Les expositions de textiles ont le vent en poupe ces dernières années. Plusieurs maisons de haute couture ont ouvert leurs collections au grand public, et notamment Dior et son exposition au Musée des Arts Décoratifs, Christian Dior, couturier du rêve. Celle-ci avait accueilli plus de 700 000 visiteurs en 2017. Depuis, les expositions de mode et de textiles se sont multipliées dans le paysage muséal parisien: Gabrielle Chanel. Manifeste de mode en 2020-2021 au palais Galliera, Thierry Mugler, Couturissime en 2021-2022 et Shocking ! Les mondes surréalistes d’Elsa Schiaparelli en 2022-2023 au Musée des Arts Décoratifs. Outre la haute couture, le vêtement asiatique est aussi mis à l’honneur avec Sur les routes de Samarcande. Merveilles de soie et d’or fin 2022 et en 2023 à l’Institut du monde arabe. À la même période, le musée du quai Branly – Jacques Chirac (MQB) accueille l’exposition Kimono organisée par le Victoria and Albert Museum de Londres.
Année 2024-2025
Lê Phô, Mai-Thu, Vu Cao Dam : Pionniers de l’art moderne vietnamien en France
Le musée Cernuschi et la place des artistes contemporains vietnamiens sur la scène artistique française
Connaissez-vous Lê Phô, Mai-Thu et Vu Cao Dam ? Ces trois noms méconnus en France sont pourtant ceux des trois pionniers de l’art moderne vietnamien, dont le travail est mis en lumière du 11 octobre 2024 au 9 mars 2025 au musée Cernuschi. Il s’agit de la première grande rétrospective en France de ces trois artistes : Lê Phô (1907-2001), Mai-Thu (1906-1980) et Vu Cao Dam (1908-2000). Celle-ci coïncide avec le centenaire de l’École des Beaux-Arts de Hanoï qui a permis la rencontre de l’art occidental avec les traditions artistiques vietnamiennes. Les échanges intenses entre élèves et professeurs ont ainsi donné naissance à un style nouveau, proprement indochinois, marquant l’entrée du Vietnam dans l’art moderne.
L’exposition rassemble près de 150 œuvres de ces trois artistes réparties dans vingt-cinq collections différentes, privées ou publiques, une occasion unique de les admirer. Nous retrouvons la Cité internationale universitaire de Paris, la Maison des étudiants de l’Asie du Sud-Est, le musée du quai Branly-Jacques Chirac, le Centre national des arts plastiques, le Mobilier national ou encore le Ministère de la Justice. L’exposition a également été conçue en étroite collaboration avec les familles des artistes qui ont ouvert leurs fonds d’archives.
L’exposition suit une progression chronologique, retraçant le parcours de ces trois artistes depuis leur formation à l’École des Beaux-Arts de Hanoï, et tout au long de leur carrière en France où ils arrivent en 1937. L’exposition met en avant leur travail respectif, tout en le resituant dans le contexte politique mouvementé du Vietnam au XXe siècle et des relations complexes entre les deux pays.
Retour d’expo – « L’Or des Ming » au musée Guimet
Du 18.09.2024 au 13.01.2025 – Durée de visite 45 min
À l’occasion de l’Année franco-chinoise du tourisme culturel et du 60e anniversaire des relations diplomatiques entre les deux pays, le musée Guimet célèbre la Chine à travers des installations et quatre expositions. Après T’ang Haywen. Un peintre chinois à Paris (1927-1991) et Au cœur de la couleur. Chefs-d’œuvre de la porcelaine monochrome chinoise (VIIIe-XVIIIe siècle), les visiteurs peuvent désormais découvrir l’exposition L’Or des Ming. Fastes et beautés de la Chine impériale (XIVe-XVIIe siècle), en collaboration avec le musée de Qujiang.
Cette petite exposition, située au deuxième étage, met en avant le niveau de luxe et de délicatesse inégalé de l’orfèvrerie sous la dynastie Ming (1368-1644). Elle commence par un rappel introductif sur cette dynastie avec une insistance sur son grand développement économique conduisant à l’essor d’une classe aisée qui s’offrit des pièces d’orfèvrerie, désormais plus exclusivement réservées à l’empereur. Continuer la lecture
Retour d’expo – « Luxe de poche » au musée Cognacq-Jay
Du 28.03 au 24.11.2024 – Gratuit pour étudiants en art – Durée de la visite 1h30
Le Musée Cognacq-Jay est situé à proximité du Marais, dans le centre de Paris. C’est un établissement dont les collections sont essentiellement composées de peintures, de mobilier et d’objets d’arts du XVIIIe siècle.
L’exposition « Luxe de poche » présente différents objets sophistiqués miniatures et a pour ambition de faire changer le regard sur ces objets, en ayant une approche plurielle. Le luxe de poche convoque donc des tabatières, des fioles, des nécessaires d’écriture de cachets secrets, des montres à goussets ou des bonbonnières… Tous les objets témoignent d’une époque et leur usage reflète des coutumes en société. Plusieurs salles se succèdent, elles présentent presque toutes les mêmes types d’objets. Cette façon de décliner des salles entières sur des objets si petits et luxueux montre combien ceux-ci étaient répandus.
