Cinq cabinets de curiosité à visiter !

Vous êtes fascinés par les papillons, cornes de narval, limules et autres bizarreries ? Par les musées aussi, j’imagine ? Une fois n’est pas coutume, pour ce numéro Science, la rédaction se plonge dans le patrimoine scientifique, technique et naturel (#INPmylove). C’est parti pour un petit top des cabinets de curiosités les plus intéressants à visiter ! 

 

1)    Le plus ancien : le cabinet Bonnier de la Mosson

Ce nom titille votre oreille ? C’est normal. C’est la preuve que vous avez bien suivi vos cours d’histoire des collections, dont le premier évoquait brièvement cet incroyable cabinet (#Mardrusintheair). En 1726, le baron Joseph Bonnier de la Mosson fait aménager dans son hôtel parisien neuf grands cabinets en enfilade. Embryon de tatou, poissons volants, cires anatomiques et athanors se succèdent, et sont admirés par des visiteurs de toute l’Europe. Gersaint en fait même un catalogue ! Le baron décède en 1745, mais Buffon a la lumineuse idée d’acheter cinq des armoires-cabinets pour le Jardin du Roi. Elles sont aujourd’hui présentées dans la bibliothèque du Muséum d’Histoire Naturelle, garnies de divers animaux naturalisés. Allez jeter un œil à ce cabinet témoin du siècle des Lumières !  

 

Un petit before/after du cabinet, avec une vue actuelle d’une des armoires versus une représentation par Jacques de Lajoüe en 1734 (Blessington, Irlande). Crédit : Wikimedia Commons

2)    Le plus caché : le musée d’Histoire de la Médecine

Voici un autre nom qui vous parle peut-être. Ce petit musée, rattaché à l’Université Paris-Cité, n’est en effet pas très éloigné de l’École. Sous un éclairage zénithal (toujours #Mardrusintheair), vous découvrirez une impressionnante collection, qui s’est constituée dès le XVIIIe siècle sous l’égide du doyen Lafaye. Le musée vous fera découvrir les kits à trépanation, les premiers stéthoscopes du docteur Laënnec, les écorchés d’anatomie… et même des instruments ayant servi à opérer Louis XIV. Mention spéciale pour une table offerte à Napoléon III par un médecin italien, formée entre autres de cervelles, foies et poumons, et ornée d’un pied humain pétrifié. Mais si, mais si. Courez découvrir ce très riche musée, si vous ne le connaissez pas encore !

 

Petite vue des vitrines, composées chacunes telles des cabinets érudits, dans cet incroyable bâtiment. Crédit : Emile Barret via Wikimedia Commons.

 

3)    Le plus éclectique : le cabinet du musée de Picardie (Amiens)

Si l’exposition Muséosciences s’est achevée le 6 novembre au musée de Picardie, le patrimoine naturel a bien sa place dans les collections permanentes de l’établissement. Lors de sa récente rénovation, le musée a réfléchi au devenir de son importante collection d’histoire naturelle. Solution trouvée : créer un grand cabinet de curiosités moderne, pour y exposer des animaux naturalisés, coquillages ou fossiles. Et Amiens a bel et bien une tradition historique des cabinets : d’autres objets exposés dans ce meuble sont issus de la collection de curiosités de l’ancienne abbaye Saint-Jean des Prémontrés. Si vous voulez ouvrir des tiroirs, dire bonjour à un tatou empaillé, et passer des émaux vénitiens aux céramiques post-palisséennes, rendez-vous à Amiens !

 

Au hasard du cabinet, un tatou empaillé !

 

4)    Le plus poétique : le musée des Papillons (Saint-Quentin)

Saint-Quentin est un important foyer art déco, et son musée abrite une riche collection du pastelliste de La Tour (les spé dessin, petite pub en cadeau). Mais Saint-Quentin, c’est aussi un autre musée, dédié aux papillons. Natif de la ville, Jules Passet lui lègue en 1912 ses dizaines de milliers d’insectes : le musée expose aujourd’hui environ 11 000 papillons venus des quatre continents ! Pour le plaisir des yeux, les animaux sont présentés pour certains dans leurs meubles d’origine, d’élégants cabinets en bois sombre à multiples tiroirs tout à fait instagrammables… D’autres spécimens sont présentés entre deux vitres de plexiglas, ce qui permet de les admirer de face et de dos. De quoi se perdre dans les ailes d’un beau monarque bleu !

 

 

 

5)    Le plus high-tech : la Chambre des Visiteurs à Rouen

Et si les visiteurs créaient leur propre cabinet de curiosités ? Depuis 2016, c’est le pari des musées de Rouen, à travers l’opération “La Chambre des Visiteurs”. Chaque année, il est possible pour le public de choisir une quinzaine d’objets tirées des réserves, qui seront réunis pendant plusieurs mois pour une éphémère exposition, très proche d’un cabinet de curiosités. Depuis le 15 octobre, les votes sont ouverts pour meubler le cabinet 2023, autour du thème « A table ! ». A la rédaction, on a un petit faible pour le plat d’Iznik, la bolée de cidre de Flaubert, et le squelette de langoustine… Mon cœur de spé arts décoratifs vous recommande aussi l’assiette trompe-l’œil ornée d’œufs en faïence ! Pour voter, c’est par ici : https://lachambredesvisiteurs.com

 

Marie Vuillemin

mariesarahvuillemin

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