ombre du passé te recherchant toi-même,
Tu rappelais tes anciens jours !

Ils passaient devant toi comme des flots sublimes
Dont l’œil voit sur les mers étinceler les cimes,
Ton oreille écoutait leur bruit harmonieux !
Et, d’un reflet de gloire éclairant ton visage,
Chaque flot t’apportait une brillante image
Que tu suivais longtemps des yeux ! »

Napoléon à Sainte Hélène, gravure de Pierre-Eugène Aubert, 1840, eau-forte et burin, BNF - Photo personnelle

Napoléon à Sainte Hélène, gravure de Pierre-Eugène Aubert, 1840, eau-forte et burin, BNF – Photo personnelle

Les Romantiques se sont bien évidemment emparés également de la légende. Le destin tragique – mais ô combien vibrant de gloire – du général Bonaparte en fait un sujet idéal. Ainsi, Pierre-Eugène Aubert livre en 1840 sa vision de l’Empereur déchu sur l’île de son exil. Sur une estampe au burin et à l’eau-forte dont le tirage original est conservé à la Bibliothèque Nationale de France, l’artiste met en scène debout, le regard baissé vers les flots tumultueux qui lèchent les roches acérées du promontoire, Napoléon Bonaparte, le bicorne abandonné au sol et la redingote volant dans les airs sous un fort vent. Le paysage état d’âme est très net ici, avec un souverain déchiré mais encore debout, qui se détache sur une partie de ciel éclaircie dont la lumière le baigne, contrairement aux éléments minéraux et aqueux qui se déchaînent dans une violence inouïe. Cette branche d’arbre qui qui s’accroche, qui lutte au premier plan à droite n’est-elle d’ailleurs pas un écho de l’Empereur ? Toutefois, elle appartient déjà à un tronc complètement desséché : doit-on y voir le symbole proleptique de la mort prochaine du général ? Ce dernier aura d’ailleurs ces mots sur son lit d’agonie : « Quand je serai mort […] vous reverrez, les uns vos parents, les autres vos amis, et moi je retrouverai mes braves aux Champs Élysées »

Comment conclure autrement notre royal Ek°Phra°Sis si ce n’est par le modèle recherché de Napoléon, pas un empereur mais bien un roi conquérant qui était parti à l’assaut du monde antique ? Alexandre le Grand, qui va inspirer de nombreux poètes et peintres pour représenter à travers le temps des souverains sous ses traits, est la cerise sur la couronne pour cet article. Voici une nouvelle proposition d’ekphrasis, basée sur le très beau portrait en clair-obscur d’Alexandre dans l’armure d’Athéna peint par Rembrandt en 1659 (exposé au musée Gulbenkian au Portugal, certains Historiens de l’Art y voient plutôt directement la déesse mais aucune théorie ne peut être confirmée par les archives). Quoi de mieux que des alexandrins pour cela ?

 

Alexandre le Grand, par Rembrandt, 1655 - Licence CC Creative Commons

Alexandre le Grand, par Rembrandt, 1655 – Licence CC Creative Commons

Ô léonin regard aux feux impérieux
Les lauriers du monde à tes pieds te saluent !
De la Perse à l’Indus, noble épée vers les nues
D’un futur glorieux, entends le regard des dieux !

À tes cuivreuses boucles s’épingle un sourire,
Celui d’une Roxane que mon âme honnit.
Ne puis-je, Grand Roi, avoir ton cœur par ma lyre ?
Ou dois-je toujours loin de tes preux pas mourir ?

Si ta phalange peint l’appel de ton destin
Si tes peintres défendent l’Apelle à ta gloire,
Sois le Soleil chassant le soir, clarté demain !

 

Laureen Gressé-Denois, Anastolé, 23 octobre 2019

Interview exclusive d’Anaïs Ripoll, auteure du roman « Le Secret de l’École du Louvre »

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La rédaction a rencontré Anaïs Ripoll, ancienne élève de l’École, qui a publié début 2019 un roman directement inspiré de ce cadre d’études : quatre étudiantes de l’EDL mènent leur enquête pour retrouver un tableau volé au Louvre ! Et l’équipe administrative et pédagogique de l’École ne semble pas étrangère à cette affaire…
Nous avons donc sauté sur cette belle occasion, pour vous faire découvrir l’auteure et son œuvre à travers cette interview. Nous tenons à la remercier sincèrement et sommes honorées de pouvoir partager cela avec tous les élèves. En espérant que cela vous plaise, et vous donne envie de vous plonger dans son roman !

 

Louvr’Boîte : Bonjour !
Anaïs Ripoll : Bonjour à vous !

 

Tout d’abord, pourriez-vous vous présenter rapidement ?


