Retour sur la mission Opera a Palazzo – Ecole du Louvre Junior Conseil

La Junior-Entreprise de l’École du Louvre ou École du Louvre Junior Conseil de son petit nom, vous propose tout au long de l’année, l’opportunité de mettre en pratique les enseignements théoriques de  l’école à travers des missions variées et rémunérées. Pour éveiller votre curiosité – ou peut-être même  susciter l’envie de postuler – nous vous proposons un retour sur la mission Opera a Palazzo, qui s’est  déroulée de septembre 2024 à juin 2025. 

Mais avant de commencer par vous parler de la mission en elle-même, parlons déjà d’Opera a Palazzo.  Qu’est-ce que c’est ? 

Fondée en 2021, Opera a Palazzo invite chaque spectateur à vivre, le temps d’une soirée, une expérience  lyrique immersive dans des lieux d’exception. Inspirée du concept nommé « Musica a Palazzo », des  soirées d’opéras organisée au cœur des palais vénitiens, la compagnie fait revivre la magie des soirées  mondaines du XIXème siècle. Ces représentations prennent place dans de prestigieux édifices tels que  la Fondation Dosne-Thiers, la Fondation Simone ou encore la Monnaie de Paris. Depuis sa création,  Opera a Palazzo a accueilli plus de 5 000 spectateurs lors de plus de 100 représentations, publiques ou privées. En juillet 2025, elle a inauguré le premier Festival Lyrique de Paris au Musée Jacquemart André.

L’ambition de la compagnie est de mettre en scène les grands opéras de Verdi, tels que La  Traviata et Rigoletto, au sein de ce somptueux hôtel particulier. À la fermeture du musée, les salons  s’animent et se transforment en véritable théâtre vivant, où prend vie, l’histoire d’amour intemporelle  entre Violetta et Alfredo. Alliant émotion, tragédie et beauté lyrique, cette expérience musicale permet  de découvrir l’opéra au plus près des artistes, dans un cadre intimiste et raffiné, pour un moment  suspendu hors du temps. 

Dans le but d’unir et de faire dialoguer le spectacle vivant et l’histoire de l’art, Opera a Palazzo a fait  appel à l’École du Louvre Junior Conseil afin d’offrir aux spectateurs comme aux intervenant·e·s,  expérience enrichissante grâce à des médiations menées par les étudiant·e·s de l’école. Cette initiative  visait notamment à valoriser les collections permanentes du musée Jacquemart-André. 

Comment se déroule une mission à l’École du Louvre Junior Conseil ? 

Pour entrer un peu plus dans les détails, la mission s’est déroulée en suivant plusieurs grandes étapes :  tout d’abord, deux élèves de l’École du Louvre ont été sélectionnées pour leurs compétences à la suite  de la publication de l’offre de mission sur nos réseaux sociaux et d’un entretien avec la cheffe de projet  responsable de la mission. Elles ont ensuite bénéficié d’une formation spécifique aux techniques de  médiation orale au sein d’un musée, afin d’adopter un discours vivant, accessible et adapté à tous les  publics, tout en saisissant les enjeux et les attentes de la mission. Afin d’approfondir leurs connaissances,  les intervenantes ont eu accès à une documentation fournie par le musée, ainsi qu’à une trame de  médiation en français et en anglais, leur permettant de s’adresser à un public international. En amont  des représentations, plusieurs réunions préparatoires et visites sur site ont été organisées dans les salons  de réception afin qu’elles puissent s’exercer en conditions réelles. En effet, devenir intervenant·e sur  l’une des missions d’École du Louvre Junior Conseil, c’est bénéficier d’un accompagnement  personnalisé de la part de ses membres, garantissant le bon déroulement et la qualité de chaque projet. 

Ainsi, plusieurs soirées par mois, les intervenantes ont pris part à la préparation et à la mise en œuvre logistique de l’événement. Elles ont notamment participé à la mise en place des salles et en contribuant à l’installation de la scène et des loges des artistes. À l’arrivée des spectateurs, elles assuraient l’accueil et l’accompagnement du public à l’intérieur du musée, en présentant le déroulé de la soirée et en proposant une médiation postée, parfois théâtralisée, autour de l’histoire du lieu et de ses illustres  propriétaires, Nélie et Édouard André Jacquemart. Vêtues d’une robe noire ou d’un costume de soirée, elles participaient également à l’immersion des spectateurs dans l’atmosphère élégante du XIXème siècle. 

