Top 8 des mèmes du Présent

Haaaaa nous revoilà pour un nouveau numéro, attaquons-nous à un gros gros morceau aujourd’hui. À savoir le présent. Bon… il y a beaucoup à faire franchement, je sais pas vous mais j’adore regarder des mèmes pour rigoler un peu. Ne perdons pas plus de temps, il nous faut décompresser. 

 

1- J’ai honte mais j’ai bien rigolé. Jamais nous n’aurions imaginé une telle chose : 

 

2- Il en faut parfois peu pour se sentir frais : 

 

3- Ha ! Ma patrie répond toujours présent : 

4- J’aime beaucoup ce genre de petite blague de la RATP : 

 

5- Éternels ennemis… que dire de plus hein ? : 

 

6- Alors celui-là c’est la preuve ultime que l’humour des edliens est… spécial. Un clin d’oeil à Ariane Thomas nommée récemment à la tête du Département des Antiquités Orientales du Louvre : 

 

7- Une triste vérité… 

 

8- Celui la il est présent à chaque top. On l’aime trop et puis l’hiver continue : 

Le Billet Neuchâtelois – Napoléon, sauveur de la Suisse ?

          Alors qu’en janvier vous découvriez sans doute les fabuleux destins de Neuchâtel, peut-être avez-vous été surpris de découvrir la figure du prince-maréchal Alexandre Berthier. Alors que nous fêtons cette année en France le bicentenaire de la mort de Napoléon, traversons la frontière suisse pour retracer les pas de notre grand général (heureusement, l’Histoire ne demande pas un test PCR négatif pour remonter le temps !) En effet, Bonaparte est loin d’avoir marqué seulement la France par son pouvoir et le reste de l’Europe par ses guerres. Venu plusieurs fois dans cette nation, il semble avoir une relation particulière et complexe avec les Suisses. Charles Borgeaud, historien, souligne dans son Histoire de l’Université de Genève ce « je t’aime, moi non plus » en ces termes : «Le soldat de la République, le général en chef de l’armée d’Italie, rend hommage à la patrie de Rousseau, le premier consul lui témoigne son estime et veut connaître ses savants, le consul à vie l’honore tout en y discernant un foyer «d’idéologie», l’empereur couronné par le pape la tolère, l’empereur malheureux la déteste.» Alors, histoire passionnée ou tumultueuse entre la France et la Suisse ? Ce qui est certain : les actions de Napoléon ont durablement marqué l’Histoire de l’Helvétie. Il suffit de se rendre au Musée national suisse, à Zurich, pour le découvrir.

Entrée du parcours XVIIIème siècle au Musée national suisse de Zurich – Photographie personnelle

Dans le parcours historique de la Suisse présenté au rez-de-chaussée du musée, la scénographie montre l’année 1789 comme une faille rougeoyante, à la fois brutale et fascinante. Rupture proleptique d’une aube ou d’un crépuscule ? La révolution française a en effet un écho retentissant qui dépasse nos propres frontières. Certains Suisses rêvent d’une République aussi idéale que celle qu’ils imaginent de l’autre côté des Alpes. Hors souci – et sans doute l’aurez-vous compris, chers lecteurs français lors des précédents billets neuchâtelois – la Suisse n’est pas une et indivisible. Elle a toujours été constituée d’une multitude de régions au caractère fort et souverain, que mêmes les successives occupations étrangères n’ont jamais réellement réussi à masquer. En 1789, chacun, dans son village est divisé. Certains souhaitent une fin de l’aristocratie et des baillages quand les autres demeurent fidèles à cette tradition. UNE Suisse ? Pourquoi ne pas garder ses différences régionales ? Et puis, les révolutionnaires n’avaient-ils pas massacré des Suisses de bonne famille aux Tuileries le 10 Août 1792 ? L’affaire n’est pas simple mais certains cantons comme le pays de Vaud, le Jura bernois et le Bas-Valais commencent quand même à croire au rêve républicain. De premières tensions apparaissent jusqu’à irrémédiablement s’intensifier.