A.R. : Je m’appelle Anaïs Ripoll, j’ai 32 ans, et je suis originaire du Vaucluse, près de Carpentras. Je suis arrivée à l’École du Louvre à 19 ans, c’était en 2006 : ça passe très vite ! J’ai fait le Premier Cycle et je suivais les cours de spécialité Art du XXème siècle. J’ai rencontré à l’Ecole des super copines, que j’ai toujours. Le Da Vinci Code était sorti peu de temps avant, ça avait fait un carton et il y avait un fort engouement et on jouait beaucoup là-dessus au niveau du Louvre, des touristes. Moi, j’arrivais de province, je ne savais même pas prendre le métro, et je me suis retrouvée propulsée à l’Ecole du Louvre, à Paris. C’est là que j’ai commencé à imaginer, d’abord par plaisir, une parodie du Da Vinci CodeAprès l’École, j’ai fait un Master marché de l’art à l’ICART (Institut supérieur des carrières artistiques) à Paris, durant lequel j’ai réalisé mon mémoire sur le trafic des objets d’art. Vous verrez que ça a un rapport avec le roman … Ensuite, j’ai fait ma licence de droit à la Sorbonne, par correspondance. Et à côté je faisais des stages en salle des ventes, à Drouot.  J’ai donc passé 7 ans à Paris et j’ai fini par rentrer dans le Sud au terme de cela, et aujourd’hui je suis commissaire-priseur à Toulouse.

 

Votre métier est donc bien commissaire-priseur, vous n’êtes pas du tout romancière de métier et vous n’avez, pour l’instant, sorti que ce roman : quelle est la genèse de ce projet ?


A.R. : C’est un livre qui représente vraiment mes années à Paris, auxquelles je suis très attachée, qui a au départ été écrit pour mes copines. L’idée étant d’immortaliser tous nos délires, les garçons sur lesquels on craquait un peu, les profs, les surnoms qu’on leur donnait, et puis se souvenir des cours. Vous verrez, il y a toute l’angoisse de découvrir les cours sur la préhistoire, le côté génial de découvrir les TDOs… Je l’ai d’abord fait pour elles. Ensuite c’est devenu un peu mon secret à moi, c’est-à-dire qu’il a dormi dans mon ordinateur pendant des années, et de temps en temps quand j’avais un coup de nostalgie je le reprenais. Et puis, finalement, je me suis prise à mon propre jeu.
Au départ, c’était une parodie du Da Vinci Code, avec un tableau qui disparaît, puis je l’ai vraiment peaufiné. J’ai décidé d’approfondir l’intrigue, et si j’ai choisi mon sujet de mémoire sur le trafic des objets d’art, c’était aussi pour enrichir le roman. Donc j’ai enrichi avec des anecdotes historiques, des données sur la question du vol des objets d’art. Et puis voilà, après 10 ans, j’ai décidé qu’il avait assez dormi dans mon ordinateur, et je voulais vraiment rendre hommage à ces années-là, à mes copines, qui ont été hyper contentes d’être replongées dans ces années. C’est comme ça que ça s’est fait !

 

Très bien ! Vous gardez donc un bon souvenir de vos années à l’École ? Peut-on même parler de nostalgie ?


A.R. : Oui, oui. Je pense que ça reste une école et un cursus qui sont vraiment uniques, c’est une très très grande chance de faire l’École du Louvre. J’ai parlé à beaucoup de gens qui ont fait le cursus Histoire de l’Art mais à la fac, et qui sont envieux. Ça reste des années très insouciantes et j’ai vraiment voulu garder ça dans l’histoire : les héroïnes ont 20 ans et donc des préoccupations de leur âge (rires). Quelquefois, elles sont un peu naïves, innocentes, fofolles et ont parfois du mal à se concentrer sur l’enquête parce qu’il y a des histoires de garçons, etc. J’ai essayé de garder cette fraîcheur que j’avais quand j’avais 20 ans, à l’École du Louvre.

 

Pour ce qui est du roman en lui-même : il s’agit d’une fiction, mais elle est donc directement inspirée de lieux réels, de professeurs que vous avez eus, de vos amis etc. ?


A.R. : Oui, tout à fait. C’est une base réelle, allant des professeurs, en passant par les personnes du pôle pédagogique, et jusqu’à la directrice de l’époque elle-même, dont j’ai changé le nom. J’ai changé les noms de tous les personnages réels, mais ils sont reconnaissables quand même, avec les descriptifs et même les noms ressemblants. Donc c’est vraiment inspiré de personnages réels mais toute l’intrigue, elle, est totalement inventée. Il n’y a jamais eu de vol de Raphaël au Louvre, du moins, je ne pense pas (rires), et je ne veux pas spoiler mais en tout cas, les héroïnes vont déceler quelque chose de pas très net qui se trame au niveau de l’équipe pédagogique de l’École du Louvre…

 

Vous évoquez l’intrigue du roman : elle part d’un vol de tableau de Raphaël au Louvre, qui entraîne une enquête menée par les quatre héroïnes, élèves à l’École du Louvre, c’est bien cela ?