Lors du premier entracte, chacune d’elles guidait un groupe d’environ quarante personnes à travers  les salons de réception et appartements privés du couple de collectionneurs, mettant en valeur  la richesse des collections permanentes du musée comme sa bibliothèque, boudoir, bureau, et autres  pièces emblématiques. Elles ont également pu répondre aux questions du public, en français et en  anglais. Elles ont aussi pris part au service du second entracte, en proposant des rafraîchissements aux  spectateurs, puis à sa désinstallation à la fin de la représentation. 

Dans un second temps, les deux intervenantes ont rédigé conjointement un rapport d’activité de  médiation d’une dizaine de pages. Ce document comprend une introduction qui présente les objectifs et  le contexte de la mission, un retour d’expérience détaillé mettant en lumière les points forts et les axes  d’amélioration de la mission, ainsi qu’une réflexion sur le thème, le public et la formation reçue, avant  de conclure sur la pertinence de cette collaboration. 

Un cadre magique au cœur de l’histoire 

Un autre aspect à soulever et non pas des moindres, réside dans le lieu même où elle se déroulait.  Travailler au musée Jacquemart-André, après sa fermeture aux visiteurs, est une chance rare et unique.  L’alliance entre les chefs-d’œuvre de l’histoire de l’art réunis par le couple Jacquemart-André, et ceux  du répertoire de Verdi offre une expérience tout à fait exceptionnelle. Les intervenantes ont pleinement  profité de la beauté de ces lieux.  

Le musée Jacquemart-André occupe l’ancien hôtel particulier d’Édouard André et de Nélie Jacquemart,  un couple de grands collectionneurs du XIXème siècle. Édouard André (1833-1894), riche héritier d’une  famille de banquiers, commence très jeune une importante collection d’œuvres d’art, allant de la peinture  à l’orfèvrerie. En 1872, il fait réaliser son portrait par la peintre Nélie Jacquemart (1841-1912), issue  d’un milieu modeste mais déjà reconnue pour son talent. Leur rencontre scelle une passion commune  pour l’art : ils se marient en 1881 et voyagent à travers l’Europe pour enrichir leur collection. Entre 1869  et 1875, Édouard fait construire, par l’architecte Henri Parent, un somptueux hôtel particulier sur le  boulevard Haussmann, symbole du Paris haussmannien et de l’élégance du Second Empire. Après la  mort de son mari, Nélie consacre ses vingt dernières années à transformer leur demeure en musée. En  1912, elle lègue l’ensemble du bâtiment et ses collections à l’Institut de France, afin de rendre leur  passion accessible au public. Le musée Jacquemart-André est inauguré en 1913 par le président  Raymond Poincaré. Aujourd’hui, géré par Culturespaces, le musée accueille de grandes expositions  internationales et des événements culturels immersifs, perpétuant l’esprit artistique et raffiné du couple. 

L’expérience immersive proposée par Opera a Palazzo restituait avec justesse l’atmosphère artistique  et musicale qui devait probablement régner à l’époque où les Jacquemart-André animaient leur hôtel  particulier. 

Le témoignage de l’intervenante  

Enfin, puisqu’un témoignage vaut plus que mille mots, voici quelques extraits du rapport d’activité rédigé par l’une de nos deux intervenantes :  

« D’un point de vue personnel, cette mission m’a passionnée et je me suis toujours rendue aux  représentations avec plaisir. La diversité des tâches qui m’étaient confiées et l’exceptionnalité du lieu  ont rendu cette expérience riche et captivante. Mon intérêt a été soutenu par sa cohérence avec mes  études à l’École du Louvre. Transmettre mes connaissances sur l’histoire de l’art des XVIIe, XVIIIe et  XIXe siècles acquises en cours m’a permis de concrétiser ma passion et de conforter mes aspirations  professionnelles. Si j’avais déjà eu la chance de mener des médiations dans des monuments historiques,  cette mission a été ma première expérience professionnelle. Sa réussite et le bon souvenir que j’en garde  confirme mon désir de travailler dans le secteur muséal et dans la conservation du patrimoine. J’ai  particulièrement apprécié interagir avec le public, adapter mon discours aux questions et réactions, variants toujours d’une soirée à l’autre. Cette mission m’a permis de développer mes compétences  relationnelles, ma capacité d’adaptabilité et mon aisance orale devant un large public. » 

