Expopotame : Tenue Correcte Exigée

tenue correcte exigée

Coucou les loulous ! Bienvenue dans Expopotame, l’article où on décide si oui ou non va voir une expo d’après son vernissage.

Aujourd’hui on parle de Tenue Correcte Exigée, la nouvelle expo des Arts Déco, réalisée par Denis Bruna, dans les bacs du 1er décembre 2016 au 23 avril 2017.

On regarde tout de suite quelques petits extraits de la bande annonce :

 

http://www.instagram.com/p/BNclIqIAFbC/

 

http://www.instagram.com/p/BNd-O2_BCCx/

 

http://www.instagram.com/p/BNd501PhKyr/

 

C’est parti pour les punti :

Déjà, – 5 parce qu’on avait dit qu’il y aurait Cristina et on l’a pas vue

+ 2 pour la police, ils ont fait l’effort de pas mettre du Comic Sans MS

– 7 pour le manque d’indications sur la direction, trop de gens à contre-courant, on se serait cru dans un changement à Châtelet

+ 4 pour la robe Thierry Mugler qu’on a prise pour une Alexander McQueen parce que pour une fois c’était pas si moche

+ 23 pour la vraie Alexander McQueen à côté

+ 3 pour les extraits du Diable s’habille en Prada :

« Je vois, vous vous prenez trop au sérieux pour vous soucier de ce que vous portez et vous mettez, disons, cet espèce de pull difforme, mais ce que vous ne savez pas c’est que ce pull n’est pas juste bleu, il n’est ni turquoise, c’est un pull que l’on appelle céruléen. »

– 3 pour ceux qui auraient dû s’habiller en Prada #onapaslesmêmesvaleurs

+ 7 pour le questionnaire à la fin où il fallait buzzer la réponse #DlaréponseD

– 2 pour les vieux qui répondaient faux et qui nous ont pas laissé jouer #cétaitnotreCO #beentheredonethat

+ 4 pour l’intitulé « de la Bible aux blogs », on a senti la patte de Denis

– 14 parce qu’il n’y avait pas assez de punk (mais +2 pour la photo de Kurt Cobain)

+ 6 pour la robe de Duflot #journaldegauchoboboécolo

– 3 pour la robe de mariage de Brigitte Bardot : c’était pas la vraie

Mais + 7 pour les bébés phoques

+ 8 pour les mamies qui étaient là et qui ont vécu la plupart des transformations du vêtement

– 4 parce qu’il n’y avait pas de vidéo du défilé de Rick Owens et qu’on n’a pas pu voir « le chibre du mannequin se balançant au gré de ses pas »

+ 69 pour Marlon Brando qui enlève sa chemise mais aussi son t-shirt

+ 3 parce que ça parle de Tabous

+ 8 parce que ça parle aussi d’Apparences #prochainesaisonmaybe #teasiiiiing

Donc ça nous fait un total de 784 points donc on ira voir l’expo Tenue Correcte Exigée tous les jours jusqu’à sa fermeture. Mais on choisira plutôt le jeudi ou vendredi matin quand il n’y a personne sauf les mamies. Et on se retrouve la prochaine fois qu’on a une invitation pour un nouvel épisode d’Expopotame.

Bisous les bobos.

Avec la collaboration d’Agnès Lucas et Maud Villiers

Interview de Muséonaute

Si vous ne la connaissez pas encore, courez devant votre ordinateur, connectez-vous sur la Toile, et regardez les vidéos de la chaine Muséonaute. Chloé et Guillaume sont deux étudiants de l’Ecole du Louvre récemment lancés dans la grande aventure Youtube. Ils ont accepté de répondre à nos questions, sans jamais se départir de leur humour et de leur bonne humeur.

Bonjour Muséonaute !
Guillaume : Bonjour !
Chloé : Bonjour !

