Carte d’identité :
- Nom de l’œuvre : Salière de Cellini,
- Artiste : Benvenuto Cellini
- Date d’exécution : entre 1539 et 1543
- Matériau : or, ébène et ivoire
- Dimensions : 26,3 x 21,5 cm
- Commanditaire : François Ier
- Localisation : Musée d’Histoire de l’art de Vienne
Sur une base d’ébène de forme ovale ornée d’un décor en émail, qui repose sur quatre petites boules d’ivoire permettant de faire rouler la salière sur la table, deux sculptures en or massif se font face. D’une part, la Terre, figurée par Cybèle entièrement nue, trône sur un animal allégorique et appuie sa main gauche sur son sein. D’autre part, Neptune, dieu de la mer, est porté par des chevaux à la crinière d’or et il tient un trident auprès d’une barque, conçue pour recevoir le sel. Quant au socle, il contient des figurles émaillées qui symbolisent les quatre saisons et les quatre moments de la journée (l’aurore, le jour, le crépuscule et la nuit).
L’œuvre est chargée de symboliques en lien avec la nature omniprésente du style maniériste : la montagne et les plaines à travers la courbe des jambes de Cybèle ; le lieu de naissance du sel entre la terre et la mer, avec l’entrecroisement des jambes des deux protagonistes.
Benvenuto Cellini (1500, Florence – 1571, Florence), était un orfèvre, sculpteur, fondeur, dessinateur et écrivain de la Renaissance. Élève de l’orfèvre Michelangelo Brandini, puis de Marconi, il est exilé quelques années plus tard, suite à diverses altercations. Il voyage alors entre différentes villes italiennes (Bologne, Pise…), avant de s’arrêter à Rome entre 1522 et 1540, tout en retournant plusieurs fois à Florence, pour régler ses problèmes avec la justice. Il est complètement libéré de toute charge, suite à l’implication du cardinal Hippolyte II d’Este de Ferrare, qui intercède auprès du pape Paul III. Il se rend l’année suivante (1540), à la cour de François Ier, qui souhaite le prendre à son service. Il lui passe plusieurs commandes, dont la Salière et la Nymphe de Fontainebleau. Il rentre ensuite à Florence en 1545, où il réalise son très spectaculaire Persée et écrit plusieurs textes dont des traités et ses mémoires. Son œuvre s’inscrit principalement dans le style maniériste, qu’il a pu étudier lors de ses séjours romains et qu’il exporte en France lors de sa venue.
La salière était un ornement destiné aux plus grandes tables européennes pour contenir le plus précieux des condiments : le sel. À cette époque, le sel était vital pour la conservation d’aliments tels que la viande, le poisson ou les légumes. Son prix a cependant décollé sous François Ier, suite à une augmentation de la taxe.
Réalisée dans un premier temps, pour le roi de France, François Ier, la salière Cellini fut ensuite offerte à l’archiduc Ferdinand de Tyrol, par le roi de France Charles IX, en remerciement pour un service rendu. L’œuvre entre alors dans les collections des Habsbourg, où elle est dans un premier temps conservée au château d’Ambras, puis elle est transférée au Kunsthistorisches Museum de Vienne au XIXe siècle.
L’œuvre est particulièrement célèbre pour avoir été volée, dans la nuit du 10 au 11 mai 2003, avant d’être retrouvée en bon état, près de Zwettl, à environ 90 km de Vienne, au début de l’année 2006.
Source : Hervé Grandsart, « La salière de Benvenuto Cellini », Revue de la Société française de promotion artistique, no 639, 2006.
Trattati dell’ Oreficeria e della Scultura di Benvenuto Cellini, publiés par M. Carlo Milanesi, Florence, 1857
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