A.R. : En fait, elles ont cours dans le Louvre, et à ce moment-là elles assistent à un casse absolument spectaculaire, où un tableau est volé sous leurs yeux. À la fois traumatisées et fascinées par ce qu’elles ont vécu, elles décident de mener une enquête parallèle à celle de la police. Elles commencent alors à farfouiller, à fouiner, et mettent le nez dans des choses qui les dépassent, qui sont d’une dimension vraiment plus grave que ce qu’elles pensaient. Elles se retrouvent prises dans un engrenage, puisqu’elles dépassent les limites, elles cambriolent le directeur, reçoivent des lettres anonymes de menaces…elles ne s’en sortent plus, et ça devient une course contre la montre pour démanteler cette histoire avant d’être prises au piège.

 

Vous avez dit que ce projet avait dormi dans un ordinateur pendant des années. Quand vous avez pris la décision de vraiment en venir à bout et de publier ce roman, êtes vous revenue sur les lieux en question pour vous en (ré)imprégner ?


A.R. : Comme je suis restée sept ans à Paris mais seulement trois ans à l’École du Louvre, j’y suis retournée régulièrement, effectivement. J’ai passé beaucoup de dimanches à flâner au Louvre, me suis vraiment imprégnée de ça durant toutes mes années parisiennes. Ensuite, je l’ai terminé de mémoire, quand j’étais à Cannes, dans le Sud.
Et tout cas, dans un second temps, mon rêve ULTIME aujourd’hui serait d’organiser une dédicace dans le hall de l’École, ça serait extra ! Au moment de l’écriture, je n’aurais jamais pensé le publier, ça restait vraiment un projet personnel et top secret, et puis je me suis dit : « allez, on n’a qu’une vie, soyons fous ». Donc ça serait fou de réaliser ça.
En plus, je n’ai même pas cherché d’éditeur, je voulais le sortir pour le plaisir. Donc je l’ai mis en ligne sur Amazon, où vous pouvez créer votre livre en ligne. J’ai créé une page Facebook pour inviter mes amis, et j’ai balancé le lien, en disant « eh bah voilà, surprise, j’ai écrit un roman, je ne l’ai jamais dit à personne, donc si ça vous intéresse, allez jeter un œil ». Et en fait ça a créé une espèce de mini buzz, parce que j’en n’avais jamais parlé. Les gens m’ont dit « mais t’as ça depuis 10 ans, t’es sérieuse ? », et tout le monde a relayé. Donc j’ai eu la presse locale (de chez moi) qui m’a interviewée, je suis passée à la radio, j’ai fait ma première séance dédicace à la Galerie Polka, une galerie photo très connue dans le Marais. Tout est allé très vite après ça et il y a eu vraiment un engouement au moment de la sortie, alors que je n’avais pas du tout envisagé ça. Comme je vous l’ai dit, il n’y avait pas de volonté professionnelle, de chercher un éditeur ou quoi que ce soit, mais par la suite, vu le mini-succès que ça a eu, je me suis dit : « allez, on continue la promo et on va au bout du bout du délire ».

 

Ça a l’air d’être le cas, mais n’avez-vous eu que des bons retours après la publication ?


A.R. : Oui ! Et je suis contente parce que je commence à avoir des partenaires super importants. Bon, évidemment, le partenaire suprême c’est l’École du Louvre, puisque le public est très ciblé étudiants en Histoire de l’Art. Donc avoir un article dans le Louvr’boîte, c’est juste génial car il y a beaucoup d’étudiants au Louvre. Je vais aussi avoir un article dans la Gazette Drouot, qui est l’hebdomadaire des ventes aux enchères auquel tous les commissaires-priseurs sont abonnés. Ça vient de tomber et j’aurai bientôt l’article : là c’est un très gros partenaire. Effectivement, petit à petit, j’ai vraiment des gens qui me tendent la main et qui s’enthousiasment.

 

Le fait d’avoir un article dans la Gazette Drouot, pensez-vous que ça peut vous donner aussi plus de visibilité dans votre métier même de commissaire-priseur ?