 

Blason du canton de Vaud

Le Vaudois Frédéric-César de la Harpe et le Bâlois Pierre Ochs, fervents admirateurs des événements français essaient alors de convaincre le Directoire et le jeune général de les aider à concrétiser le projet. En 1798, le pays de Vaud se révolte pacifiquement contre la domination de Berne. Bonaparte saisit l’opportunité au vol : en aidant les Vaudois, il pourrait s’assurer un meilleur passage vers l’Italie. Il nomme alors le général Brune à la tête de l’Armée d’Helvétie. Fribourg est conquise mais non pillée. Vient le tour de Berne dont la prise des richesses permet de financer la future Campagne d’Égypte. La stabilité politique de la Suisse étant en péril, au nom de la « liberté », il est décidé de soumettre toute la Confédération des XIII cantons pour y rétablir l’ordre et la paix. C’est cette même liberté que les Vaudois choisissent d’ailleurs comme devise apposée sur leur nouveau blason.

 

François BOUCHOT, La bataille de Zurich le 25 septembre 1799, 1837, huile sur toile, 4m65 X 5m43 cm, Versaille, Musée national du Château de Versailles

Le 28 mars 1798, une assemblée nationale est convoquée. Une constitution, sur le modèle français, est rédigée : le Helvetisches Büchlein. Le 12 mars, Pierre Ochs monte au balcon de l’hôtel de ville d’Aarau et proclame la République helvétique, dont le statut est celui de « république sœur de la République française ». Les fondements de la Suisse moderne sont posés. Ses couleurs vert, rouge et or ornent désormais les cocardes des citoyens. Tous les cantons sont reconnus d’importance égale et en 1799, une monnaie valable pour la première fois sur tout le territoire est frappée : le franc. La République helvétique noue alors de liens forts avec la France. Quelques réfractaires s’allient pourtant avec les ennemis de la France, ne supportant pas l’autorité officieuse et masquée du Directoire. Conscient que la situation s’envenime alors que la Suisse est une position stratégique et une nation à fort potentiel, le premier consul n’hésite alors pas à la défendre. Cela donne notamment lieu à deux grandes batailles à Zurich, une première défaite face aux Autrichiens mais une grande victoire la seconde fois contre les Russes.

 

Monnaie unique, 4 francs, 1799, argent frappé, Zurich, Musée national Suisse - Photo personnelle

Monnaie unique, 4 francs, 1799, argent  frappé, Zurich, Musée national Suisse – Photo personnelle

          Plus divisés que jamais, la fracture entre Suisses pro-français (principalement Suisse romande et italienne) et Suisses anti-français (principalement Suisse alémanique) est véritablement entamée. Napoléon, guère dupe, comprend que le fédéralisme helvète est la seule solution pour apaiser la situation. Si la liberté est importante, elle n’est qu’illusoire et seule une égalité assurée entre des cantons souverains dans une même nation amie de la France permettrait à Bonaparte de garder les Suisses comme alliés. Alors que la totale guerre civile est presque entamée, Napoléon se propose en médiateur… neutre ! En rédigeant habilement l’Acte de Médiation, Bonaparte reconnaît la nécessité d’une intervention française mais uniquement pour réconcilier les Suisses qui devraient garder leur indépendance pour ne plus retomber dans des luttes intestines. Le 30 septembre 1802, il écrit ainsi depuis Saint-Cloud :

Caricature montrant Napoléon Bonaparte équilibrant sur une balance un aristocrate fédéraliste et un républicain unitaire, en arrière-plan Milan est à portée de vue du premier consul qui souhaite garder le Valais comme porte d’entrée vers l’Italie, 1803 – domaine public

 

« Habitants de l’Helvétie, vous offrez depuis deux ans un spectacle affligeant. Des factions opposées se sont successivement emparées du pouvoir ; elles ont signalé leur empire passager par un système de partialité qui accusait leur faiblesse et leur inhabileté.Dans le courant de l’an X, votre gouvernement a désiré que l’on retirât le petit nombre de troupes françaises qui étaient en Helvétie. Le gouvernement français a saisi volontiers cette occasion d’honorer votre indépendance. Mais, bientôt après, vos différents partis se sont agités avec une nouvelle fureur ; le sang suisse a coulé par des mains suisses.