Avant de commencer avec des questions un peu difficiles qui risquent de vous mettre dans l’embarras, pourriez vous-vous présenter, me dire qui vous êtes ?
C : Vas y Guillaume, commence.
G : Non non non vas y toi.
C : Honneur à toi.
G : Moi je sais pas me présenter [chloé rit].
C : Ça commence déjà très très bien !
G : Moi c’est Guillaume.
C : Bonjour Guillaume, bienvenue aux alcooliques anonymes.
G : J’ai arrêté de boire depuis 3 ans… depuis trois heures plutôt… Donc je suis en troisième année à l’Ecole du Louvre. Je suis en spécialité XIXe et XXe siècle, donc j’ai deux spécialités. Quoi d’autre dans la vie ? Je fais des vidéos sur Youtube. J’ai fait une année d’anglais, fac tranquillou, pour me mettre bien. Voilà à toi Chloé.
C : ALORS bah moi c’est Chloé je suis aussi en spécialité XIXe…
G : Enfin t’as fini.
C : Oui j’ai fini. J’étais en spécialité XIXe mais je suis toujours en troisième année parce que j’ai eu la chance et le bonheur extrêmes de redoubler. Je suis arrivée à l’école directement en sortant du bac parce que la licence d’anglais… c’est pour les nuls !
G : Grave mais totalement, j’assume !
C : Voilà, et je fais des vidéos sur l’internet.
G : L’internet mon-dial-euh.
C : C’est ça.

Maintenant que tout le monde se connait bien, parlons de la manière dont se déroulent vos émissions, Muséonaute. Tout d’abord, comment se passent vos enregistrements et quel matériel utilisez-vous ?
G : Au niveau du tournage on écrit déjà, c’est de longueur variable, ensuite on se fixe une date pour tourner, et ça dure quoi..?
C : Trois, quatre heures.
G : Oui, trois heures de tournage un truc comme ça… pour dix minutes de vidéo.
C : Après, pour le matériel on a un vieil appareil photo Lumix à moi qui est vieux et pas efficace…
G : … Qui fait le taf.
C : … Oui, il fait à peu près le taf.
G : On a aussi investi dans un micro ZOOM H2N et qui fait très bien son taf aussi
C : En fait, quand on a commencé on a regardé les vidéos de notre ami TomSka, un youtuber anglais qui parle de l’importance du son par rapport à l’image. Il fait une vidéo où il donne des conseils à ceux qui veulent se lancer sur Youtube et il explique que, quitte à investir dans quelque chose, il vaut mieux avoir un bon son qu’une bonne image. Du coup on tourne avec un appareil photo nul mais on a investi d’office dans l’enregistreur portable parce qu’on ne voulait pas que ce soit désagréable et horrible.
G : Du coup on tourne et on fait des prises, on fait des plans, on fait des prises, on refait des prises. [rires] Puis on commence le montage et c’est la joie.

De quelle vidéo parliez-vous tout à l’heure ?
C : La vidéo c’est How to Youtube, une sorte de tuto géant où il parle de plein d’aspects différents, visuels, la technique, la comm’, c’est un peu une mine d’infos. On avait aussi regardé la vidéo d’Antoine Daniel  : 20 conseils pour youtubers, qui s’inspire en partie de la vidéo de TomSka, et c’est un peu un complément. On avait pris des notes et essayé de réfléchir à partir de ça.
G : Après chaque youtuber a aussi sa vision de quels bons côtés il faut avoir dans ses vidéos. Donc on a aussi fait le tri. On insiste beaucoup sur certains aspects et d’autres beaucoup moins. C’est dur de tout faire aussi.

Continuer la lecture

Google Nose ou l’odeur de l’innovation

L’innovante multinationale Google lançait, il y a peu, « Google Nose », the application que tu dois avoir dans ton ail-faune sinon t’es pas swag. Le programme, existant aussi sous forme de site internet, s’annonce comme défiant les limites du technologiquement possible. Accéder à une banque d’odeurs d’environ 15 000 essences via nos appareils électroniques « connectés », toutes natures et origines confondues (végétale, animale, black-blanc-beur, minérale, synthétique) : telle est la promesse. Techniquement, tu demandes (gentiment !) à ton téléphone ou à ton ordinateur de te trouver une odeur, et si t’as de la chance – et que tu as mieux qu’une connexion SFR –, il te la trouve dans la banque de données et tu peux soit la sentir en rapprochant ton nez de l’écran, soit l’envoyer à un ami. BIM BAM BOUM, BIENVENUE AU XXIsiècle !