A.R. : Non, je ne pense pas, enfin peut être qu’il y aura des curieux qui vont acheter le livre, mais ça ne va pas me rapporter de nouveaux clients. En revanche c’est un tout petit milieu, effectivement, on se connaît tous, et je pense que ceux qui me connaissent, qui m’ont connue ou qui m’ont eue comme stagiaire seront vraiment amusés ou émus, en se disant : « c’est chouette, Anaïs a écrit un roman ». Voilà, je pense que c’est plus une question d’amuser et de faire plaisir, je ne pense pas que ça puisse me ramener une clientèle. 

 

Tout cet engouement vous a-t-il donné envie de continuer l’aventure, d’écrire une nouvelle fois ? Une suite, peut-être ?


A.R. : Effectivement, tous ceux qui l’ont lu m’ont demandé la suite (rires), tous m’ont dit que les personnages étaient très attachants, et pourquoi cela ? Je pense que c’est parce qu’ils sont réels, justement, inspirés d’anecdotes réelles, de gens géniaux et donc ce côté authentique a vraiment touché les gens. Malheureusement, et encore une fois sans spoiler, vous verrez que l’histoire n’appelle pas forcément à une suite, donc il n’y aura pas de tome 2. Par contre, oui, ça m’a donné envie d’écrire ! Ça ne sera pas sur les années parisiennes, parce que je pense qu’on n’écrit bien que quand on est immergé dans quelque chose, et c’est vraiment quelque chose que j’ai écrit au jour le jour, dans le tourbillon École du Louvre, parce que j’étais au cœur des cours, au cœur de ces gens, au cœur de l’intrigue, finalement. Donc si j’écris un autre roman, ça ne sera pas dans ce contexte-là. Je pensais plutôt faire un projet de saga familiale, un peu à la Marcel Pagnol, quelque chose de plus proche, plus personnel, au niveau de la famille, et en rapport avec le Sud.

 

Du coup, tout cela vous a quand même attirée vers l’écriture…


A.R. : Oui, vraiment. J’ai toujours eu des facilités au niveau de l’écriture, que ce soit en cours ou autres. On me donnait toujours les communiqués de presse, les mails, etc. J’ai toujours été à l’aise à l’écrit, et c’est vrai que quand on commence à écrire, on devient vite accro et on a envie de continuer !

 

Qu’est-ce qu’on pourrait vous souhaiter pour la suite, et pour continuer à faire vivre ce roman ?

A.R. : Comme je vous l’ai dit, ce qui serait super c’est que si, à la suite de votre article, les gens de l’Ecole du Louvre sont intéressés et curieux et que le BDE aussi trouvait l’article chouette, ce qui serait génial c’est qu’on demande l’autorisation à l’Ecole de mettre un petit bureau et d’organiser un moment de partage, pour que la boucle soit bouclée. C’est une aventure impensable pour moi, ça serait super. Voilà le mieux que l’on puisse me souhaiter !

 

LB : Merci beaucoup pour vos réponses. En tout cas, je crois qu’à la rédaction, on a tous très envie de lire ce roman !
A.R. : Merci à vous, et à bientôt j’espère !

 

Interview menée de concert par Inès Amrani et Jeanne Spriet pour le compte du Louvr’Boîte

 

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Il est possible de se procurer le roman Le secret de l’École du Louvre en :
– le commandant sur Amazon
– le commandant sur la Fnac / Cultura 
– le commandant chez n’importe quel libraire (si l’on veut faire vivre plutôt les petits libraires !)

Retrouvez aussi Anaïs Ripoll sur sa page Facebook : 

 

Interview : Mauvais Genre(s) – Club LGBTQIA+ du BDE de l’École du Louvre

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Paris, dimanche, 12h. Votre rédaction préférée part bruncher (dure journée de boulot n’est-il pas?). Qu’en avez-vous à faire vous demandez-vous? Eh bien déjà moins de graine, et puis nous brunchons de manière studieuse! Ce brunch, organisé par Mauvais Genre(s) pour accueillir leurs nouveaux membres, fut l’occasion pour nous d’enquêter sur leurs projets à venir.

 

Pour cela Stephany, la présidente, Kevin, le responsable du pôle écoute et Marco, le responsable du pôle blog, ont accepté de répondre à nos questions.

 

Pouvez-vous nous présenter le club en quelques mots ?

Stephany : Nous sommes un club qui a pour but la visibilisation des élèves LGBTQIA+ dans l’enceinte de l’EdL et la création d’un espace positif et safe pour ces étudiants en particulier. Safe ça veut dire que c’est un espace où des personnes qui habituellement subissent des discriminations savent qu’elles sont dans un milieu où ces micro-agressions ou ces plus graves agressions -comme les agressions homophobes, les insultes- ou même juste des propos déplacés n’apparaîtront pas, ou en tous cas s’ils apparaissent seront repris et corrigés par les membres du club et/ou par les personnes concernées directement.