 

Vous vous êtes disputés, trois ans, sans vous entendre. Si l’on vous abandonne plus longtemps à vous-mêmes, vous vous tuerez, trois ans, sans vous entendre davantage. Votre histoire prouve d’ailleurs que vos guerres intestines n’ont jamais pu se terminer que par l’intervention efficace de la France.

 

Il est vrai que j’avais pris le parti de ne me mêler en rien de vos affaires. J’avais vu constamment vos différents gouvernements me demander des conseils et ne pas les suivre, et quelquefois abuser de mon nom, selon leurs intérêts et leurs passions.

 

Mais je ne puis ni ne dois rester insensible au malheur auquel vous êtes en proie ; je reviens sur ma résolution ; je serai le médiateur de vos différents ; mais ma médiation sera efficace, telle qu’il convient aux grands peuples au nom desquels je parle.

 

Tous les citoyens qui, depuis trois ans, ont été landammans, sénateurs, et ont successivement occupés des places dans l’autorité centrale, pourront se rendre à Paris, pour faire connaître les moyens de ramener l’union et la tranquillité et de concilier tous les partis.

 

Habitants de l’Helvétie, revivez l’espérance ! ! !

 

Votre patrie est sur le bord du précipice ; elle en sera immédiatement tirée ; tous les hommes de bien seconderont ce généreux projet.

 

Mais si, ce que je ne puis penser, il était parmi vous un grand nombres d’individus qui eussent assez peu de vertu pour ne pas sacrifier leurs passions et leurs préjugés à l’amour de la patrie, peuples de l’Helvétie, vous seriez bien dégénérés de vos pères ! ! !

 

Il n’est aucun homme sensé qui ne voie que la médiation dont je me charge est pour l’Helvétie un bienfait de cette Providence qui, au milieu de tant de bouleversements et de chocs, a toujours veillé à l’existence et à l’indépendance de votre nation, et que cette médiation est le seul moyen qui vous reste pour sauver l’une et l’autre.

 

Car il est temps enfin que vous songiez que, si le patriotisme et l’union de vos ancêtres fondèrent la République, le mauvais esprit de vos factions, s’il continue, la perdra infailliblement ; et il serait pénible de penser qu’à une époque où plusieurs nouvelles républiques se sont élevées, le destin eût marqué la fin d’une des plus anciennes. »

 

        Le 10 décembre 1802, il convoque à Paris des représentants de tous les cantons pour expliquer son projet. Sa connaissance des institutions suisses et son adresse diplomatique, modérée et ferme, rassurent les délégués qui commentent son comportement, comme le citoyen député Rüttiman :

« La réception du premier consul a été pleine de bienveillance, la profondeur et l’abondance avec laquelle il nous a parlé des intérêts de l’Helvétie nous a montré combien il les avait étudiés. »

        Une Diète fédérale est décidée avec une assemblée se réunissant un mois chaque année pour diriger le gouvernement commun dans un élan démocratique où la voix d’un canton est égale à un autre. La paix revient enfin, la nation peut savourer sa tranquillité retrouvée. De cette période, le musée national suisse garde un autre magnifique témoignage. Pour le sacre de Napoléon comme empereur en 1804, le grand magistrat d’Appenzell, Jakob Zellweger part à Paris avec la délégation helvétique. À son retour dans sa ville de Trogen, il ramène dans ses bagages un magnifique sabre de parade de manufacture parisienne. La réconciliation semble pleine et entière !