Continuer la lecture

Le gaz moutarde sent-il vraiment la moutarde ?

Si la Première Guerre mondiale a vu son lot de barbarie, l’utilisation des gaz de combat en fut sans doute l’une de ses formes la plus poussée et la plus travaillée. En effet, non contentes d’avoir développé tous les types possibles de pièces d’artillerie, armes à feu portatives et autres baïonnettes dentelées, les nations belligérantes se mirent très tôt en tête de se pencher sur les gaz toxiques à usage militaire.

Des scientifiques de tous pays s’attelèrent à la mise au point de gaz incapacitants et parfois mortels. Dès la fin de l’année 1915, le gaz moutarde (ou gaz ypérite) fait son arrivée sur les champs de bataille : au front comme à l’arrière, il se fait vite un nom par son utilisation fréquente et terriblement efficace.

Le gaz moutarde fait partie d’une classe de gaz extrêmement toxiques : les vésicants. Ces gaz traversent toutes les surfaces qu’ils touchent et provoquent des lésions souvent irréversibles, de manière différée. Les victimes d’attaques à l’ypérite présentent en effet de graves brûlures sur les zones les plus exposées au gaz : mains, visage, etc. Des brûlures moindres peuvent couvrir le reste du corps, le vésicant étant en mesure de traverser les vêtements fins. La peau est davantage exposée lorsqu’elle est humide, ce qui était évidemment le cas à cause de l’effort produit et du stress. Les gaz vésicants attaquent également les muqueuses et les yeux, provoquant des sortes de brûlures internes et la cécité de nombreux soldats. A haute dose, le gaz ypérite peut même s’avérer mortel : les épais nuages qui se dégagent après l’explosion pouvant causer l’asphyxie des soldats à proximité.

Pour se protéger des gaz, les armées des deux camps produisirent différentes protections à destination des soldats, dont le fameux masque à gaz (les chevaux et les chiens ont également eu droit aux leurs, si si). Résultat d’incessantes recherches et expérimentations tant laborieuses que coûteuses en vies humaines, ces masques de toile huilée puis de caoutchouc devinrent un des symboles de la guerre moderne. L’aspect uniformisé, presque robotique des troupes équipés de ces masques participe à la déshumanisation des soldats et de la guerre en elle-même.

Continuer la lecture

Grasse, capitale des parfums

Depuis le Moyen Âge, la ville de Grasse présente une intense activité de transformation de peaux en divers articles de cuirs de grande qualité. Les gants occupent alors une place très importante et placent Grasse dans les réseaux les plus influents du commerce de luxe. À la fin du Moyen Âge, le traitement du cuir nécessite des aménagements particuliers. En effet, le traitement des peaux suppose à cette époque l’utilisation d’excréments et d’urines animaux et humains. La production de cuir entraîne un regroupement des tanneurs dans des quartiers spécifiques le long de cours d’eau. Malodorantes car polluées, ces zones et leurs occupants sont marginalisés par le reste des habitants. Les produits finis quant à eux gardent les odeurs désagréables de leur traitement chimique.