Les missions du club sont des missions de partage, d’écoute, de prévention et de vulgarisation, que ce soit de la vulgarisation des termes et des pratiques LGBTQI+, d’Histoire de l’Art queer, … On essaie de mettre à disposition un bagage pour que les personnes LGBT au sein de l’École -et au-delà si on a un impact au-delà- puissent s’approprier l’héritage, les aspects et les concepts de leur communauté. Et aussi pour que les personnes qui ne fassent pas partie de la communauté LGBT, donc les personnes hétérosexuelles cisgenres, puissent comprendre ces aspects et puissent avoir un moyen d’apprendre et du coup de pouvoir comprendre les personnes qu’ils et elles côtoient tous les jours dans l’enceinte de l’École; et que par conséquent on arrive à étendre l’espace safe à l’intérieur du club, idéalement -c’est utopique- à toute l’École.

 

Kevin, est-ce que tu peux nous parler un peu plus du pôle écoute ?

Kevin : Bien sûr! Le pôle écoute on le conçoit comme un espace bienveillant et inclusif de la santé étudiante queer à l’Ecole du Louvre. Il est né après un besoin clair de prise en charge de la santé mentale à l’École.

Stephany : Et puis ça a été quelque chose qui a été évoqué vraiment dès la création du club. À la première assemblée générale de Mauvais Genre(s) en juin 2018 cette ambition est quelque chose qui est sortit très rapidement et qui a très vite mobilisé les gens présents à l’assemblée générale, en disant qu’on avait besoin et que c’était nécessaire qu’au sein du club il y ait une cellule d’écoute.

Kevin : Cette cellule d’écoute peut s’appliquer différemment, on propose aux étudiants de nous contacter sur les réseaux sociaux, par mail ou par discord. Et à partir du 22 octobre, tous les deux mardis, on va avoir une permanence à l’École. On souhaite vraiment avoir une présence qui soit pérenne, qui change la donne à l’École et change le stigmate de la santé mentale en fait. On la voit très négative et on n’en parle pas, on nous apprend à ne pas exprimer nos sentiments, à avancer, et c’est une chose contre laquelle j’aimerais lutter.

Le pôle écoute se compose vraiment de plusieurs personnes différentes et qui se complètent je dirais. On aimerait que chaque aspect de chaque personne du pôle écoute puisse aider les personnes concernées. Il y a des personnes racisées, trans, non cis (n.d.l.r. : cisgenres), qui viennent de différents milieux sociaux, qui ont vécu différemment l’École et qui sont à différents stades de leur vie au niveau de leur âge, de leurs études, … Ça me paraît très important.

Une fois par mois on aimerait organiser un événement pour avoir un contact avec les gens en plus de cet aspect toujours très …. On est là pour parler des mauvaises choses mais on aimerait aussi pouvoir parler des bonnes, et donc une fois par mois on ferait une table ronde où l’on veut vraiment échanger avec tout le monde.

Et pour moi l’objectif premier du pôle écoute c’est de mettre en place une liste de personnel de santé que l’on veut le plus inclusif et bienveillant possible ; après bien sûr on ne pourra pas s’assurer totalement de ces faits mais on essaie de rediriger les gens vers des professionnels qui leur conviennent.

 

Marco, est-ce que tu peux nous présenter le blog, qui a été créé cette année c’est ça ?

Marco: Alors non le blog a été créé l’année dernière….

LB: Ah ok, pardon

Marco : Mais c’est compréhensible parce que le blog a été créé l’année dernière, il a été lancé en ….

Stephany : … en janvier

Marco : Janvier ? Si tard ? Ouais, en janvier de l’année dernière. En fait créer ce blog c’est une idée qui était présente assez tôt dans Mauvais Genre(s) et qui a été à la charge du pôle comm’ l’année dernière. Effectivement le problème c’est que l’année dernière l’animation du blog a été quelque peu hésitante, c’était une année test.

Stephany : Et puis le fait est que la comm’ était trop occupée pour pouvoir se consacrer au blog.