Sabre de parade avec fourreau destiné aux officiers de haut rang, vers 1803, manufacture parisienne, laiton doré et lame de Klingenthal, Zurich, Musée national suisse – Photo personnelle

 

        Aujourd’hui encore le passage de Napoléon est enseigné aux jeunes Suisses comme un événement important. Pour preuve, voici la petite série animée Helveticus diffusée sur la chaîne de télévision RTS. Consacrée à la vulgarisation de l’Histoire Suisse pour les petits, un épisode est dédié à cette période.

 

          Autrement, Napoléon se rend également en personne en Suisse lors de visites diplomatiques ou en étapes lors de campagnes militaires. Il s’attarde particulièrement à Genève où il s’intéresse beaucoup à la population. L’arrêté Chaptal de 1801 permet même l’envoi de vrais chefs d’œuvre dans cette ville qui est sélectionnée parmi les quinze heureuses élues de province. C’est ainsi que La Mise au Tombeau de Véronèse y est envoyé en 1805 et est encore visible aujourd’hui au Musée d’Art et d’Histoire de la ville. Si vous souhaitez aller plus loin et voir comment les Genevois eux-mêmes ont perçu ces rencontres, je vous conseille vivement de lire cet article très intéressant.

          Simulacre d’affection ? Génie diplomatique ? Réel vent de solidarité patriotique ? Si aujourd’hui de part et d’autre de la frontière des Alpes chacun a son point de vue sur l’affaire, la réponse reste dans l’Histoire un fondement indiscutable de la Suisse moderne. En espérant que ce nouvel article aura attisé votre envie d’en savoir plus sur les épisodes méconnus de Bonaparte, je vous souhaite une bonne célébration du bicentennaire et vous dis à très bientôt pour un nouveau Billet Neuchâtelois* ! Grüetzi ! Tchô ! **

 

Laureen Gressé-Denois

 

* Même à l’étranger, on a tous quelque chose en nous de Monsieur Patrimoine !

** « Salut ! » respectivement en suisse allemand et en suisse romand

Les reprises et covers : le présent en chanson

La musique comme la mode n’est qu’un éternel recommencement. Une des meilleures manières pour le voir ce sont les reprises ou les covers, bref quand on reprend une chanson plus ancienne pour en faire quelque chose de plus actuel. « Comment actualiser une chanson ? » vous me direz! En réalité c’est tout simple : déjà il faut s’y connaître un peu en musique (ça aide), avoir un peu d’imagination et surtout essayer de faire de la chanson originelle sa propre chanson. Oui, tous ces conseils viennent d’une personne qui ne sait ni chanter, ni jouer d’un instrument donc si vous avez des réclamations adressez-vous à la direction, c’est-à-dire encore moi.

Pour commencer, on part en Bretagne ! Pourquoi ? Déjà parce que c’est la plus belle région de France (je ne discuterai pas sur ce point) mais aussi parce qu’elle possède une culture musicale très forte, tout comme sa culture culinaire il faut le dire. La musique bretonne de la fin du XXe siècle se sert beaucoup de chansons traditionnelles reprises qui deviennent alors des chansons populaires connues de tous. L’un des exemples les plus caractéristiques est « Son Ar Chistr » d’Alan Stivell :

Alors non, le titre ne veut pas dire « Fils de Dieu » mais bien « Chanson du cidre » en breton (on est très terre à terre). Cette chanson a été écrite par deux étudiants morbihannais dans les années 1920 mais elle n’est vraiment devenue populaire qu’après la reprise d’Alan Stivell (un peu notre Jean-Jacques Goldman local). Même si l’artiste reste plus proche d’une version traditionnelle, la chanson sortie en 1970 a réussi à s’imposer comme un classique en Bretagne où elle était déjà très connue. Comme beaucoup de chansons traditionnelles, elle a été reprise par de nombreux artistes avec des styles bien différents. Si vous êtes plus rock, je vous conseille la version de Gwennyn avec Tri Yann et Gilles Servat.