À la Renaissance, les contacts intensifiés entre les royaumes chrétiens et musulmans entraînent des évolutions considérables. Si les connaissances antiques sont retrouvées notamment par l’intermédiaire des scientifiques et des copistes du monde arabe, les techniques mises au point en orient voyagent par les mêmes canaux. C’est ainsi qu’un certain Galimard (à ne pas confondre avec les éditions Gallimard) applique la technique du parfumage par trempage aux cuirs destinés au luxe. A cette époque, les parfums en vogue sont relativement peu nombreux. Ces derniers sont principalement constitués de senteurs de fleurs parmi lesquelles la rose se distingue nettement. La technique de parfumage du cuir connaît alors un succès immense à la Cour de France. Le métier de gantier se double ainsi de celui de parfumeur et les dames de la haute société se pressent chez eux. Le phénomène, qui se développe tout au long du XVIIe siècle, est d’autant plus important que les médecins rattachent à cette époque la propagation des maladies aux mauvaises odeurs. Sentir bon est alors un gage de raffinement, mais aussi considéré comme un moyen d’éviter de tomber malade. Le destin de l’eau de Cologne, encore souvent rattachée à la toilette et à la propreté de nos jours, commence ainsi en 1706 avec son invention par le parfumeur italien Jean Marie Farina dans la ville éponyme. Les bains sont rares, même dans la haute société où la toilette sèche reste courante et le bain une activité de délassement détachée de l’hygiène journalière. Les parfums servent alors à masquer les mauvaises odeurs qui peuvent subsister à l’issue de la toilette.

Au XVIIIe siècle, c’est à Grasse que naît le peintre très reconnu Jean Honoré Fragonard… dans une famille de gantiers-parfumeurs. Son nom restera rattaché à une célèbre maison de parfum fondée plus tard et dont le nom lui est un hommage. L’intrigue du livre Das Parfum, die Geschichte eines Mörders de Patrick Süskind (1985) prend place à cette époque. Son adaptation, Le Parfum, par Tom Tykwer (2006) est un excellent moyen de se plonger dans l’univers très particulier de l’industrie, du commerce du parfum et des parfumeurs du XVIIIe siècle (Ben Whishaw, Dustin Hoffman et le sublime Alan Rickman). La région de Grasse présente alors une industrie florale intense, les paysages de fleurs odorantes que nous connaissons toujours se répandent à perte de vue tandis que la ville acquiert sa réputation de capitale européenne du parfum.

Au XIXe siècle, l’établissement des élites bourgeoises et le triomphe de l’industrie profiteront considérablement à Grasse, lui apportant à la fois progrès technique et afflux de clientèle. La mise à la mode de la Côte d’Azur dans la seconde moitié du siècle participe à ce dynamisme avec la venue de personnalités qui ont marqué l’époque : l’Impératrice Eugénie, l’Impératrice Victoria et l’Impératrice Élisabeth d’Autriche (alias Sissi), si chères à Stéphane Bern, en sont des exemples.

C’est ainsi qu’au début du XXe siècle la renommée de Grasse dépasse amplement le continent européen, notamment grâce à l’arrivée croissante de célébrités américaines. C’est de cette époque que datent les maisons de parfum les plus anciennes encore en activité en France. La maison Fragonard évoquée précédemment est ainsi fondée en 1926. Elle possède toujours en activité à Grasse une usine ainsi qu’un passionnant musée de la parfumerie. C’est également à Grasse que Coco Chanel passe la commande à Ernest Beaux d’un nouveau parfum. Celui-ci lui aurait alors proposé 24 senteurs différentes. Elle retiendra le N°5 de la première série qui deviendra le parfum le plus célèbre au monde, popularisé plus tard par Marilyn Monroe, Catherine Deneuve, Nicole Kidman, Brad Pitt ou Audrey Tautou.

Grasse reste de nos jours la capitale mondiale du parfum. Elle a contribué à forger l’identité régionale grassoise en sculptant ses paysages fleuris tout en participant à la réputation mondiale du luxe à la française. À ce titre elle constitue un haut lieu du patrimoine national.

grasse-capitale-des-parfums

Illustration : Lorenzo Oliva

Effluves du temps fini

Varanasi est une ville hors du commun. Vitalisée par le Gange, un des fleuves les plus mythiques au monde, ses berges sont organisées en terrasses, où se déroule un large panel d’activités du quotidien : de la baignade au lavoir, en passant par les jeux de balles, le tout dans une parfaite cohabitation. Les ruelles escarpées qui desservent le reste de la cité offraient à mon imagination d’adolescente de quatorze ans toutes les images nécessaires pour assouvir ma « soif d’authentique », la vache sacrée en liberté étant ma source principale de divertissement. Si l’envie de découvrir était indéniable, je ne m’attendais pas à vivre un choc littéralement sensationnel sur les berges de ce fleuve presque mystique.