Marco: C’est ça, et du coup la création d’un pôle spécifique cette année va rendre la chose un peu plus rigoureuse dans l’organisation, on va essayer d’avoir une véritable ligne éditoriale on va dire, pour le blog. Et surtout plus qu’une plateforme de blog où l’on écrit juste des billets sur ses ressentis -qui vont exister, c’est ce qu’on va appeler des billets d’humeur- on veut s’en servir comme une plateforme de vulgarisation où l’on va pouvoir écrire des choses à la croisée des thématiques LGBT+ et/ou queer et des disciplines enseignées à l’école, que ce soit l’Histoire, l’Histoire de l’Art, l’archéo, l’anthropo, les sciences du patrimoine, les musées, les archives … Oui je pense que j’ai fait le tour *rires*

En fait c’est une volonté de vulgariser et de montrer que nos identités, ou plutôt des identités non cis-normées et/ou non hétérosexuelles, ont pu marquer l’Histoire, être parfois des inspirations, et des moteurs de création. C’est aussi une volonté de se placer « académiquement » on va dire -même si c’est de la vulgarisation on tend à une certaine rigueur scientifique- dans un monde qui est très peu dvpé en France en fait. Le champ de l’Histoire de l’Art queer se développe petit à petit dans le milieu anglo-saxon par exemple, il existe, mais en France c’est encore assez récent et il n’y a pas de lieu de diffusion de ce savoir. Donc nous ce qu’on a envie de faire de notre côté c’est d’expérimenter sur ça. Et ça reste un journal étudiant, qui a quand même visée à produire du savoir, à former nos élèves à l’écriture et à diffuser au plus grand nombre.

Stephany : et à partager les événements.

Marco : Et à partager effectivement: le blog c’est aussi un lieu de partage d’événement, même s’il n’a pas encore la même visibilité que nos autres réseaux sociaux. On va pouvoir parfois y expliquer plus en avant les événements qu’on fait. L’année dernière j’avais par exemple expliqué un peu plus l’origine de la journée de la jupe quand on avait fait notre événement avec le Défilé de l’Histoire. ça va être aussi le lieu où on va pouvoir relayer les événements du pôle écoute : l’année dernière on avait fait des comptes-rendus des LGBookT, qui sont les clubs lecture on va dire du pôle écoute. On va pouvoir aussi y relayer le pôle culture, qui a été nouvellement créé et qui va se charger de l’activité culturelle “IRL”, j’ai envie de dire, de Mauvais Genre(s) : donc des conférences, des visites, des partenariats avec des artistes. 

Donc en gros le but du blog c’est de devenir un lieu de diffusion d’une vie culturelle et historique LGBT+ en fait.

 

Est-ce vous vous sentez soutenus et écoutés par l’École ?

Kevin : J’ai rencontré moi-même l’administration plusieurs fois et une fois avec Stéphanie. On sait qu’ils nous supportent et qu’ils nous soutiennent, après je pense qu’ils peuvent faire plus et qu’ils devraient aussi plus se remettre en question. Ils sont bienveillants et ils le revendiquent, mais on pourrait peut être aussi se demander pourquoi, avant qu’on arrive, ces changements n’ont pas eu lieu. Après ils sont en train de s’effectuer, et surtout grâce à Mauvais Genre(s): Stéphanie et Lexie ont rencontré une grosse partie de l’administration mercredi dernier (n.d.l.r. : le 9 octobre) et on essaie de mettre en place avec elle un rapport qui est sain et transparent. Dans l’idée on veut en être une prolongation chez les étudiants et un intermédiaire entre elle et les étudiants.

Stephany : Oui, plus qu’une prolongation, être un intermédiaire. Il ne faut pas non plus que les gens pensent qu’on est le petit toutou de l’administration. 

Kevin : Non et puis s’il faut s’opposer à eux on est là!

Stephany : Non c’est vrai que l’administration est derrière Mauvais Genre(s) depuis le début en fait et j’ai rencontré très régulièrement Mr Raffalli l’année dernière. J’ai rencontré Mme Bador et Mr Raffalli ensemble l’année dernière et cette année, à chaque fois pour leur présenter le club, nos projets, ce qu’on voulait faire. Avec Kevin on a été invités à la réunion de service de mercredi matin (n.d.l.r. : le 9 octobre) pour parler un peu de transidentité aux membres de l’administration; ce sont Mr Raffalli et Mme Bador qui se sont occupés d’inviter les gens et ils ont fait venir la scolarité, les ressources humaines et les relations internationales. Ce qui fait que l’on avait facilement une bonne vingtaine voire plus de personnes devant nous qui nous ont écouté pendant une bonne demi-heure/40 min avec Lexie à leur expliquer les tenants et les aboutissants des difficultés des étudiants trans, ce que nous on pensait, les suggestions que l’on pouvait leur apporter pour faire en sorte que ça se passe mieux pour eux, pour alléger la procédure.