En parlant de styles bien différents, il est temps de parler de Manau. Catégorisés comme « rap celtique » par Wikipédia, ils ont eux-mêmes eu recours à la reprise. Vous l’apprendrez peut-être aujourd’hui, mieux vaut tard que jamais, mais « La Tribu de Dana » reprend directement un air de harpe très connue issu de « Tri Martolod » une chanson d’Alan Stivell (oui, encore lui, il est partout), elle-même étant une reprise d’une chanson traditionnelle bretonne (ça fait du beau monde). 

 

Manau a demandé à Alan Stivell l’utilisation de son air de harpe, propre à sa version de la chanson, mais ce cher Alan a refusé en voyant l’utilisation faite de son air (coup dur). Au final, un accord à l’amiable a été trouvé pour éviter le procès mais cette reprise a tout de même le mérite d’élargir le public de ce type de musique puisque « La Tribu de Dana » est restée à la première place des ventes en France pendant douze semaines. La musique bretonne n’a alors jamais été aussi actuelle qu’en l’an 1998, année de gloire (oui c’est la bande-son de mon année de naissance, un hasard ? je ne pense pas).

On pourrait parler des reprises de musiques traditionnelles bretonnes pendant des heures, mais quittons la Bretagne pour parler du groupe Indochine. Celui-ci a sorti la chanson « 3e sexe » en 1985 dont il a fait une reprise en 2020 en duo avec Christine and the Queens. Les paroles restent presque identiques entre les deux chansons mais la composition est radicalement différente.

 

Si la première version à coup de synthés et de coupes de cheveux très volumineuses est très clairement issue des années 1980, la seconde version est rendue plus grave et plus lente lui donnant un côté sensuel absent de la première version. Les paroles semblent alors entièrement différentes et donnent l’impression d’être encore plus d’actualité comme avec ce couplet à la fin de la chanson :

Des robes longues pour tous les garçons
Habillés comme ma fiancée
Pour les filles sans contrefaçons
Maquillées comme ma fiancée
Le grand choc pour les plus vicieux
C’est bientôt la chasse aux sorcières
Ambiguë jusqu’au fond des yeux
Le retour de Jupiter

On notera quand même la modification de certains « ma » en « mon » dans la chanson puisque que dans la version originelle le texte est « Maquillées comme mon fiancé ». Chacun peut porter son avis sur la question de ces modifications de la nouvelle version, incarnée par une voix féminine en plus d’une voix masculine, mais cette reprise nommée « 3SEX » permet tout de même de voir que ces questions, si choquantes dans les années 1980 sont toujours au cœur de nos sociétés et au cœur de certains combats pour plus de tolérance. Bref, on a du chemin à faire.

La reprise permet aussi aux artistes d’imprimer leur propre style sur une chanson. C’est là aussi que l’on peut reconnaître le talent d’un artiste qui arrive alors à transformer la chanson pour en faire un titre qu’il aurait pu lui-même écrire. Un exemple intéressant est « Heart of glass » de Blondie ; chanson iconique de la fin des années 1970, elle a de nombreuses fois été reprise notamment très récemment par Miley Cyrus et Yseult.

 

 

 

Si Miley Cyrus lui donne un aspect encore plus rock, Yseult lui donne un tour plus pop et plus doux. Les deux artistes parviennent ainsi à imprimer leur style personnel sur une chanson déjà mythique. La version de Miley Cyrus est plus rock car celle-ci cherche justement à donner un tour plus rock à sa musique. Reprendre la chanson de Blondie lui permet donc de s’imprimer dans une tradition de musique rock qui était assez éloignée de son style de base. Yseult, quant à elle, est presque une spécialiste de la reprise puisqu’elle a participé en 2013 à la Nouvelle Star dont elle a été finaliste. Elle réalise cette reprise en 2017 alors encore à la recherche de son style propre. Depuis elle a su trouver sa voix et rencontre un vif succès notamment avec son titre « Bad Boy » sorti en 2019 et accompagné d’un clip très poétique et puissant qu’elle a réalisé et qu’elle décrit comme ceci dans les commentaires sur Youtube : « j’voulais qu’ça transpire d’audace, de vulnérabilité, de passion, de sincérité et d’érotisme. J’voulais aller au-delà d’un clip, j’voulais qu’on filme des sensations, des sentiments vrais, du brut. J’voulais créer des références inédites ». La reprise est donc aussi un moyen pour l’artiste de se trouver dans un style nouveau pour lui ou dans un nouveau style qui permet de créer des précédents. P.S. : alors on a pas pu mettre le lien du clip de Bad Boy d’Yseult parce qu’apparemment vous êtes trop jeunes (voyez ça avec YouTube) mais je vous le recommande vivement !