Continuer la lecture

Mais quelle odeur avait Paris au XVIIIe siècle ?

On se le demande bien ! L’idée générale a toujours été de dire que Paris n’a jamais été autant polluée qu’aujourd’hui. Mais passons ces idées reçues bien trop simples pour atteindre les intellectuels que nous sommes. Il est bien évident que le XVIIIe siècle n’était pas une époque où il faisait bon vivre à Paris. La lecture du très précieux Tableau de Paris par Louis-Sébastien Mercier, publié en 1781, ou du moins de son chapitre intitulé « L’air vicié », et celui sur « Les latrines publiques », nous apporte un grand nombre d’informations. En effet cet ouvrage, au caractère documentaire essentiel pour les historiens du XVIIIe siècle nous décrit avec maints détails la ville de Paris. On apprend ainsi que l’air de la ville de Paris était extrêmement pollué, étouffant et rempli de relents d’excréments. Même en sortant de la ville, les odeurs de « gadoue et immondices » couvraient la campagne jusqu’à « une demie-lieue de la Capitale ». Les églises étaient également touchées, on peut donc lire que les fidèles évitaient ces bâtiments car « l’odeur cadavéreuse se fait sentir dans presque toutes les églises » et les arrêtés, décrets ou autres tentatives n’y faisaient rien, les morts étaient enterrés dans la ville et l’odeur y restait. Nombreux étaient donc les problèmes de notre chère cité. Mais l’un d’entre eux primait sur les autres, vous avez bien compris, on parle de celui des emmerdants quoique  nécessaires excréments. Les latrines publiques étaient très rares, on pourrait plutôt dire que la ville toute entière faisait office de latrines publiques. Les Tuileries par exemple (que l’on connaît plutôt bien), étaient un lieu particulièrement bien agencé, où (attention ancien français à venir) « Tous les chieurs se rangeoient sous une haie d’ifs, & là ils soulageoient leurs besoins. » et donc « les terrasses des Tuileries étoient inabordables par l’infection qui s’en exhaloit. ».

Continuer la lecture

Le Salon d’automne, 113 ans d’histoire et quatre points clés

Dans quelques jours s’ouvre l’édition 2016 du Salon d’automne, sur les Champs-Élysées. L’occasion de découvrir un des trois salons historiques toujours en activité, à l’esthétique contemporaine assumée. En voici quatre points clés :

• 1903, quand tout a commencé

En 1903, c’est un peu « l’avant-garde avant les avant-gardes » qui se réunit pour créer le Salon d’automne. Frantz Jourdain et Hector Guimard (architectes), George Desvallières, Édouard Vuillard et Félix Vallotton (peintres) et Eugène Carrière (sculpteur) donnent le ton : ce salon sera celui de la « fraternité des arts ». La suite de l’histoire, tout le monde se doit de la connaître… (spoiler : Matisse, Derain et leurs compères font scandale dans la salle 7 à cause de leurs peintures disposées autour de sculptures néo-florentines, menant à une « orgie de couleurs » dans « la cage aux fauves »)

Pour un résumé plus complet de l’histoire du Salon, nous vous invitons à lire un article publié par Valentine Chartrin dans notre numéro Criminalité(s) (septembre 2015).

• démocratiser l’accès à l’art le plus contemporain

La promotion de l’art contemporain, ou « l’art du maintenant, tout de suite » est évidemment LA raison d’être du Salon d’automne. Dès ses débuts en 1903, le choix de l’automne — c’est-à-dire une exposition courant novembre — est l’occasion pour les peintres de présenter les productions les plus  actuelles réalisées durant l’été. Depuis, près de 800 artistes sont présentés chaque année, dans des styles qui s’étendent dans des médiums aussi différents que la peinture (figurative ou abstraite), la photographie, la sculpture ou « l’art digital » qui exploite les possibilités offertes par les outils numériques. En plus, l’accès au salon est gratuit.

