Ecologie et patrimoine sont-ils conciliables ? C’était un des enjeux soulevés par les aspersions de purée et de soupe, qui sont venues troubler fin 2022 le petit monde policé des musées. Mais si je vous dis que certains joyaux écologiques sont également d’intéressants témoignages patrimoniaux, subitement, le questionnement se retourne ! Faisons une petite étude de cas, à la découverte des… arbres-chapelles.
Une première étude de cas à Allouville-Bellefosse
Un arbre ne peut pas abriter, a priori, une architecture. C’est sans compter sur leur vieillissement, et sur l’inventivité de ceux qui les côtoient. Pour vivre, un arbre a besoin que la sève circule sous son écorce, mais pas nécessairement en son cœur. Il arrive donc que certains spécimens, cumulant plusieurs centaines d’années au compteur, s’évident spontanément en leur centre. C’est le cas, par exemple, du chêne planté sur la place de l’église d’un petit village normand : Allouville-Bellefosse ! Daté de l’époque de Charlemagne, ou de la signature du traité de Saint-Clair-sur-Epte (911), l’arbre se creuse tant et si bien qu’en 1696, l’abbé Détroit y fait aménager une chapelle dédiée à Notre-Dame de la Paix. Passé l’étroite fente, le visiteur se trouve dans une véritable pièce, aujourd’hui appareillée d’un petit autel et d’une statue de la Vierge, dont l’originale avait été offerte par l’impératrice Eugénie. La chapelle d’Allouville-Bellefosse serait-elle assez grande pour accueillir des crinolines ?