*qqn toque à la porte* « désolé y a eu un tout petit accident …. » ‘’j’ai entendu, qu’est-ce que tu cherches ? ‘’ « euh des éponges » […]

Donc oui on leur a expliqué les problèmes que rencontrent les élèves trans, les suggestions que nous on voyait, tout en sachant que c’est une administration et …

* qqn toque à la porte* « désolé est-ce que tu as aussi des serpillères ? »

Marco : Tu vas avoir tout ça sur l’enregistrement *rires* 

Stephany : Ce sera un petit divertissement ! Bonjour Inès, j’espère que c’est pas trop chiant! * rires* Oui donc tout en sachant qu’il y a un cadre administratif fixe avec lequel on est obligé de faire avec parfois, et que eux sont obligés de faire avec aussi. Mais voilà leur expliquer comment ils pouvaient malgré tout, au-delà des impératifs d’administration, rendre la chose plus facile pour les étudiants queer et plus particulièrement les élèves trans.

Pour le reste je sais que Claire Barbillon a été très très claire avec les autocollants (les fameux), elle a réagit déjà très vite et aussi elle a très clairement dit, enfin pas officiellement mais elle a dit à l’un de nos membres qu’elle comptait être très vigilante sur ça ; quand je dis « ça » c’est tout ce qui est homophobie, racisme, ces questions-là. Et que s’il y avait la moindre chose qui se produisait dans l’enceinte de l’Ecole il fallait le signaler immédiatement et qu’il y aurait des conséquences immédiates. Elle nous l’a aussi confirmé de nouveau lorsque nous avons été reçus par elle et Mme Bador la semaine qui a suivi.

Donc je dirais que oui, on est soutenus par l’administration. Après ça reste une administration et forcément ils ne sont pas forcément conscients de tout, et c’est ce qu’on essaie de faire nous de notre côté en dialoguant avec eux et en leur mettant à disposition justement ce que je disais tout à l’heure, c’est-à-dire vulgariser les concepts et les aspects de la communauté queer et tout ce qui en découle, et du coup des choses dont ils ne peuvent pas forcément se rendre compte de là où ils sont. Déjà, ils ne se rendent pas compte des problématiques des élèves au sein de l’école, forcément de toutes les problématiques des élèves au sein de l’École mais encore moins sans doute les problématiques des élèves LGBTQIA+.

 

Sur votre page facebook, vous avez relayé le fait que maintenant chacun peut communiquer à l’administration le nom qu’il ou elle s’est choisi; est-ce que ça a découlé de cette discussion avec Mr Raffalli et Mme Bador ?

Stephany : En fait l’Ecole avait déjà cette procédure depuis longtemps, ils avaient déjà eu un élève transgenre -ils m’ont dit il y a 7 ans ou un truc dans le genre- et que du coup ils avaient déjà fait quelque chose de similaire à l’époque et en fait ils ont suivi cette procédure-là depuis. La seule difficulté en fait c’est que l’information n’était pas divulguée. Elle était dans leur tête quoi, ce qui n’est pas un mal mais du coup l’élève ne peut pas l’inventer!

Et effectivement la problématique qu’ils ont actuellement à propos de cette procédure -qui est maintenant une procédure obligatoire pour toutes les universités, facultés et organismes quels qu’ils soient- c’est qu’ils attendent la circulaire du Ministère de la Culture ; parce que celle qu’il y a eu jusque-là c’était de l’Enseignement supérieur, et comme l’Ecole dépend du Ministère de la Culture il faut qu’on attende cette circulaire-là pour que l’administration puisse communiquer officiellement dessus. La conséquence c’est que l’information n’est pas trouvable, et c’est pour ça qu’on leur a demandé si on pouvait divulguer l’information, la rendre accessible et plus simple ; et Mr Raffalli et Mme Bador qui étaient là à ce moment-là ont eu un regard sur ce qu’on a fait, ont approuvé et nous ont vivement encouragé à le faire.

Donc c’est pas Mauvais Genre(s) qui a tout déclenché, nous tout ce qu’on a fait c’est d’être le relais de cette information, de s’assurer que ce qu’ils avaient mis en place était satisfaisant aussi pour les étudiants, et là on essaie de voir si on ne peut pas simplifier la procédure pour rendre la chose encore plus simple et moins angoissante pour les étudiants; mais c’est des administrations donc ça bouge lentement, ça ne sera pas pour cette année. J’espère que ce sera pour l’année prochaine mais j’ai l’impression que je m’avance beaucoup. 

 

J’ai une question plus générale à propos du Sidaction, si tu voulais nous parler plus des projets que vous avez déjà ?

Stephany : Maintenant qu’on a enfin nos petits membres qui nous ont rejoint on va pouvoir se pencher sur les projets de l’année, et celui qui arrive le plus immédiatement c’est ce qu’on avait organisé l’année dernière, c’est-à-dire ce qu’on a appelé la quinzaine du Sidaction. Sur deux semaines on va répartir des événements durant lesquels on va inciter les élèves ou les personnes qui participent aux événements à faire un don pour la recherche sur le sida par le biais de l’association Sidaction.