• un couloir sans discorde

Grand Palais, porte C. Ici se trouvent les bureaux du Salon d’automne… tout comme ceux du Salon des artistes français et du Salon des artistes indépendants. Pour quelqu’un venant de l’École du Louvre (ou ayant un intérêt prononcé pour les débauches et querelles des salons historiques en compétition à la fin du XIXsiècle), la situation prête à sourire. En fait, le calme règne lorsque vous traversez le couloir filant droit vers le bureau automnal. Mieux : venez-y faire un stage, et vous aurez le privilège de déjeuner en compagnie des différents employés des salons, tous très sympathiques…

Astuce « s’il n’en restait qu’une, je serai celle-là » : Le bureau du Salon d’automne possède un modeste (enfin, en occultant le fait que nous soyons inside zeu Grand Palais) mais magnifique balcon donnant sur le Jardin de la Nouvelle-France. Si c’est pas beau.

• un esprit familial

Depuis sa création, le Salon d’automne est géré par des artistes sociétaires qui en assurent le jury, la promotion et la publication d’un catalogue. Ce travail bénévole est complété par un bureau où deux employés s’occupent des inscriptions, du catalogue, du fonctionnement administratif du salon… (et c’est ainsi qu’il y a des possibilités de stage à la clé !)

Finalement, le Salon d’automne est une association où tout le monde se connaît si bien qu’il est impossible de ne pas s’y sentir un peu chez soi. Échanger avec des artistes venus déposer quelque dossier — devrait-on plutôt dire partager quelques mots — est une expérience de stagiaire si intéressante qu’on en oublierait presque pourquoi les conversations se dirigent, au gré des rencontres, entre danses traditionnelles du Cambodge et psychanalyse freudienne…


Salon d’automne 2016salon-automne-2016-affiche
du 13 au 16 octobre sur les Champs-Élysées

Musée urbain en vitrine

 

 

 

 

Je vais pas vous parler de musée… Enfin, presque. Disons que, étant à la fois étudiante en  histoire  de  l’art  et  usagère  de  la  ligne  75  des  bus  parisiens,  je  n’ai  pas  pu  éviter  de remarquer les nouvelles boutiques de prêt-à-porter masculin de luxe ouvertes rue des Archives. Ces  magasins  sont  comme  la plupart des  magasins de  luxe, dans un  style géométrique  et rutilant, avec force miroirs « pour faire dialoguer les espaces ». Dans la vitrine de la marque Fendi, mes yeux se sont arrêtés sur une paire de chaussures qui semblait flotter dans l’air. Au deuxième coup d’œil, je m’aperçois que les chaussures sont en fait maintenues à l’aide d’un « T » de métal fin. Et dans mon jargon quotidien, celui des musées, on appelle ça un socle. Pourquoi mettre une paire de chaussures sur un socle, et non pas simplement sur sa boîte à chaussures comme chez Éram ou bien dans des casiers le long d’un mur comme chez H&M ? C’est ce que je m’en vais vous expliquer.

 

Complicité 

         Premièrement n’oublions pas que c’est le marché de l’art qui alimente le musée en objets. L’institution repose donc aussi sur les flux d’œuvres disponibles à la vente et on ne peut nier le rôle prescripteur du marché dans les redécouvertes d’artistes qui seront les heureux élus mis en avant dans les expositions.