Si cette mission a retenu votre attention, bonne nouvelle ! Elle est renouvelée cette année et se poursuivra  jusqu’en juillet 2026. Restez attentif·ve à la publication de l’offre et n’hésitez pas à postuler ! Après  tout, qui ne rêverait pas de remonter le temps pour goûter au faste et au raffinement du XIXème siècle ?  

Nous espérons que ce retour vous aura donné envie de vous lancer à votre tour ou d’en apprendre  davantage sur la Junior Entreprise de l’École du Louvre. Pour rappel, nous proposons des missions  rétribuées ouvertes à tous·tes les élèves de l’École du Louvre, dans des domaines diverses et variés tels  que la médiation, l’étude de publics, la muséographie ou encore la valorisation du patrimoine. 

Aucune expérience préalable n’est nécessaire car vous serez formé·e et accompagné·e tout au long de  la mission par nos membres engagé·e·s. Enfin, pour rester informé·e de nos actualités et découvrir nos  nouvelles offres de mission, suivez-nous sur Facebook, LinkedIn et nos deux comptes Instagram :  @edl_juniorconseil et @edljc_offredemission. 

La toilette de Vénus et Le sommeil de Vénus 

François Boucher (1703-1770) 

1738, huile sur toile ovale, 96 x 143 cm 

Ces deux tableaux ovales illustrent l’un des thèmes favoris du peintre : la représentation de Vénus,  dépeinte à travers deux visions qui s’opposent : d’un côté, la Vénus séductrice et enchanteresse, de  l’autre, la Vénus domestique. Chacune des deux déesses offre une interprétation différente de l’Amour. Destinés à l’origine à être des dessus de porte, ces panneaux décoratifs permettent à l’artiste d’explorer  le nu féminin, guidant le regard du spectateur à travers un subtil jeu de courbes et contre-courbes, parfaitement adaptées au format du cadre. Dans Le Sommeil, la déesse endormie est protégée par  l’Amour, tandis que dans La Toilette, son regard se porte vers un paon pendant que Cupidon tente de  détacher ses rubans. Ces tableaux témoignent de la décoration raffinée des demeures parisiennes de la  haute société et confirment le peintre comme un maître incontesté de son temps. Premier peintre du roi  Louis XV et protégé de Madame de Pompadour, qu’il a portraiturée à plusieurs reprises, Boucher  incarne l’esthétique française du début du XVIIIème siècle, caractérisée par des sujets légers, des couleurs  douces et pastel.

Le cabinet de travail ou Bureau 

Édouard André puis Nélie Jacquemart, organisaient dans cette pièce leur vie quotidienne et recevaient leurs  relations d’affaires. Son décor est intime et raffiné, composé des objets et œuvres que les maîtres des lieux affectionnaient. Passionné par le XVIIIème siècle, Édouard André avait accroché aux murs une remarquable série de toiles signées par de grands maîtres français : Fragonard, Lagrénée, Coypel, Pater ou encore Greuze. Le plafond, quant à lui, est orné d’une fresque de Tiepolo provenant d’un palais vénitien. Le mobilier est tout aussi prestigieux : fauteuils estampillés Chevenat recouverts de tapisseries d’Aubusson, un secrétaire en laque du Japon  orné de bronzes, une commode Louis XV signée Joseph Baumhauer, ou encore un bureau Louis XV  estampillé par Jacques Dubois, ébéniste favori du roi. Le portrait de Nélie semble affirmer sa présence  sur cet espace. Plusieurs meubles ornés de motifs de paysages pittoresques et de petits personnages  inspirés de la Chine, soit des chinoiseries, témoignent des influences orientales très en vogue à l’époque et de la fascination européenne pour l’Orient.

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