Malheureusement, cet article doit trouver une fin mais si comme moi les reprises vous intéressent fortement, je vous conseille vivement l’émission « Live Lounge » de la BBC radio 1. Le principe de l’émission : inviter des artistes qui doivent chanter une de leurs chansons puis faire une reprise. Evidemment, plus la reprise est recherchée et différente de la version originale, plus ça devient passionnant. Je vous quitte avec  un petit florilège de mes reprises favorites du Live Lounge puisqu’elles sont toutes disponibles sur Youtube.

Tyfenn Le Roux

« Je vois la vie en rosé » ou des micronations comme états modernes

« Je vois la vie en rosé », telle est la devise de la Principauté d’Aigues-Mortes. Vous ne connaissez pas cette nation ? C’est tout à fait normal. Elle n’est reconnue par aucun état officiel, ni même par l’ONU : il s’agit d’une micronation.
 
Mais qu’est-ce qu’une micronation ? La définition est difficile à établir étant donné la diversité des expériences que ce terme englobe (en 2004, le Figaro considérait qu’il existait près de 400 micronations autour du monde). Robert Ben Madison, potentiel créateur du terme de « micronation » et fondateur du Royaume de Talossa dans sa chambre d’adolescent en 1979, les définit comme de « petites entités organisées comme États-nations non reconnus ». Cela passe en général par la création d’une « simulation plausible et cohérente d’un mécanisme gouvernemental » (république, monarchie, … d’après les termes de Lars Erik Bryld), une volonté sécessionniste ou de reconnaissance officielle, la revendication ou non de territoires, la création de symboles identitaires ou de monnaies, passeports…
 

Armoiries de la Principauté d’Aigues-Mortes

J’ai découvert la Principauté d’Aigues-Mortes par son héraldique (« Coupé d’azur et d’argent, au 2 à une croix de Camargue de sable » au passage), on ne se refait pas. Cette petite goutte d’armoiries me mena cependant à une ivresse de curiosité pour les micronations. Néanmoins, je ne pourrai venir à bout de ce vaste univers dans un petit article sans prétention écrit en vitesse entre deux TDO pour combler le manque d’article sur le site de notre cher Louvr’Boîte. Je vais donc ouvrir de nombreuses portes d’un intérêt fou, sans pour autant pouvoir m’aventurer bien loin dans le manoir de la cryptarchie (un synonyme de « micronation ») par manque de temps, de recherches ou de connaissances en économie, politique, sociologie, et caetera … À vous ensuite de suivre votre propre chemin, ou de nous demander plus d’articles sur le sujet si vous le souhaitez !
 
Revenons à nos micronations. La Principauté d’Aigues-Mortes a été fondée en 2011 par Jean-Pierre Pichon, devenu par le fait le prince Jean-Pierre IV d’Aigues-Mortes. C’est une association loi 1901, comme la plupart des micronations françaises. Son but est de promouvoir la cité d’Aigues-Mortes et les initiatives locales dans une ambiance humoristique. Cela passe par l’organisation de nombreux évènements comme le bal princier du godet d’or ou le concours de Miss Principauté, la fondation d’une radio-télévision et d’une presse nationale, la collecte de fonds pour la préservation du patrimoine aigues-mortais… En 2015, elle crée une monnaie complémentaire locale, le Flamant, dans le but de dynamiser le commerce et l’artisanat local ainsi que l’entraide entre citoyens. Indexée sur l’Euro et soumise à l’article 16 de la loi Economie sociale et solidaire de 2014, elle rejoint à ce titre la grosse soixantaine de monnaies complémentaires locales de France actuellement en circulation, et se base sur l’expérience de Wörgl menée en Autriche dans les années 30 (allez voir ça de vous même, le concept est génial). Dans les faits, les citoyens de la Principauté peuvent échanger cette devise dans les commerces de la ville acceptant cette monnaie contre des biens et des services. Le tout est chapeauté par la Bourse princière d’Aigues-Mortes, créée par la même occasion.
 