         Les liens entre musées et lieux de commerce ne sont pas si surprenants. Le musée est un lieu d’exhibition du pouvoir : la possession des objets et le luxe de ceux-ci, qu’il vienne de leurs  matières  précieuses  ou  de  leur  provenance  lointaine  montre  la  puissance  du collectionneur privé ou public. En visitant le musée du Louvre, le visiteur est submergé par le nombre des aires géographiques représentées dans les collections qui lui jette au visage la puissance militaire, économique et coloniale que la France a pu avoir ; et ce que la boutique de luxe vend, c’est aussi un objet qui pourra être un signe de pouvoir (d’achat, ici). On pourrait dire que  le  musée  et  la  boutique  sont  tous  deux  partie  prenante  d’une  même  recherche  : l’appropriation de l’objet. La boutique le met en vente, c’est une appropriation par la possession. Le musée, lui, propose quelque chose de plus symbolique, sur le mode du « voir, c’est avoir », le regard remplace le porte-monnaie : l’institution muséale permet l’appropriation par la mise en visibilité d’objets qui bien souvent seraient cachés sans lui.  Les  objets  archéologiques  en  sont  exemplaires,  puisqu’avant  d’être  dans  le  musée,  ils étaient enfouis dans le sol.

 

Ressemblance

         Mais  pourquoi  le  scénographe  de  la  boutique  Fendi  utilise-t-il  des  dispositifs  de présentation récurrents dans les musées ?

musée urbain vitrine fendi

Il me semble que l’effet recherché est celui de la métaphore. Mettre une paire de chaussures sur un socle, c’est convoquer dans la mémoire du potentiel acheteur (si tant est qu’il ait déjà mis les pieds dans un musée) tous les objets qu’il a pu voir sur des socles, et il est fort possible que ces objets aient été de précieux artefacts qui aient suscité en lui de l’admiration. Si un objet sur un socle est un objet qui mérite la légitime valeur que le musée lui confère, le produit exposé de la même façon dans la boutique doit la mériter aussi.

L’effet de la mise sur socle sur l’objet est le même dans les deux contextes : la visibilité de l’objet est augmentée et avec elle la surface de désir ; mais aussi l’objet est décontextualisé, c’est-à-dire qu’il est déplacé de son lieu de naissance et d’usage, montré pour lui-même sans qu’aucun indice de son utilisation ne puisse être perçu. Et c’est là que diffèrent les intentions du musée  et  de  la  boutique.  Dans  le  cadre  du  commerce  du  luxe,  la  décontextualisation  est recherchée car elle rend hors du commun l’objet, lui donne son statut de luxe (en tant que chose non nécessaire) et par là justifie le prix qui lui est donné. La chaussure citée plus haut n’est pas juste une chaussure : sur son socle, c’est un objet admirable pour lui-même comme une œuvre d’art dans un musée d’art moderne et contemporain, celui dont le sol est un parquet de bois clair et les murs d’un blanc immaculé et où la présence de texte ne vient pas perturber la vision des chefs-d’œuvre. Les  musées  (de  sciences  et  anthropologie  surtout,  et  d’art  ancien  un  peu)  ont  au contraire un but pédagogique, c’est pourquoi ils se lancent dans une course impossible : ils recherchent désespérément à recréer, à faire sentir au visiteur le contexte de l’objet, son usage, pourtant perdu aux portes de la vénérable institution. Il y a donc une tension au sein de ces musées concernant la présentation des objets, entre visibilité et contextualisation.

         Les modes de présentation des objets sont donc signifiants, celui qui regarde perçoit consciemment ou non le « message » envoyé par de tels dispositifs. Ces techniques, bien que développées en grande partie dans le cadre des musées ont une utilisation en dehors des murs de ces derniers parfois à des fins qui diffèrent de celles pour lesquelles elles ont été créées. Il n’est donc pas nécessaire d’être dans un musée (et de payer cher le droit d’entrée !) pour être confronté aux méthodes de ce dernier. Peut-être est-ce une déformation de la réalité due à mon habitus, mais croyez-moi et tremblez : l’ombre du musée plane partout sur la ville !

Quel film pour quelle matière ?

Puisqu’en septembre, il n’y a pas (encore) beaucoup de cours, voici une liste non-exhaustive de quelques films très sérieux pour préparer votre année ; préparez vos mirettes, vous allez en prendre plein les yeux.