On va partir sur à peu près la même organisation que l’on avait faite l’année dernière, c’est à dire que l’on va faire ça la dernière semaine de novembre et la première de décembre (du 25 novembre au 8 décembre) et on va avoir une conférence comme on l’avait fait l’année dernière avec Thibault Boulvain sur la représentation du sida dans l’art ; sur l’histoire du Sida dans la communauté LGBT et plus largement en fait aussi.

On va refaire un afterwork avec un dragshow, où on incitera les gens à donner -encore et toujours-. La nouveauté sera que le pôle écoute s’occupera de faire une conférence de prévention pour que les gens soient vraiment informés des pratiques à risque et comment faire pour se protéger, pcq c’est quelque chose qui n’est pas inné et qui doit se maintenir. Et on doit veiller à ce que tout le monde puisse être en sécurité.

Kevin : Si je peux me permettre, sur une note plus positive c’est aussi de dire les avancées de la recherche et les solutions possibles, parce que on vit aujourd’hui avec le Sida, ce qui n’a pas toujours été le cas.

Stephany: Et la dernière chose c’est le buffet caritatif qu’on avait fait. On ira aussi faire la quête aux portes ouvertes de l’école *rires*

Marco : pour les parents d’élèves

Stephany: Les parents d’élèves ont de l’argent !

Kevin : Ça on est pas obligé de le dire… *rires*

Stephany : Si si on peut le dire ! En tous cas certains en ont, pour deux en tous cas. Donc le buffet caritatif où on va faire comme l’année dernière : on sera là toute l’après-midi je pense, ça avait bien marché, on va acheter plein de bouffe, inciter les gens à nous aider à ramener des choses. Peut-être qu’on aura encore un gâteau licorne ! Et on incitera les gens à venir manger et à déposer ce qu’ils veulent pour le Sidaction.

Marco : Sachant qu’il y aura aussi normalement des distributions de préservatifs.

Stephany : On va essayer d’avoir des préservatifs externes et internes pour que tout le monde puisse être concerné et protégé.

Marco : et normalement le pôle blog va aussi couvrir l’événement, même si c’est un peu plus distant, avec une série d’articles liés aux thématiques de la représentativité du sida dans l’histoire, et sûrement en lien avec la conférence.

 

Et pour une petite note de fin, que pouvons-nous vous souhaiter pour la suite ?

Stephany : Qu’est ce qu’on peut nous souhaiter pour la suite…. On se souhaite quoi ?

Kevin : Une bonne santé mentale et de l’argent.

Stephany : Un bon anniversaire ! De l’épanouissement je pense.

Kevin : Et de la bienveillance. Et le soutien des étudiants de l’École.

Stephany : Enfin on l’a en fait, mais il faut continuer à nous montrer du soutien, parce que ça fait vraiment très plaisir, et ça nous touche beaucoup à chaque fois.

Marco : Oui, que ce soit le soutien des élèves concernés ou même des alliés! Surtout des alliés, pour voir que l’on peut être aussi une porte d’information et de bienveillance pour eux, pour qu’ils puissent exprimer leur soutien, pour nous c’est important.  C’est un peu fouilli….. *rire*

Stephany : On se souhaite plein de trucs, on s’aime putain les gars !

 

Est-ce que vous voulez rajouter quelque chose ?

Marco : Allez lire le blog ! *rires*

Kevin : Leur dire qu’il faut qu’ils prennent soin d’eux, surtout à l’Ecole du Louvre, parce que c’est un milieu très oppressant ; et que du coup le pôle écoute est là pour les aider.

Marco : Ah oui et que les élèves peuvent nous contacter.

Kevin : N’importe quand et n’importe qui surtout. Et ce serait bien si tu pouvais mettre nos contacts à la fin!

LB : Oui bien sûr !

Marco : On est ouverts aux partenariats ! *rires* Et on accepte les chèques !

Stephany : On a déjà tellement de choses à faire !

Kevin : Et on te remercie !

Stephany : Merci beaucoup!

Marco : Merci !

LB : Merci à vous !

Stephany : Cool, ben je vais aller constater ce qu’ils m’ont pété là quand même !

 

Interview menée par Inès Amrani pour le compte du Louvr’Boîte

 

40943268_275388509971108_1593524968094695424_n.jpgContacts pôle écoute Mauvais Genre(s): 

  • https://mauvais-genre-s.com/le-pole-ecoute/

  • https://discordapp.com/invite/pFUC4x9 -> Serveur « Mauvais genre(s) »

  • Mail : pole.ecoutemg@gmail.com

Mail : mauvaisgenres.bde.edl@gmail.com

Blog : https://mauvais-genre-s.com