Le chat dans l’art
Voyage symbolique entre ombre mystique et lumière numérique
Complexe est le chat. Tantôt attachant et exaspérant, tantôt serein et distrayant, mais parfois angoissant et mystérieux, cette petite boule de poils à la fourrure si douce incarne à la fois une figure familière et insaisissable qui ne cesse de fasciner les artistes de tous les âges, de toutes les époques et de tous les styles. En effet, les humains s’adonnent quotidiennement à la représentation graphique de leur environnement physique, mais également à celle de leurs croyances et de leurs mythes. Personnage du quotidien, le chat s’observe dans tous ces aspects de la vie de l’homme et les œuvres qui le figurent manifestent cette connexion entre l’homme et son environnement. L’intérêt pour le félin, traduit par ses nombreuses effigies, pourrait refléter les qualités que l’homme aspire à posséder.
Ainsi, le chat avec sa nature mystérieuse et énigmatique, sa robe élégante, son extrême indépendance, sa malveillance sporadique et son intelligence patiente peut en fasciner et en questionner un bon nombre. Il devient alors divinité, symbole mystique, voire diabolique ou encore simple compagnon domestique. Il inspire et se dresse comme un témoin silencieux de l’évolution des sensibilités artistiques. De l’Égypte antique à l’art contemporain, le chat, bien malgré lui, se charge en symboles. Quoi de mieux que cette saison automnale annuellement emplie de récits surnaturels pour explorer et interroger l’évolution des représentations de cette icône du mystère à travers les âges et les médiums de l’art. Continuer la lecture
La laideur dans l’art
De la beauté à la laideur : subjectivité et différences culturelles
Beauté et laideur. Voici deux termes vus comme contraires mais souvent associés l’un à l’autre à cause de leur antinomie. En effet, la laideur est le total inverse de la beauté pour l’opinion commune. Bien que l’on trouve beaucoup de définitions de la beauté dans la littérature et dans l’art, les idées esthétiques étant appréciées, on retrouve, à l’inverse, très peu d’essais ou de textes sur la laideur. Il n’y a pas d’histoire de la laideur. Pourtant, celle-ci est bien plus que le simple antonyme de la beauté.

Cimier Boki, premier tiers du XXe siècle, prov. Cross River (Nigéria), bois, H. 39 cm, vendu par la Galerie Eve Begalli
Les notions de beau et laid ne se retrouvent quasiment que dans les civilisations occidentales. En effet, on retrouve très peu de textes théoriques sur ce sujet dans les sociétés extra-occidentales. Malgré ça, une idée du plaisant et du répugnant existe chez chacun d’entre nous. Mais ces notions diffèrent selon les civilisations, les époques et leur contexte historique. Ainsi, la culture, le goût, l’éducation, ou encore les critères politiques et sociaux, rendent le beau et le laid subjectifs pour chaque personne. Les canons antiques ne sont pas les critères de beauté du XIXe siècle, ni ceux que nous connaissons aujourd’hui. La beauté en Europe n’est pas celle en Asie. Ainsi, une œuvre peut être considérée comme belle pour une civilisation, et ne pas plaire à une autre. Par exemple, pour un Occidental, un masque rituel africain peut être perçu comme effrayant, mais représenter pour les autochtones une divinité bienveillante. Continuer la lecture
Le combat de Cerbère contre Héraclès
RUBRIQUE « CRÉATURES ET MONSTRES DE L’ANTIQUITÉ GRECQUE, DES ORIGINES ET L’ÉVOLUTION DANS LES ARTS MODERNES »
La représentation des monstres dans l’art se fait dès l’Antiquité, notamment chez les Grecs. Les monstres renvoient aux imaginaires et aux croyances de l’époque. Souvent des figures hybrides, ils incarnent pour les Grecs anciens des forces chaotiques, des dangers issus de la nature. La mythologie grecque s’est nettement enrichie par la présence de ces monstres, comme Méduse, le Minotaure ou encore les Sirènes, symbolisant souvent des tensions entre l’humain et le divin, l’ordre et le désordre.
Dans l’art grec antique, les monstres sont représentés sur divers supports, comme les céramiques, les fresques, les sculptures et parfois même les bijoux. Ces images servaient à illustrer les récits mythologiques, comme les triomphes des héros sur les forces malveillantes. Ces figures monstrueuses n’avaient pas qu’une fonction purement narrative, elles incarnaient également des peurs collectives comme la maladie, la guerre…
Cependant, au fil des siècles, l’art grec reste une source d’inspiration pour les artistes et ces images de monstres, ainsi que leurs mythes, perdurent. Les représentations de ces mythes vont être réinterprétées puisque l’intérêt pour la mythologie grecque persiste grâce à la redécouverte de textes antiques et de fouilles archéologiques, nourrissant ainsi de nouvelles visions des monstres dans l’art. Par exemple, à la Renaissance, les monstres sont considérés comme des symboles des passions humaines.
Ainsi, dès l’Antiquité grecque, et jusqu’aux temps modernes, les monstres ont évolué dans l’imaginaire collectif et artistique, témoignant parfois des transformations des peurs et des croyances humaines. Leurs représentations varient en fonction des réinterprétations d’artistes de l’époque, tout en continuant d’incarner des symboles puissants, à la fois du mystère et du surnaturel. Nous verrons donc au cours de cette rubrique trois monstres de la mythologie grecque, en commençant ici par la figure de Cerbère, gardien de la porte des Enfers.