1ère année

films spécialités ecole du louvre bloc 1

Bloc 1

• Archéologie égyptienne : Mission Cléôpatre
« pas de palais, pas de palais »
• Art de l’Inde : Mohenjo Daro
Les films historico-romantiques aux costumes merveilleux : on ADOREUH.
• Archéologie nationale de la préhistoire à l’époque mérovingienne : RRRrrr !!!
« Il va faire tout noir »
• Archéologie orientale : Prince of Persia
Les jeux vidéos sont mieux, mais bon c’est une liste de films alors…


films spécialités ecole du louvre bloc 2

Bloc 2

• Archéologie grecque : L’attaque de la Moussaka Géante
Parce que la moussaka ressemble un peu aux cheveux de L. Laugier.
• Archéologie romaine : Gladiateur
Parce que ça va te manquer les mecs qui se battent à poil dans la poussière. Malheureusement l’équipe de rugby de l’EDL joue habillée…
• Archéologie étrusque : Crime au Cimetière Etrusque
Parce que de toute façon toutes les tombes étrusques sont un peu un crime.
• Archéologie chrétienne : Le Prince d’Egypte
OK ça se passe en Egypte, et OK se sont des hébreux, mais il n’y avait rien d’autre, et puis c’est une scène vétérotestamentaire…
• Arts de la Chine (et du Japon) : Mulan
Pour Mushu, et les Zenmu Shou.

2ème année

films spécialités ecole du louvre moyen age renaissance

Bloc 1

• Art du Moyen Âge : Merlin l’enchanteur
Parce que c’est un peu le Dumbledore de l’époque…
• Art de la Renaissance : Les Borgia
Sexe, alcool et religion, les trois crédo de l’EDL… Non j’déconne, on n’a pas le temps.


films spécialités ecole du louvre inde islam

Bloc 2

• Arts de l’Inde : Indiana Jones et le Temple Maudit
On regrette tous l’absence de spé Indiana Jones…
• Arts de l’Islam : Aladdin
« Je vais t’offrir un monde aux 1001 merveilles » … Pléiades.com


films spécialités ecole du louvre japon precolombien byzance

Bloc 3

• Arts précolombiens : Kuzco
Malheureusement on n’apprend pas la recette des gougères aux épinards en cours…
• Arts de la Chine et du Japon : Princesse Mononoké
Parce qu’un chargé de TD un peu trop canon nous l’a conseillé.
• Art de Byzance : Théodora, Impératrice de Byzance
« Si elle avait eu plus de trous elle aurait su comment les combler… »

3ème année

films spécialités ecole du louvre 17 18

Bloc 1

• Art des Temps modernes (XVIIe) : Cyrano de Bergerac
L’une des rédactrice nie toute ressemblance entre son nez et celui du protagoniste principal.
• Art des Temps modernes (XVIIIe) : Marie-Antoinette
Sofia Coppola Fever.


films spécialités ecole du louvre 19 20

Bloc 2

• Art du XIXsiècle : Abraham Lincoln, Chasseur de Vampire
Parce qu’en plus d’interdire la vente d’esclave, il a failli nous éviter Twilight.
• Art du XXsiècle : Le Chien Andalou
C’est Dalì, ça se passe de commentaires.


films spécialités ecole du louvre ATP

Bloc 3

• Art populaire français : Germinal
Le seul moment où on étudie les pauvres à l’EDL.
• Arts d’Afrique : Kirikou
Il n’est pas grand, mais il est vaillant.
• Arts d’Océanie : Lilo et Stitch
C’est en Amérique, mais bon quitte à être paumé dans l’océan avec des fleurs…

Autres

films spécialités ecole du louvre

• Iconographie : Hercule
Parce que des petites figures noires qui chantent, c’est quand même plus marrant que le vrai cours…
• Travaux Dirigés devant les Oeuvres : La Nuit au Musée
Pour toutes les nocturnes que tu vas passer au Louvre.
• Histoire des Collections : Belphégor
Toujours moins chiant que le vrai cours…
• Techniques de création :
Les rédactrices se refusent à traiter le sujet.

Yvine Briolay & Elise Poirey, sur une idée originale d’Alexia le Bris.