S04EP01 – Une famille pour Noël – 1999
Mise en bouche
Quoi de plus normal que de prendre le train Tours-Austerlitz pour Noël ? Notre Joséphine est sur le point d’entamer une nouvelle mission. Les premières scènes donnent le ton : cet épisode « vieux de la vieille » (notez : il est bien de 1999 et mérite par conséquent son statut d’authentique) démarre sur les chapeaux de roue et surtout par la filature d’une famille précédemment rencontrée sur un quai de la gare. Ce premier émerveillement est à mettre en parallèle avec une passion personnelle pour Sophie Calle : Josy y frôle l’underground et se pare de mystère. Qui est le véritable client de l’ange ? Voici le pitch fourni par notre cher Wikipédia : « Joséphine vient en aide à Sandrine, une adolescente qui vient passer noël avec son petit frère Julien chez son père Martin. Seulement, Martin vit avec un homme. » Seulement, voilà, le taxi driver se révèle être homophobe et manque de renverser Thierry, le compagnon de Martin, au moment de l’arrivée de Joséphine. À elle de remarquer que « si je lui ai sauvé la vie à lui c’est qu’il doit être important dans l’histoire », ce qui fait absolument passer cet épisode du statut d’authentique certain à celui d’authentique méta.
Tout Joséphine, ange gardien se doit de suivre le même schéma ; il est temps pour l’héroïne de trouver une justification à sa présence (entendons : un « travail »). Un livre de parfaite barmaid lui est expédié sur les bords de Seine « Americano, Khéops, Taj Mahal, Blue Moon, San Francisco… » sans oublier le mythique « Diabolo Diabolique » à base de chouchenn. Mais on apprendra plus tard que tout cela ne remplacerait pas le « Christine Queen » (cocktail bleu curaçao-gingembre), véritable killer prêt à faire basculer une chronique de G-inger Point bien sentie.
Et l’on se retrouve à Saint-Étienne-du-Mont, non pas pour son jubé mais pour suivre Sandrine, en pleine prière. Une sorte d’intro à la Here’s to you passe en boucle, ce qui colle bien au thème « prière et cierges fondus »… Mais Joséphine chipe la flamme symbole de cette prière et le dit clairement devant la statue de Saint-Étienne : ils ne peuvent pas être deux sur le même coup. « joyeux noël mon ‘toinou ».
Revenons à notre Christine and the Queens. Joséphine a bien potassé son entretien d’embauche. Il faut dire que Thierry gère un bar à piano, un piano-bar. « j’ai un copain qui transforme l’eau en vin, je vais essayer de transformer l’eau du robinet en cocktail » l’épreuve est réussie mais l’attaque frontale : « je dors où ? ».
Qui dort où ?
En fait, la question centrale de cet épisode est de savoir qui dort où. La fille, Sandrine, rétorque que Joséphine « n’a qu’à aller dans ma chambre, comme ça je vais dans la chambre de Julien, et Thierry peut rester dans la chambre d’amis » et Thierry d’ajouter à Martin « dès que tu as parlé à ton fils, je réintègre ma place dans notre chambre et Joséphine pourra prendre la chambre d’amis ». En fait, il faudrait que Martin parle à son fils Julien de sa relation avec Thierry, car le gosse n’était pas au courant de cette relation depuis la rupture de Martin avec sa mère, Christine. Sandrine, quant à elle, n’est jamais contente. C’est un peu compliqué. Heureusement, qui dit travailler dans un bar, dit champagne. « les bulles ça me fait le même effet que les plumes : ça rend tellement léger qu’on a l’impression de s’envoler » c’est plutôt bien vu pour un ange.
Rien d’intéressant jusqu’à la 35e minute. Retour sur les quais, Josy doute. « c’est pas facile d’être un ange, je ne sais plus ce que je dois faire » un SDF déguisé en Père-Noël lui donne un conseil : « faut pas écouter les autres, fais-le comme tu le sens ma grande ». Une fois n’est pas coutume, c’est à lui de disparaitre… laissant la grande Joséphine seule face à sa maison de doutes « parle à mon cul ma tête est malade ». Mais qui est malade ?
Qui dit festivités de Noël, dit potentielle crèche. « Le vrai il avait un de ces regards, on aurait dit qu’il savait tout… et alors il avait des yeux noirs, comme ses cheveux, noirs ». Julien ne perd pas le nord : « mais non Joséphine, qu’est-ce tu racontes, le petit Jésus tu vois bien, il est blond aux yeux bleus »… Mais ça, l’ange n’y croit pas ! « alors ça reste un mystère pour moi je sais pas pourquoi on en a fait un suédois, […] enfin, c’est ridicule, il est né en Palestine et ses parents étaient juifs ».
T’es pas mon père ?
Mais qui de Joseph ou de Dieu est le véritable père de Jésus ? La question questionne les personnages, questionnant même la lecture du soir entre Julien et son père. « c’est curieux que les gens ne sont pas content de ce qu’ils sont, on est pourtant ce que l’on est, qu’est-ce qu’on peut y faire ? » Endormi et tiraillé par LA question, le fiston enchaîne « tu sais moi je pense que le vrai père, c’est Dieu, même si c’est pas lui qui l’a élevé ». C’est vrai ça, qui est le vrai père de Julien ? Et sa mère Christine peut-elle s’inviter au réveillon sans dire bonjour ?
Le drame éclate. En surface entre Thierry et une Christine prédatrice fraichement débarquée, et en profondeur à la 50e minute. Le fond jazzy de l’épisode (souvenez-vous, le piano-bar !) est mis en sourdine. On apprend peu à peu la séropositivité de Thierry. Pause. Le thème reprend, et pour la première fois Josy laisse échapper une larme, puis plusieurs « mais à quoi ça me sert de claquer des doigts si c’est juste pour faire apparaitre des choses, autant travailler dans un cirque ».
Happy ending
L’histoire avance à grand recours de proverbes guatémaltèques et tibétains. Christine abandonne la partie, Sandrine retrouve le sourire en voyant que Thierry et Martin, c’est du sérieux. De toutes façons, Julien avait déjà compris. Et qui dormira où ? Thierry et Martin dans leur chambre, Christine dans la chambre d’amis ; Sandrine ira dans sa chambre avec son nouveau boy et Julien dans la sienne. (il est également possible d’imaginer une fin bis où Christine laisserait la chambre d’amis aux véritables amis du couple, pour récupérer le canapé, ce qui serait de bonne guerre). Mais elle est où, Joséphine ?
Elle retourne voir le Père Noël sur les quais. « alors, ces problèmes, c’est réglé ? » L’ange parait apaisé. « vous aviez raison, il faut écouter personne et faire comme on le sent » On ne peut qu’approuver. « et vous en avez encore beaucoup des trucs comme ça dans votre sac ? » Hein, dis, Josy ? « encore plein d’autres ».