En 2016, la Principauté organise le premier sommet de l’Organisation de la Micro-Franconie et devient un de ses membres fondateurs avec l’Empire d’Angyalistan (France), le Grand-duché de Flandrensis (Belgique), la Principauté d’Hélianthis (France), la République de Saint-Castin (Québec) … En 2018, l’Organisation compte une douzaine de membres à travers le monde. Les micronations tendent en effet à se rencontrer et à se réunir dans des organisations internationales, comme la MicroCon, se réunissant tous les deux ans à partir de 2015 et fondée par la république de Molossia (Californie). Elle compte en 2019 une quarantaine de membres et permet aux représentants des micronations de se réunir et de réfléchir ensemble à des évènements internationaux, à leurs principes fondateurs …

Oriflamme de la République de Montmartre

En France, nous comptons une petite dizaine de micronations, et bien plus proches qu’on ne le pense de nous, étudiants parisiens ! La République de Montmartre par exemple qui organise de nombreuses actions philanthropiques en faveur de l’enfance déshéritée, mais qui a aussi fondé le square (disparu) de la Liberté (à l’angle de la rue des Saules et de la rue Saint-Vincent) où sont plantées des vignes … en 1933. Car oui, cette micronation est assez ancienne et a une histoire tout à fait intéressante pour nous, étudiants en histoire de l’art. En 1920, le dessinateur Joë Bridge imagine cette République avec d’autres artistes de ses amis comme Adolphe Willette, Jean-Louis Forain, Francisque Poulbot, Maurice Neumont, Louis Morin, Maurice Millière, Raoul Guérin ou Jules Depaquit. Ils posent finalement ses statuts en 1921, en parallèle de l’association de la Commune libre de Montmartre fondée par Depaquit, qui collabore à de nombreux projets. Son but : lutter contre le modernisme et l’urbanisation de la butte de Montmartre, restée très longtemps comme un petit village au sein de Paris. Ces actions politiques et philanthropiques se fondent néanmoins dans l’humour et la joie du vivre-ensemble, comme le montre la devise de la République : « Faire le bien dans la joie ». Une micronation créée par des artistes donc, contre une politique architecturale et les changements profonds de la société au cours du XXe siècle. Notons que cette République est encore très active sous le mandat de son président actuel, Alain Coquard, et que vous pouvez la rejoindre au titre de Député, Sénateur, Consul ou Ambassadeur pour entre 165 et 280 € (selon le titre souhaité) en étant parrainé par deux membres de la République (le Président et un Ministre vous serviront de parrain si vous n’y connaissez personne). Une intronisation officielle durant laquelle vous devrez prêter serment est alors organisée, vous permettant de recevoir les attributs de la République, dont la tenue officielle dessinée par Aristide Bruant et Henri de Toulouse-Lautrec : cape et chapeau noirs assortis d’une écharpe rouge (Attention : oeuvre à connaître pour les clichés de XXe siècle en Troisième Année) !

 
Voilà donc ma petite plongée sans bouteille dans le monde merveilleux des micronations. Mais une idée me vient … Pourquoi ne pas fonder la Commune du Louvr’Boîte tous ensemble, chers lecteurs ? C’est une idée folle en ce temps de confinement, mais les micronations virtuelles existent; Donc ma foi, si certains souhaitent me suivre, qu’ils se fassent connaître !
 
Raphaël Vaubourdolle